Bon, ben c'était une mauvaise pioche. Rien n'a vraiment fonctionné pour moi, et dès le début.
Victor Caranne, psychologue carcéral au centre pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré, suit un nouveau patient, Emilien Milkovitch, qui clame son innocence du double meurtre pour lequel il a été condamné. Il lui confie vouloir se suicider dans une semaine, pour les dix ans de son incarcération. Une intuition de plus en plus forte convainc le psychologue de son innocence. Il embarque avec lui son amie Anaïs, flic à la PJ de la Rochelle. Ils ont une semaine pour mener leur contre-enquête et retrouver le vrai meurtrier.
Ce n'est pas la première fois que je me lance dans un polar inscrit dans une série sans avoir lu les précédents, quand il se présente comme une enquête indépendante. En général, je m'en sors, les auteurs faisant ce qu'il faut pour permettre au néo-lecteur de se glisser dans l'intrigue sans perte. Mais là, j'ai vraiment galéré.
La faute à des premiers chapitres maladroitement bourrés de références aux précédentes enquêtes (
Somb,
Je suis le feu ) et de multiples spoils qui divulgâchent à fond. Surtout, j'ai vraiment eu la sensation de rester à quai tellement les personnages ont vécu ensemble sans moi. J'ai ressenti très fort qu'il me manquait une part très importantes des personnages, principaux ( Victor notamment ) et secondaires ( Marcus et Maddy ), pour les comprendre et apprécier leurs évolutions et interactions.
Je le regrette d'autant plus que le binôme Victor / Anaïs m'a plu, malgré les lacunes que j'avais sur leur vécu, duo attachant, lui, parfait bon samaritain rongé par la culpabilité et le doute, elle, intrépide à l'excès.
«Caranne avait compris d'où venait la pugnacité de la jeune femme. Comme lui, elle cherchait obstinément à régler une dette ancienne, sans savoir ni comment ni même à qui. A la différence près que lui savait que souffrir ou s'offrir en sacrifice ne rachèterait jamais leurs fautes. L'autopunition était un leurre dont on devenait vite accro.»
Si j'avais mieux compris ces deux personnages, sans doute aurais-je cru au point de départ de ce polar, mais là, j'ai eu du mal à croire qu'une simple intuition après une discussion avec un détenu qui clame son innocence comme tous les autres, suffise à mettre en branle la volonté de réouvrir une affaire archi classée. Soit.
Les trois quarts de l'enquête sont plutôt bien menés. L'écriture est plaisante ( même si elle a tendance à forcer un peu son humour ), dynamique, enchaînant les fausses-pistes, les faux-semblants et les chausse-trappes. Puis dans le dernier quart, j'ai trouvé que cela commençait à faire beaucoup de rebondissements invraisemblables jusqu'au coup de final too much pour moi ( mais pas pour la majorité des Babélionautes qui ont très bien noté ce polar ).