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EAN : 9782070336968
320 pages
Gallimard (15/06/2006)
4.23/5   26 notes
Résumé :
Engagée à contre-sens, la poésie de Bernard Noël ne cesse à sa manière de traquer le mystère de l'incarnation, et le titre Extraits du corps est à prendre dans son acception la plus concrète, la plus littérale. Car la poésie est ici vibration d'une voix blanche arrachée à la mécanique humaine qui pense, qui aime, qui souffre, qui rêve et s'acharne à faire souffle avec de la peau et des os. Elle est aussi ce lancinant défi au grand silence de Dieu : comment la chair ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je suis totalement hermétique à ce style de poésie. Je n'ai strictement rien compris, je me demande même ou se trouvait ce que j'imaginais être de la poésie. Je dois être un ignorant qui s'ignore.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
à Robert Maguire



1
extrait 1

.................................. les mots crèvent au ras de ma
peau. Le regard est fixe. Le buste est un assemblage
d’élément mobiles et d’éléments immobiles. Les
gestes se poursuivent à l’intérieur de la poitrine,
comme les cercles sur l’eau. Et le cou se prolonge
loin dans le corps. C’est depuis l’estomac qu’a poussé
l’arbre qui empale ma gorge. Il monte jusque dans mes
narines. Un court-circuit coupe le courant des nerfs
dans ma nuque. Ma tête se penche vers un lac d’argent
lisse, qui tout à coup s’éparpille dans l’espace comme
un bac de mercure. On me trépane pendant que mes
jambes s’allongent, s’allongent, perçant des nuages.
D’un côté, il fait mal ; de l’autre, il fait nuit. Entre
les deux, une hélice tourne dans le ventre , et l’air reflue
vers ma bouche............ J’ai la gorge pleine de plumes.
Je crache des cellules...................................................
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LA PEAU ET LES MOTS
GRAND ARBRE BLANC/1966
à André Pierre de Mandiargues


grand arbre
l'espace est rond
et nous sommes
Nord-Sud
l'éventail replié des saisons
le cri sans bouche
la pile de vertèbres

grand arbre
le temps n'a plus de feuilles
la mort a mis un baiser blanc
sur chaque souvenir
mais notre chair
est aussi pierre qui pousse
et sève de la roue

grand arbre
l'ombre a séché au pied du sel
l'écorce n'a plus d'âge
et notre cour est nu
grand arbre
l'œil est sur notre front
nous avons mangé la mousse
et jeté l'or

pourtant
le chant des signes
ranime au fond de l'air
d'atroces armes blanches

qui tue
qui parle

le sang
le sang n'est que sens de l'absence
et il fait froid

grand arbre
il fait froid
et c'est la vanité du vent
morte l'abeille
sa pensée nous fait ruche
les mots
les mots déjà
butinent dans la gorge

grand arbre
blanc debout
nos feuilles sont dedans
et la mort qui nous lèche
est la seule bouche du savoir

p.63-64-65
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à Robert Maguire



1
extrait 11

Le coccyx est atteint avec l’habituelle déperdition
du regard dans le ventre, mais les vertèbres, tout à
coup, ne me fournissent plus ce canal parfaitement
rond, où la perception voyageait instantanément. Je
ne localise que des périphéries, des arêtes, des
rebords                      toujours un affaissement interne,
une sorte de cratère millénaire                                 et
partout une chute sans fin, une chute autour de
laquelle vivent ou survivent les organes, mis en sac par
la peau                                                     Rien qu’un reste,
à partir duquel le corps peut toujours recommencer, où
se détruire                                                             Mais
j’ai peur. Je fume de l’habitude. Je repeins ma peau. Je
mets les femmes dans mon œil.                          Femme
continuelle ou femme nouvelle, l’une pour anesthé-
sier la sensation de la chute, l’autre pour provoquer
cette expiration, qui est la remontée du vide dans la
gorge          et l’espérance du crachat               du crachat
libérateur                                        Pourtant, il ne s’agit
pas d’expulser le vide, mais de le traverser dans le corps.
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LA PEAU ET LES MOTS

GRAND ARBRE BLANC/1966
à André Pierre de Mandiargues


à l'Orient vieilli
la ruche est morte
le ciel n'est plus que cire sèche

sous la paille noircie
l'or s'est couvert de mousse

les dieux mourants
ont mangé leur regard
puis la clef

il a fait froid

il a fait froid
et sur le temps droit comme un i
un œil rond a gelé

grand arbre
nous n'avons plus de branches
ni de Levant ni de Couchant
le sommeil s'est tué à l'Ouest
avec l'idée de jour

grand arbre
nous voici verticaux sous l'étoile
et la beauté nous a blanchis

mais si creuse est la nuit
que l'on voudrait grandir
grandir
jusqu'à remplir ce regard sans paupière…

p.61-62

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En tête


Extrait 2

   La poésie a trop chanté ; il faut qu’elle déchante et
trouve là le véritable chant. Quelqu’un disait : Mourir de rire et
rire de mourir… Je veux une folie sage, un gâtisme intelligent, et
un mauvais poème qui soit un poème mauvais. Je veux une
laideur qui soit plus belle que la beauté parce qu’elle aura réussi
à la comprendre.
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Vidéo de Bernard Noël
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
+ Lire la suite
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