Un livre très fourni revient sur le tournage du film qui réunissait Alain Delon et Romy Schneider. Toute une époque à revivre aussi en photos.
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Les effets de torse, l’eau qui gicle, les sourires sur un rythme de mitrailleuse, la vitesse, le mouvement, l’ivresse un peu fatigante de ceux qui s’agitent sans cesse pour ne pas vieillir.
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Glissés sous la ceinture du slip, ses doigts s’enfoncent dans la chair ferme et tiède de Marianne qui pousse un cri, transformé en un bref soupir quand ils se faufilent entre ses fesses et que leurs caresses s’attardent en territoire interdit…
— Non, Jean-Claude, non… Cette manie de protester, même lorsqu’elle aime. Que croit-elle sauvegarder ? Sa pudeur ou quelque chose de plus profond qu’elle appellerait son « moi » dans un mouvement de révolte ? Il était là et elle est venue le chercher. Sans arrière-pensée ? Il n’avait besoin de rien, rien d’autre que cette piscine balayée par ce soleil qui détruit toute volonté, toute envie de bouger, ne fût-ce que le petit doigt. Oui mais la queue. Elle est venue, elle doit accepter. D’ailleurs n’y a-t-il pas divorce entre ce corps qui s’offre sans trop résister et cet esprit qui se croit obligé de livrer un baroud d’honneur ?
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— Je vois l’espace dans tes yeux… Des oiseaux s’y poursuivent…
— Et mes fesses ? Tu ne parles jamais de mes fesses… Tu sais… je devine toujours quand tu les regardes.
— Il ne serait pas convenable de te le dire.
— Les mots te font peur ?
— Les mots sont des armes. Ils peuvent blesser…
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Le français est une langue de diplomates, de faux-culs aussi. C’est la même chose et même avec l’accent anglais, les mots ne disent jamais ce qu’ils veulent dire. Derrière chaque phrase se cache une autre phrase, un autre sens.
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C’est drôle, quelqu’un que l’on n’aime plus. Son corps vous devient étranger. Comment danser un slow avec un corps étranger ? Je t’aime moi non plus. Ces cheveux qui vous caressaient et qui ne font plus que vous chatouiller, ces seins que l’on pressait et qui vous étouffent…
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On croit accumuler des jours et des jours comme on accumule un trésor, jours de couleurs, jours de soupirs heureux, jours d’importants petits riens. On se retourne… et on ne découvre qu’une grande malle vide. Si vite. Et si vide. Cela fait peur. Quand le processus a-t-il réellement commencé ?
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Le jerk, c’est la mort du couple. À quoi bon se trémousser seul comme un malade devant celle qu’on crève d’envie de prendre dans ses bras ?
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On ne connaît jamais vraiment les gens avec lesquels on vit. On les connaît en fonction de soi, de ce qu’on en attend, de ce qu’on leur prête. On se fabrique un compagnon ou une compagne qu’on jette le jour où il ou elle n’est plus conforme au modèle.
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Qu’elle fasse ses classes. Avec un imbécile, elle s’ennuiera, avec un séducteur, elle souffrira. On y est toutes passées.
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— Que fais-tu du bonheur ?
— Après un certain nombre d’expériences… on se contente d’ersatz.
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encombré d’accessoires inutiles, aveuglé par l’apparence des autres, jaloux de ne pas être ce qu’il admire. Finalement trop favorisé par le sort, perdu par la facilité. Jeune, riche et beau. Redoutable équation qu’il n’a jamais su résoudre. S’il ne sait pas qui il est qui d’autre peut le savoir ? Pas d’alternative. Jouer. Jouer un jeu, pirouetter et briller à n’importe quel prix. Sa valeur, il la prend dans celle des autres. Il a seulement peur du miroir des pauvres.
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On ne croit jamais à ces moments où tout va flancher et, quand ils arrivent, en une fraction de seconde, dans une prise aiguë de conscience, peur et désespoir vous envahissent.
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— Non… Pas maintenant.
— Plus tard, c’est toujours trop tard.
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Jean-Claude se méfiait des vierges. Si c’est raté, c’est vexant mais si c’est bien, c’est dangereux. Ils en plaisantaient avec Harry. La vierge, disait celui-ci, c’est comme le lierre, prête à mourir là où meurt son pucelage.
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Le propre de l’amour, c’est d’oser. Oser les mots, oser les gestes, oublier l’inconfort, transcender le décor, faire d’un rocher un lit et de deux âmes en fusion, un corps unique. Les mots ne sont alors plus qu’ivresse, musique. Vertigo.
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Ça tient à quoi, un drame ? À un détail, parfois. Une fraction de seconde qui refuse de s’intégrer dans une continuité. C’est tellement fugitif, tellement ténu que la plupart du temps, après, on ne sait que répéter, je ne comprends pas… Le drame est rarement entouré d’une aura de mystère ou d’angoisse. Le vrai drame ne se fait pas de cinéma et ne sacrifie pas au suspense. Il survient, inattendu, accidentel, et d’une cause souvent hors de proportion avec les effets. Le propre du drame est de surprendre, et le promoteur et la victime. Trois mots parfois suffisent.
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Fermer enfin les yeux… non, ne pas fermer les yeux parce que les images seront alors encore plus précises, plus cruelles… Arriverai-je jamais à m’endormir comme autrefois ? Connaîtrai-je à nouveau cette paix du cœur et de l’âme, quitte à la payer d’un ennui mortel ? Promettre d’être exemplaire. C’est quoi, exemplaire ? S’emmerder. Je suis seul et je suis le seul à le savoir. C’est ça, la vraie punition, autrement plus dérangeante que la peur du gendarme.
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— Je dois bien ça à Harry. La piscine, à défaut d’un certain bonheur, c’est l’image d’un confort certain, l’accession à un stade supérieur de la joie de vivre. Enfin, c’est ce que croient ceux qui n’en possèdent pas.
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— Vous êtes la compagne de M. Leroy, non ? La compagne… Un mot inapproprié… Tous les qualificatifs sont inappropriés lorsque l’on s’aime. Amie, maîtresse et le pire, concubine… Vocabulaire de concierge et de faits divers. Rien qui corresponde à ces mouvements de la passion.
Je vis, comme en filigrane, la mort rôder au milieu des corps bronzés. Dès lors, il me fallait mettre en scène cette tragédie.
La piscine 1969 (extrait)