Toujours moitié bon, moitié mauvais, je ne pus exercer ma profession avant quelques mois, ayant négligé « sans raison valable », ainsi que je disais déjà, de faire enregistrer mon brevet de cléricature. Je présentai une requête au Barreau qui voulut bien lever l'interdit. Et j'ouvris une étude toute neuve, en société avec mon vieux camarade et fidèle ami, Arthur Vallée.
Je m'inscrivis à la Faculté de droit.
La loi m'intéressait par plusieurs aspects, quoique j'aie été troublé, en commençant par l'article 1472 et sans savoir ce que c'était qu'un contrat, l'étude du code civil.
Le Droit romain, auquel je devais revenir un jour, provoquait des manifestations bruyantes qui rappelaient les classes d'anglais du collège. Pourtant, le professeur était pénétré de son enseignement. D'autres cours
prêtaient davantage à l'éloquence: nous les suivions avec conviction, prompts à saisir la moindre allusion aux événements, le moindre sens détourné vers la politique ou la société, qui déchaînaient sans raison précise une tempête d'applaudissements ou de protestations.
L'étudiant en droit tâchait de trouver une étude où faire sa cléricature. Il y avait les grands bureaux où le clerc était rémunéré, parfois avec largesse, et les bureaux de moindre importance où le futur avocat ne touchait rien, ou presque. Mais il apprenait, du moins en principe, la procédure.
Étudiant, je m'évadais de Montréal, aussitôt que je le pouvais, vers une campagne, celle qui s'offrait. Je garde surtout le souvenir de Saint-Hubert et de Saint-Hyacinthe.