Premier signe du "rendez-vous avec la nation" qu'il annonçait pour 2024, le président de la République a tenu mardi soir une conférence de presse au palais de l'Élysée, alors que le nouveau gouvernement de Gabriel Attal fait déjà face aux critiques.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
Pierre Rosanvallon, professeur émérite au Collège de France
Visuel de la vignette : Ludovic Marin / AFP
#gouvernement #politique #société
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L'Etat providence est malade. Combien de temps les choses pourront t-elles continuer d'aller ainsi ? L'accroissement des impôts et des charges sociales ne risque t-il pas de mettre en péril la compétitivité des entreprises et de saper le dynamisme de l'économie ? C'est la question qui est partout posée. Si les choses restent en l'état, la progression des prélèvements obligatoires se poursuivra en effet inexorablement.
Si dans une nation on voyait comme deux nations, la première remplie de richesses et d'orgueil, la seconde de misères et de murmures, on n'y entendrait pas le mot patrie.
L'engouement pour les statistiques qui a simultanément marqué la période [début 19e siècle] a participé d'un même désir du pays de mieux se connaître et d'exposer à la face des pouvoirs les réalités vécues. Les journaux de la période ont d'ailleurs constaté qu'ils augmentaient leurs ventes lorsqu'ils publiaient des données économiques, sociales ou démographiques sur l'état du pays ou de la société. (p. 40-41)
Le pays ne se sent pas écouté.
Dans "Olbie", un essai de Jean Baptiste Say, publié en 1799, il s'agissait pour l'essentiel, d'une longue exhortatation à vivre sobrement, à se défier de l'excès des richesses, à veiller à ce que l'amour du travail ne soit pas éxité par le désir du gain.
A Olbie, il n'y avait ni opulence excessive, ni extrême indigence.
Les démons de la grande industrie n'avaient pas encore pris place dans cette représentation du monde...
Nos régimes sont considérés comme démocratiques au sens où le pouvoir sort des urnes à l’issue d’une compétition ouverte et où nous vivons dans un État de droit qui reconnaît et protège les libertés individuelles. Démocraties certes largement inachevées. Les représentés se sentent ainsi souvent abandonnés par leurs représentants statutaires, et le peuple, passé le moment électoral, se trouve bien peu souverain.
Il s'agit de redonner consistance au mot "peuple" en l'appréhendant sous sa vitalité. De montrer qu'il n'existe qu'au pluriel, qu'il ne peut être saisi que dans sa diversité et sa complexité.
[...] les individus [ne sont] dorénavant pas tant sensibles à ce qu'ils possédaient à un moment donné qu'à ce qu'ils craignent de perdre ou à ce qu'ils espèrent gagner. C'est de façon dynamique qu'ils considèrent de plus en plus leur existence. "L'individu-histoire", nécessairement singulier, s'est superposé à "l'individu-condition", davantage identifié de façon stable à un groupe, lui-même constitué autour d'une caractéristique centrale. (p. 22)
L'idéologue (…) est un rédacteur de catéchismes, un fabricant de mots d'ordre, un fournisseurs d'arguments chocs pour la polémique. Cet idéologue a, dans tous les cas, un rapport élastique à la notion de vérité.
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La forme la plus insupportable d' inégalité reste en effet liée au sentiment de ne pas être traité comme un être humain , d'être rejeté hors du cercle , considéré comme "un moins que rien".