Le plus beau des mariages n'est pourtant pas celui qui prélude à une vie: c'est au seuil de notre mort, quand l'amour s'est aguerri à tous les pièges, qu'il s'est essayé aux douleurs et affermi dans la patience et le pardon, lavé de tout ce qui n'est pas lui, devenu en même temps son seul moyen et sa fin unique, que nous pourrons enfin dire "oui". (...) "Terminée, la fraîcheur de la presse du matin, dans la cuisine. Abolis: les océans, le jazz, les pins. Les étés, le soleil, les jardins. Les rosiers, leur lumière rouge sur le ciel. Les fougères, les iris. La trépidation et les bruits. Et toutes les Italies du monde. Un morceau de Danemark déguisé par les brumes, et le pain laissé sur la table. La nuit des amants emmêlés s'évapore dans les champs, c'est l'hiver qui décide. A force d'hiver, on finit par mourir. Les saisons font la loi, qui nous passent sur le corps." (...) "Les salsas s'éteignent quand on meurt"
Proust et Flaubert s'étaient mystérieusement envolés. De ma nuit d'effort, ne restait plus que Daniel Guichard et Christophe. Ce que Mingus, que j'avais appelé à trois heures du matin pour lui lire ma lettre, avait eu l'amitié d'appeler mon "style", je sentais, à mesure que les yeux noirs de ma déesse maquée parcouraient les pages de leur justice sans appel, qu'il me lâchait, qu'il n'était plus solidaire de moi, ainsi que celui qu'on croit être son meilleur ami nous abandonne au beau milieu d'une bagarre. Mon "style" rendait les armes, il avouait tout: et derrière ses biceps en papier mâché, ses dagues en carton et son armure d'aluminium qui, de loin, avaient pu l'assimiler à un preux chevalier jailli du Roland Furieux de l'Arioste, il se tenait nu maintenant, le menton baissé et l'air défait des contrits qui sont la signature de leur imposture. Mes pépites, passées au crible de son tamis sans faille, s'étaient révélées de gros grains de sable. (...) J'appris à réaliser, grâce à Mingus, des montages amusants où nous mixions la voix d'Anissa Corto à celle de Neil young, de Franz Zappa, de Daniel Guichard ou de Roger Daltrey.(...) D'Anissa Corto, je fis des raps, des blues, de la house et de la techno. Lors d'une soirée organisée par Mingus, nous jouâmes le sample dit "de la boulangerie". Anissa, sur fond de basses saturées et d'overdub hyper-rythmé, demandait, après quelques hésitations et un commentaire poli sur la pluie, une baguette "plutôt cuite". Puis elle remerciait Mme Kraykowski qui lui demandait si elle ne cherchait pas une femme de ménage. Et Anissa Corto, en boucle sur le remix de Mingus, répondait toujours "Non". A un porteur de tee-shirt de Bjork, elle avait dit: "oui".
Les salons du livre ont fait des écrivains une profession, comme celle des dentistes; ils se rendent à des colloques ou ils vendent leurs livres comme des épiciers.
les femmes sont des hypothèses dont nous voulons faire des théorèmes. Nous connaissons leur musique, et jamais leur partition. Elles dorment au coeur du secret, comme les trésors, et nous ne pouvons que les admirer. On n'aime jamais au singulier: une femme conjugue toutes les femmes, à tous les modes et à tous les temps. Au conditionnel, quand elles sont un paradis à perdre; au passé, puisque nous finissons toujours par les pleurer. A l'imparfait, nous les aimions. Jamais heureux, toujours en quête, passant de l'une à l'autre, changeant d'amour ainsi que nous changeons d'humeur. Le coeur ne sait jamais ce qu'il veut: il bat la mesure de tous les refrains qui, comme de vulgaires paroles, se sont envolés"
Auprès de toi, je n'écrivais pas beaucoup. J'ai très peur de ta réaction à présent. Ce que je pensais être immense, parcouru par tes yeux, va s'excuser d'avoir été écrit. C'est trop tard. Mon style va se retrouver en slip au milieu de la cour. Tout est là, en place, imprimé, figé, définitif, tout est là qui t'attend et te craint. J'essaie de gagner du temps, mais tu es peut-être déjà en train de regarder la couverture, d'ouvrir le livre, d'isoler quelques bribes au passage, prélevant, à la manière des chimistes, les échantillons qui te suffiront pour juger l'ensemble.
Soirée de mobilisation organisée par La revue LA RÈGLE DU JEU, le 3 juin 2024, au Théâtre Antoine avec :
Yäel BRAUN-PIVET (présidente de l'Assemblée nationale), Gérard LARCHER (président du Sénat), Anne HIDALGO (Maire de Paris), Bernard-Henri LÉVY, Christine ANGOT, Caroline FOUREST, Delphine HORVILLEUR, Yann MOIX, Justine LÉVY, Julia KRISTEVA, Jean-Claude MILNER, Bernard CAZENEUVE, Manuel VALLS, Jean-Michel BLANQUER, Sandrine KIBERLAIN, Yvan ATTAL, Patrick BRUEL, Haïm KORSIA (Grand Rabbinat français), Yonathan ARFI (CRIF), Douglas MURRAY, Philippe VAL, Maurizio MOLINARI (la Repubblica), Daniel RAMÍREZ (El Español), Émilie MOATTI (Forum des Familles d'otages, Tel Aviv).
Pour voir l'intégralité de la soirée https://laregledujeu.org/2024/06/03/40388/suivez-le-live-streaming-leurope-contre-lantisemitisme/
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