Le Canadien français, au cours de sa brève existence, écrit M. Gabriel Hanotaux, sut trouver en lui-même un principe de vitalité, je veux dire une âme, une âme locale et française tout à la fois ». Par cette âme, qu'il réchauffait ainsi en lui-même, le Canadien français a vécu. Il a résisté. Il est resté ce qu'il était. Cela seul lui mériterait le respect et l'admiration, si ceux qui affectent de le mépriser pouvaient se hausser jusqu'à le comprendre. Une même pensée nourrit sa volonté patiente : survivre, rester fidèle à ses origines, transmettre à ses descendants l'héritage qui fait sa fierté.
Champlain, un de ses enfants, avait rêvé naguère d'un vaste empire français. Il était bon et brave, humain et généreux. Il a\ait l'habitude des lointains. Il aimait son oeuvre et cela seul expliquerait comment il la réalisa pleinement. Il ne reculait pas devant l'épreuve et, si nous savions comprendre sa pensée hardie, nous trouverions en elle l'inspiration de nos activités les plus sûres.