Comme dit l'auteur de cet essai brillant : "Ecrire l'histoire culturelle de la France au XIXe siècle, c'est esquisser "une histoire des Français dans leur volonté d'être une nation" pour paraphraser
Julien Benda". Mission accomplie avec talent. Ce livre met en lumière le rôle éminent joué d'abord par Guizot (ministre de l'Instruction publique de 1832 à 1837), puis par
Jules Ferry (dans les années 1880) car, comme proclame ce dernier, l'école est "le pilier d'airain" de la République.
Françoise Mélonio souligne avec justesse que "l'éducation est le moyen de combler la béance entre un individu égoïste et le bien public".
Autres penseurs de la République ayant joué un rôle majeur : Tocqueville, Littré et Renouvier : "Dans l'ordre des idées,
Jules Ferry, admirateur du "grand Tocqueville", est aussi l'ami de Littré ("le premier à offrir à la nation française des archives culturelles de sa langue") et l'héritier de l'utopie pédagogique de Renouvier". Trop méconnu, ce Renouvier (auteur de la première uchronie de la littérature) donne une forme à l'école républicaine dont il veut qu'elle soit investie du "pouvoir de renouer le lien social et de former un esprit public en apprenant à penser sous l'angle de l'universalité".
Voilà qui reste d'actualité.
Françoise Mélonio met également en avant le rôle des écrivains (Hugo,
Chateaubriand), et des historiens avec Michelet en première ligne car, affirme-t-elle "Faire nation, c'est se souvenir ensemble".
Ce livre publié en 2001, est la contribution de l'auteur au tome 3 de "l'Histoire culturelle de la France. Lumières et Liberté. Les XVII et XIXe siècles" sorti en 1998 sous la direction de
Jean-Pierre Rioux et
Jean-François Sirinelli.