Le petit Papin vit entouré de son père, Clauzius, et de sa mère, Clauzia, en Belgique. de son enfance à l'âge adulte, il raconte son histoire et par la même occasion l'histoire de son pays et de sa littérature, la pauvre petite malheureuse.
Jean Muno, de son vrai nom
Robert Burniaux, nous livre un roman partiellement autobiographique, dont il modifie certains détails afin que son histoire apparaisse comme une métaphore bien élaborée de l'histoire de la littérature belge. En effet, dans les années 80, apparaît chez les écrivains belges un sentiment de belgitude. Désormais, ils ne cherchent plus à écrire de la littérature française, et assument leur singularité. J'ai adoré cet aspect métaphorique et poétique, amené de manière si subtile et délicate.
Muno raconte l'histoire de la littérature belge, mais également celle de son pays. Ainsi, il parle avec ses yeux d'enfants de la seconde guerre mondiale (qu'il décrit comme un événement plutôt palpitant, dont il n'a pas vraiment souffert), puis avec ses yeux d'adultes les sixties, l'évolution de l'enseignement, les problèmes linguistiques, l'évolution des mentalités.
Mais
Histoire exécrable d'un héros brabançon n'est pas qu'un manuel d'histoire de la littérature, c'est aussi un livre plein de tendresse qui m'a beaucoup émue. En effet, la relation de Papin avec son père est très particulière et à la fois tellement authentique. On remarque également une évolution dans la manière dont il le décrit. Au début, alors que le petit Papin est enfant, son père est un dieu vivant, l'homme le plus intelligent et le plus sage à ses yeux. Mais malgré ce sentiment d'admiration pour son père, qui cherche avant tout à l'éduquer et à faire de lui l'homme le plus instruit possible, ils cultivent tous deux une sorte de distance. Puis, lorsqu'il rencontre Sinovie, les failles de ses parents apparaissent, et il commence à s'en affranchir.
J'ai également tout particulièrement apprécié le style de cet auteur, très particulier. En effet,
Jean Muno a développé sa propre manière d'écrire, faisant violence à la langue. Ce style est élégant et sophistiqué sans être pédant. Il est également plein d'humour et d'ironie.
J'ai aussi aimé l'effet de flash-back après la préface, à l'aspect volontairement obscur à la première lecture, et qui se doit d'être relue après avoir terminé le livre pour être comprise.
Par ailleurs, la fin du roman m'a beaucoup plu, car elle est très originale et inattendue. Elle n'est pas marquée par l'une ou l'autre action, comme c'est le cas de nombreux livres, mais par un texte tout à fait surprenant, puisque Papin semble y perdre la tête. En effet, Clauzius vient de mourir et Papin ne sait plus où il en est. Il s'écrit des lettres à lui-même, ne sait plus s'il est
Muno ou Papin, sachant qu'aucun de ces noms n'est véritablement le sien. Il divague, tourne en rond, prend sa retraite et se retrouve pour la première fois de sa vie sans son fidèle cartable.
En conclusion, je vous recommande vivement cette Histoire exécrable. Il m'a fallu quelques pages pour m'habituer et pour apprendre à apprécier cette manière d'écrire assez singulière, mais je ne regrette pas d'avoir persévéré, car il s'agit d'un des meilleurs livres que j'aie pu lire.
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