Amélie aime le champagne, pas n'importe lequel bien-sûr : Veuve Clicot, Don Pérignon etc. On doit être prêt à recevoir le devin breuvage et pour cela il se livre à une véritable ascèse en s'imposant trente heures de jeûne avant d'avaler la première flûte. On imagine en effet ce que cela peut donner au niveau du ressenti corporel !!!
Mais, si peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, elle nous démontre avec brio qu'un champagne ne peut pas se déguster seule mais avec un autre amateur sinon le charme n'est plus là. On doit se trouver entre dégustateurs avertis.
Elle part à la recherche d'une « convigne » et la trouve en la personne d'une de ses admiratrice, écrivain elle-aussi qui assiste à toutes ses séances de dédicace :
Pétronille Fanto.
Ainsi vont débuter des séances de cuites « champagnesques » (le mot n'est pas de moi je l'ai emprunté à un critique je l'avoue mais je n'ai pas trouvé mieux) où les deux femmes échangent des idées, sur la vie en général, puis sur leur vie personnelle, le métier d'écrivain, les petites jalousies, mesquineries et leurs vies vont s'entremêler pour notre plus grande joie.
On passe aussi en revue le milieu de l'édition, par exemple, lorsqu'Amélie doit faire le tour des éditeurs pour proposer un manuscrit que
Pétronille lui a confié.
Ce que j'en pense :
Au début,
Pétronille m'a quelque peu décontenancée car je n'arrivais pas trop à cerner sa personnalité, déjantée comme toujours avec Amélie. Puis l'ivresse m'a gagnée, et j'ai savouré les bulles en même temps qu'elles et j'étais prise au piège comme d'habitude avec
Amélie Nothomb.
On fait des rencontres improbables, un WE au ski alors qu'Amélie n'a pas mis les pieds sur des skis depuis l'âge 4 ans et arrive à prouver à Pétronille, plutôt championne que c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas et leur descente avec un bâton dans une main et une flute de champagne dans l'autre est ubuesque et nous fait rire, nous emporte avec elles dans leurs délires.
La scène avec Viviane Westwood est extraordinaire aussi, car Amélie Nothomb censée la rencontrer pour une interview va se retrouver dans le rôle de nounou pour le chien de « l'artiste »…
Autre scène hilarante : la décision de partir au Sahara pendant un an pour tout oublier et repartir à zéro, ce fameux besoin de faire le vide qui nous traverse de temps en temps et que l'ivresse peut nous permettre de mettre à exécution en libérant tous nos tabous, toutes nos entraves.
Même quand elle se met en en scène, Amélie prend toujours soin de laisser le rôle de l'héroïne à la personne qui l'accompagne. Elle se comporte tantôt en mère poule, tantôt en compagne de beuverie, d'égale à égale mais ce n'est pas toujours facile pour un écrivain débutant ou ayant peu écrit, même si les livres sont des succès, d'exister à côté de l'auteure reconnue qui vit de se plume. Pendant la durée de leur relation, Pétronille écrit plusieurs romans qui semblent la faire sortir de l'anonymat, mais la rivalité arrive en même temps car elle n'est plus la fan qui suit son auteure préférée et correspond avec elle en quête d'autographes. La jeune groupie, qui avait l'air d'un garçon de 15 ans, a bien changé.
Je me suis posée une question : dans ce livre
Amélie Nothomb parle aussi sans citer le terme de la notoriété en comparant son statut d'écrivain qui vit de sa plume alors que
Pétronille (qui existe vraiment) doit avoir des "jobs" complémentaires; si on m'avait présenté ce livre sous un nom d'auteur inconnu, l'aurai-je apprécié de la même façon? Et bien je ne sais pas. J'aime son style vif, acerbe, libre, déjanté, c'est vrai, peut-être l'aurais-je reconnue ?
Bref, une fois de plus, la magie Nothomb a marché sur moi ; j'aime bien la dame au chapeau, je le reconnais, elle fait partie de mes auteurs doudou : je ne suis pas béate d'admiration par principe, parce que c'est le livre de la rentrée d'Amélie, et qu'on se doit de l'avoir lu. Non, je la lis avec plaisir car j'aime son côté déjanté dans sa façon d'écrire, son style, les délires dans lesquels on la suit avec délice (même si certains livres m'ont irritée ou déçue), quand on aime on est exigeant quand même du moins en ce qui me concerne.
Certains de ses livres m'emballent ("
la nostalgie heureuse" par exemple, "stupeurs et tremblements" "
ni d'Eve ni d'Adam" ou "
Antéchrista" d'autres glissent et laissent moins d'impact sur ma mémoire, juste un bon moment passé avec elle... en gros il y a les années champagnes et les années Clairette de Die ou autre.... je prends mon temps et le plaisir de déguster bulles et champagnes
Je l'ai terminé un soir, en regrettant que le temps soit passé si vite, la tête pleine de ces petites bulles pétillantes et j'ai même eu la gueule de bois le lendemain.
Donc pour moi un assez bon cru, si j'ose dire, car j'ai passé un bon moment, et la fin est inattendue. Elle ne joue quand même pas dans la cour des plus grands, mais elle nous distrait.
Note : 7/10
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