J'ai beaucoup apprécié ce livre.
Il m'a fait penser pour la forme et le fond à deux ouvrages que j'ai lu précédemment «
le rapport W - Infiltré à Auschwitz » de
Gaétan Nocq et « Théâtre, tome 1 » de
Robert Badinter.
Dans le premier nous suivions le parcours d'un résistant polonais incarcéré volontaire à Auschwitz, qui survivra pour finalement tomber sous les coups des soviétiques. Et dans le second ouvrage, l'une des pièces était un huis-clos en prison entre Laval et Bousquet, une autre pièce s'intéressait à la fin du ghetto de Varsovie.
Ce texte revient sur un événement singulier de la vie de
Kazimierz Moczarski, son incarcération après-guerre par le pouvoir soviétique, lui le résistant polonais. Il restera une décennie en prison avant d'être acquitté sans réelles explications. Et au cours de cette captivité, il sera amené à vivre pendant plusieurs mois dans la même petite cellule qu'un allemand et un nazi ayant participé activement aux atrocités du régime. de cette captivité, et notamment de cette confrontation avec l'ancien ennemi il tirera un ouvrage relatant ses échanges avec ces hommes dont il dit avoir essayé de comprendre les motivations et l'idéologie.
Les pages introductives sont extrêmement intéressantes avec notamment l'explication du travail de mentalisation des échanges que Moczarski a eu dans sa cellule. Comment il a réussi à se construire un cadre mental, du fait des contraintes de l'incarcération, pour pouvoir conserver une trace précise de son quotidien. Quotidien qu'il a ainsi pu transmettre bien plus tard, après sa libération. Ses explications sur la feuille mentale sur laquelle il écrit et revient fréquemment, sont vraiment passionnantes.
La forme de la pièce de théâtre est agréable à lire et sans doute permet une approche plus légère et plus facile que le livre originel de 600 pages. Je me suis parfois questionné sur le choix du registre de mots choisi pour certains passages mais dans l'ensemble j'ai vraiment été accroché par le texte.
Je ne lis pas le polonais, mais j'ai trouvé intéressant le choix fait de mettre en miroir les textes en français et en polonais.
Le seul petit bémol, si il en faut un est l'esthétique de l'ouvrage. Mais c'est très très secondaire.
Une lecture réalisée dans le cadre d'une masse critique avec les éditions Presses Universitaires du Midi et Babelio.