En essayant d'introduire le sujet dans la science,
Edgar Morin la complexifie. Il montre que le monde que la science essaie de décrire résiste toujours à la simplification, aux principes éternels, aux dogmes. Il montre aussi que les disciplines (physiques, biologiques, sociologiques, et même politiques) ne peuvent expliquer ce qui nous entoure et ce que nous sommes (car les deux sont liés de manière indéfectible) qu'en dialoguant entre elles, qu'en quittant son pré carré. Il s'attaque également au principe d'ordre qui avait présidé à toute pensée rationnelle jusqu'alors en montrant que l'ordre et le désordre interagissent, qu'ils ont besoin l'un de l'autre tout en se nuisant, que leur rapport, et c'est là l'essentiel pour Morin, est complexe. Il réintroduit finalement dans la pensée scientifique tout ce que l'on en avait ôté pour la créer. Pourquoi? Parce que la science elle-même découvre qu'elle a besoin de ce qu'elle avait exclue, parce qu'elle l'a redécouvert. Il ne s'agit pas bien sûr de revenir à une pensée subjective purement émotive ou magique, mais à une pensée de l'objet dans laquelle le sujet ne s'oublie pas lui-même. Bref, pour piger un tantinet soit peu notre univers, nous avons encore du pain sur la planche.