Pour son premier livre,
Thorkael Morra, l'auteur, nous propose un thriller ayant pour théâtre un immeuble qui a la singularité de booster la créativité des artistes s'y installant, faisant du dernier des tocards un pur-sang.
Synopsis : Théo a 24 ans et sort de 6 ans de détention. Sa passion étant l'écriture, il a commencé un roman, mais n'est pas en mesure de lui trouver une suite, se heurtant aux limites qu'il s'impose lui-même. A sa sortie de prison, son meilleur ami, Samuel, directeur d'une agence immobilière, lui parle de cette immeuble dont il assure la gérance. D'abord réticent, Théo finit par céder. Son blocage cédant comme par magie.
Premier point, nous avons un synopsis qui interroge. Allons-nous être confrontés à du réel, du surnaturel, ou le doute planera-t-il ?
Second point : c'est une thématique fortement ancrée dans l'imaginaire collectif que l'auteur a choisi. La maison hantée, version bienveillante envers les artistes. Bref, une valeur en théorie sûre.
Mon avis : Je n'irai pas par quatre chemins. Rarement, très rarement, un bouquin ne m'avait procuré un tel sentiment. C'était puissant. Jusqu'avant les trente dernières pages, mon opinion était : "Moui, c'est sympa, j'ai passé un bon moment, l'auteur maîtrise son truc, y'a une montée en intensité au fil du récit intéressante, mais c'est un peu réchauffé quoi".
Et là, à 30 pages de la fin, la taloche de cow-boy en plein visage, l'auteur qui te saisit par le col et te dit "ah non, mais, tout ce qui a précédé, c'était la reconnaissance du terrain, l'entrainement, la préparation des équipements. Viens, le match commence maintenant". Et là, une dernière partie d'une intensité comme je n'en ai jamais vu dans un livre. Au cinéma, oui. Dans un jeu vidéo, oui. Un livre, je n'en ai pas souvenir. L'histoire est d'une complexité et une richesse insoupçonnée à la lecture des 240 premières pages.
Entendons-nous bien, jusque là je prenais plaisir à suivre l'histoire, il y avait de l'interrogation, un peu d'émotion (notamment sur une scène vraiment dérangeante. Et pourtant, j'estime être aguerri), ça montait en intensité, c'était vraiment sympa. Mais la dernière partie... Je suis passé par tous les états : interrogation, réflexion, rire, larmes difficiles à retenir.
Ce final fait partie des rares passages de bouquin où tu oublies vraiment que c'est un bouquin, les lignes de texte font place à des images vivantes et des sons, comme un film, mais en mieux (j'accompagnais même les scènes de la musique d'Interstellar). Jamais, je crois, un auteur n'a réussi à ce point à me faire oublier que j'étais en train de tenir un tas de pages.
Concernant le synopsis, comme vous l'aurez compris, il passe du "original, sans plus", au "simplement génial" à la fin. de mémoire, quelque soit le média utilisé (Cinéma, livre, JV), je crois que l'idée est totalement neuve dans sa façon d'être exploitée
J'ai apprécié la plume et le style parfois verbal qui colle au protagoniste, un Théo jeune, frustré d'échouer à pouvoir coucher son génie sur le papier, à la fois impulsif, ce trait de caractère le poussant parfois à la violence, et pourtant timoré concernant d'autres aspects de sa personnalité.
Un point particulier de ce roman est la complexité du récit. En refermant le livre, il vous faudra cinq bonnes minutes pour digérer les informations que vous avez lu, et bien appréhender tout ce qui vous a été narré.
Quant à la fin (pas la dernière partie, qu'on se comprenne, je parle bien de la scène de fin), sans trop en dire, je l'ai trouvé satisfaisante et équitable.
Je recommande, il serait franchement dommage de passer à côté.