L'avenir de la science

J'ai lu de bout en bout cette « somme » de 500 pages. Renan écrit ce livre en 1848. Il est tout jeune – il a 25 ans – mais ne le publie qu'au soir de sa vie en 1890. C'est donc un ouvrage de jeunesse et de vieillesse. Il faut toujours lire avec attention les derniers livres des grands auteurs, car en général, ils livrent ce qu'a vraiment été leur vie. Il faut prendre cet ouvrage comme une très longue promenade que l'on ferait avec un ami, un ami très cher et immensément érudit, qui profiterait du temps imparti pour décrire ce qu'il a compris du monde, de l'histoire, des hommes et de leurs systèmes de pensées (au pluriel). Un peu comme l'a fait Hubert Reeves dans le banc du temps qui passe. C'est passionnant, intelligent, érudit, vaste et bien sûr marqué par les problématiques du temps, le milieu du 19ème siècle, qui sont de plusieurs ordres : le rapport à la science – nous sommes alors philosophiquement en plein scientisme --, politiquement – la République fait encore débat et le pays vient d'être secoué pour la révolution de 1848 --, et les rapports entre religion et science.
Ce livre est aussi le récit d'un homme qui a été très croyant et qui, sous les coups de boutoirs de la connaissance, a quitté la religion. Mais qui constate au soir de la vie que des fils invisibles nombreux le relient encore à la notion de Dieu et de spiritualité. C'est donc à un long aller et retour entre ce qu'il a été, ce qu'il est devenu et ce qui reste d'important que Renan nous convie dans ce livre. Érudit, intelligent, lucide, assez daté parfois, mais vraiment intéressant.

Cette très longue promenade avec un ami est un éloge de la lenteur et de la connaissance.

Tout ce que notre siècle empressé n'offre que si rarement. J'ai beaucoup aimé et appris.