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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Librairie Caractères – Issy-les-Moulineaux – le 8 -12 septembre 2021

Immense coup de coeur… Inclassable !!

Au souvenir très enthousiaste de “Climats de France », lu en 2017… je me suis précipitée sur le dernier texte de Marie Richeux, texte aux thématiques très différentes, avec, toujours, un très beau style, élégant , empreint de poésie et de fluidité !

La narratrice, se trouve avec sa toute petite fille, Suzanne qui comme tous les petits enfants l'assaillent de questions, dont celle , récurrente, de connaître les « mamans » de tous les êtres vivants qu'elles rencontrent…le déclic de la narratrice pour se pencher sur « les Mamans » antérieures, de sa généalogie ! Ainsi, elle prend conscience que sa lignée fut une lignée de « filles-mères », de Mères –Courage, où les Hommes ont été les grands absents- manquants !

Je me sens bien perplexe de rendre compte de ce roman singulier, qui explose dans moult directions :

- L'auteure-narratrice et son vécu de la maternité, avec sa petite fille de 3 ans, Suzanne. Maternité qui l'éblouit, l'émerveille autant qu'elle la remplit d'angoisse- Vie et mort s'entremêlant sans cesse.

- -La subite conscience de la narratrice vis-à-vis de ses aïeules, ayant assumé seules leurs(s) maternité(s) avec ou non la reconnaissance des Pères. Une lignée de filles-mères qui va enclencher une curiosité et des recherches dans les archives hospitalières. Des descriptions savoureuses de notre « chercheuse » dans ces fameuses archives.
Cette recherche généalogique individuelle va finalement s'élargir et concerner toute cette population féminine rejetée des « filles-mères » dans ce 19e où les jeunes femmes de condition « humble » n'ont pas la vie facile si elles n'ont pas de « mari » !!

- Entre les histoires individuelles, collectives, et la mentalité rigide d'une époque, il y a les « travaux d'aiguille » qui ont permis à toutes ces femmes de subsister tant bien que mal !!

Ce titre m'a évoqué d'emblée une double signification : ces sages- femmes , qui accouchaient d'autres femmes, accompagnant les naissances et dans un même temps, toute cette communauté de jeunes femmes modestes, devant se débattre seules, qui, par la force des circonstances de la vie, possédaient une « sagesse innée », tant elles devaient porter « seules » l'opprobre sociale, dont ces naissances non-désirées , les mettant au ban de la société!

Le tissage de ces femmes est aussi fortement symbolique : le tissage de la Vie, des Vies… Un magnifique texte aussi complexe que les tissages artistiques de Sheila Hicks dont Marie Richeux nous parle avec force enthousiasme ![ ***artiste découverte grâce à ce roman ]

Comme les très anciennes courtes-pointes artistiquement brodées, retrouvées et « religieusement » conservées, ce roman- offre abondance de broderies, motifs dignes d'admiration et de réflexion sur les périodes passées et l'histoire des mentalités pesant sur les femmes !

Un grand livre de questions avec peu ou pas de réponses… Une réflexion qui s'élargit et s'épaissit au fil de la narration où la narratrice-auteure s'interroge bien évidemment sur la place des femmes , dans l'Histoire de l'humanité mais aussi sur sa propre existence et la place qu'elle cherche dans cet immense communauté féminine.
Un parallèle se fait progressivement entre les « travaux d'aiguille » et le travail de l'Ecriture , du romancier...!!

« On a toutes, dans notre généalogie, des femmes qui, pour sortir de leur condition crasse, ont cousu, à la fois pour survivre et aussi pour créer du beau. D'ailleurs, il ne faut jamais oublier cette dimension, elles créaient du beau.
Vous, en écrivant, vous continuez, petit point par petit point, d'accord, mais un roman, ça permet de tirer le fil qu'on a choisi, on n'est jamais réductible à ça. Vous êtes aussi, nous sommes aussi surtout une multitude d'autres choses" (p. 160)”

Une pépite de texte, absolument inclassable ; ce qui en fait la singularité absolue !!


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Mon « billet de lecture » pour « Climats de France « :
https://www.babelio.com/livres/Richeux-Climats-de-France/970215/critiques/1416386

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Se plaçant explicitement sous la férule des Disparus de Daniel Mendelssohn, aiguillonnée par sa fillette Suzanne De 3 ans, qui a le don de poser les bonnes questions, Marie part, dans un texte sous-titré Roman, à la rencontre des générations de femmes qui l'ont précédée, des filles-mères depuis 4 générations.

Alors oui, comme dans les Disparus, c'est une quête faite d'archives remuées, de références mythologiques (ici bibliques), de rencontres, de vieilles personnes interrogées, de hasards qui n'en sont pas.

Et la lectrice est émerveillée par la subtilité de Marie Richeux (dont elle aimait déjà les émissions radiophoniques) : par-delà les faits, il y a quelques chose d'intelligemment évanescent, de sensoriel, un intime et une sincérité transcendée dans ce livre très personnel ; très féminin, en fait.

Le fil rouge entre ces femmes, c'est bien plus que leurs destins tragiques (qu'on ne fait qu' effleurer, en fait) avec leurs questions sur le nom, l'abandon, la honte. C'est un lien émotionnel profond, une communauté féminine à travers les siècles, qui trouve sa marque dans les tissus : femmes à la couture, femmes pliant du linge, dont la lignée aboutit à Marie, femme moderne, ayant eu une enfant avec père, mais habitée par le textile, fascinée par des courte-pointes moyenâgeuses comme par les créations contemporaines de Sheila Hicks, bouleversée par des chaussons reprisés, et qui voit en sa façon de tricoter les mots comme un écho à ces destins filés.

Et humble, troublée par ces femmes qui ont gardé leurs secrets – n'est-ce pas leur droit ? -, elle finit par se dire que ce mystère est le leur. Et qu'importent ce qui est transmis te ce qui ne l'est pas, le chemin faisait déjà sens, semé de rêves éclairants : elle a appris sur ces femmes, sur elle-même, sur la maternité et sur le monde, et que c'est déjà très beau, il lui reste à vivre.

Un livre remuant.

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Une inscription saisissante sur une statue de la Vierge, les songes cueillis lors d'un séjour au coeur des montagnes et cette question sur la maternité de chaque élément que lui pose presque frénétiquement sa fille incitent Marie à remonter le fil généalogique des femmes qui ont façonné l'histoire de sa famille. Elles sont toutes reliées entre elles par leur courage, leurs liens maternels et l'absence des hommes qui ont croisé leur chemin pour mieux en disparaître. Au fil de son enquête, Marie se laisse tour à tour guider par le regard délicieusement balbutiant et imprévisible que sa fille porte sur le monde et par le langage de ses propres rêves, aussi insaisissable que créateur. Nourrie par la profonde liberté de son imagination et par ses puissantes émotions artistiques, Marie tisse au gré d'une émotion retenue la toile éternelle des destins curieusement similaires de toutes ces femmes, ces “filles-mères” qui fondent aussi sa propre identité.
A travers une écriture particulièrement belle, souvent lyrique et délicatement sensorielle, Marie Richeux livre avec Sages Femmes un récit intime et sensible dans lequel la reconstitution du versant féminin de son histoire familiale côtoie une manière d'être au monde remarquablement poétique et onirique.
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Un livre comme une broderie, tissé de mots utilisés comme des fils d'or qui se croisent et se rejoignent pour dessiner des motifs subtils, sensibles et délicats. Magnifique livre sur la maternité et la condition de femme, évoques comme en filigranes d'une quête infinie sur le passé et l'avenir. L'écriture de Marie Richeux, à la fois précise et onirique, m'a touchée en plein coeur.
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