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EAN : 9782757803783
473 pages
Points (02/03/2007)
3.68/5   25 notes
Résumé :
Insolite face-à-face que celui-ci : d'un côté, Georges-Marc Benamou, journaliste et écrivain volontiers irrévérencieux, dernier confident de François Mitterrand ; de l'autre, Michel Rocard, grand homme politique, socialiste de cœur et de tête, qui accuse Mitterrand non seulement d'avoir assassiné la " deuxième gauche " mais aussi d'avoir perverti la gauche tout entière.

Face-à-face surprenant et d'une grande richesse. Car à des questions qui ne le mé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le roi quoi.
La classe absolue autant dans la construction des idées que dans la verve.
C'est savoureux. Brillant. Bourré de références audacieuses.
Je me demande dans quelle mesure Rocard aurait eu un autre destin si Mitterand ne l'avais pas à ce point diminué. C'est une question que nous sommes beaucoup à nous poser. la réponse que semble nous donner Rocard dans ce livre c'est qu'il a fait selon la bonne marche du pays et que son sort personnel ne comptait pas. La classe .
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Lors de ce rendez-vous allemand, nous avons discuté d’un autre problème qui, aujourd’hui, peut paraître curieux : que feraient les Allemands en cas de « coup dur » consécutif à une victoire de la gauche ? Il faut se rappeler les circonstances... Cela aurait été une énorme affaire, en 1974, que la gauche arrive au pouvoir — pour la première fois depuis 1956 —, et avec les communistes. Des rumeurs nous parvenaient selon lesquelles l’état-major de l’armée française était nerveux, notamment un corps connu pour être enragé, celui des ingénieurs de l’armement, d’où venaient les hommes qui avaient tenté d’assassiner de Gaulle au Petit-Clamart. Et donc j’ai été conduit à poser la question de savoir si, dans l’hypothèse où il y aurait des difficultés en fin de campagne ou au moment des résultats, par exemple une difficulté physique d’accès aux médias, le gouvernement allemand, qui avait l’avantage d’être aussi le gouvernement de la Sarre, lieu d’où émettait l’antenne d’Europe 1, donnerait son accord à ce que le candidat en difficulté démocratique puisse, depuis la Sarre, tenir l’opinion française informée. La réponse était un peu compliquée. « Il faudrait voir, mais une réponse négative serait étonnante. »
G-M BENAMOU : En 1974, on s’attendait vraiment à un coup de force militaire ?
MICHEL ROCARD : On n’excluait pas qu’il puisse y avoir des problèmes. Plus sérieusement qu’en 1981, où les conditions étaient différentes. En 1974, nous sortions du gaullisme pur et dur ! Des opérations comme celle-là font apparaître que, moi qui viens du PSU et ai combattu Mitterrand depuis toujours, je me trouvais alors avec lui dans une situation de confiance absolue. J’apportais la paix sur le front de l’ancien mouvement de Mai 68. Ma présence faisait taire certaines réticences CFDT. Et j’apportais du neuf à la gauche, un phénomène radicalement nouveau dans la politique française : l’arrivée de catholiques en grand nombre dans le militantisme de gauche.
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GEORGES-MARC BENAMOU : Mais qu’est-ce qui fait qu’en France Aristide Briand, Mendès ou Rocard ne sont pas ceux qui gardent le pouvoir ?

MICHEL ROCARD : C’est la nature humaine. Cela n’a rien de spécifique à la France. Ce qu’il y a de spécifique à la France, c’est l’histoire malheureuse du Parti socialiste. Ce qu’il y a de non spécifique, de parfaitement mondial, c’est l’existence de ces 5 % des professionnels de la politique qui exercent le pouvoir pour le goût des choses faites et, au fond, dans l’indifférence des autres...

GEORGES-MARC BENAMOU : Indifférence des autres ?

MICHEL ROCARD : Je ne veux pas dire indifférence privée... Les autres, ce sont les 95 % pour qui la jouissance du pouvoir est du domaine de la relation humaine : jouissance de gratifier, jouissance de retirer, jouissance d’humilier, surtout. La jouissance d’humilier, c’est le plaisir des politiques, comme des forces de l’ordre ou des petits Blancs dans les pays sous-développés. Si celui qui en a le goût bénéficie, en plus, d’un bout d’autorité élective, il est dix fois pire que le fonctionnaire obtus qui a besoin de vous empoisonner la vie pour se sentir exister. C’est la version animale du pouvoir, dont certaines images sont étonnantes. Regardez, par exemple, une salle de congrès. Parfois, les gens se masturbent à travers le micro. Ils masturbent le micro, si j’ose dire..
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Mon expérience sur le long terme, c’est qu’au fond il y a deux approches du politique. ll y a l’approche par le goût des choses faites, par le plaisir de résoudre les problèmes. Aristide Briand est probablement l’exemple le plus fort de ce type d’homme politique. L’ autre approche, celle de Clemenceau et de Mitterrand, est fondée sur le goût du pouvoir. Briand n’a pas laissé de Mémoires. Il ne sculptait pas son image, il s’en moquait. Briand ne s’intéressait qu’aux décisions à venir.
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GEORGES-MARC BENAMOU : Le 10 mai 1981... Quelle est votre réaction, le soir de l’élection de François Mitterrand ?
MICHEL ROCARD : Pour parler franchement, j’avais le mot de Bracke-Desrousseaux en tête : « Enfin, les difficultés commencent ! » Tandis que je roulais de Conflans-Sainte-Honorine vers Paris, Michèle et moi, nous nous disions : « On est partis pour la gloire, mais je ne sais pas comment on va arriver à destination. » Je craignais que tout cela ne finisse comme le Front populaire, dans le drame financier, la honte et la crise. J’avais conscience d’avoir raison dans la bagarre menée contre ce programme économique dangereux. Oui, je l’avoue, au soir du 10 mai 1981, j’avais peur, j’étais inquiet. Cette inquiétude était fondée sur le fait que moins de 1 % du personnel directeur du PS avait une idée claire de ce qu’était une balance des paiements. Leur inculture économique me terrifiait.
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La télévision a besoin de détruire la sphère politique parce qu’elle croit qu’elle est le vrai pouvoir, disait-il. Par conséquent, ils sont toujours en train de vous casser l’image, soit en orientant mal les éclairages, soit en mettant en valeur une erreur vestimentaire, soit — c’est toujours Mitterrand qui parle — en prenant votre mauvais profil ; personne n’est symétrique, on a toujours un profil meilleur que l’autre, sachez-le et présentez toujours le meilleur, ne vous laissez pas conduire par les metteurs en scène, ils feront toujours le contraire de ce qu’il faut. Des choses comme ça...
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