Avec beaucoup d'émotions,
Tiffany McDaniel nous conte le destin poignant de sa mère
Betty. L'Ohio au milieu des années 50, née d'une mère blanche et d'un père Cherokee, la vie n'a rien de facile pour « la petite indienne ». Entre une mère dans une immense détresse psychologique hantée par les traumatismes de son passé, un frère prédateur qui rôde autour de ses soeurs la bave aux lèvres, une Amérique ségrégationniste,
Tiffany McDaniel nous parle sans fard, ni tabou de la pauvreté, de l'exclusion, du racisme, de l'inceste, du viol, de la dépression, du suicide.
Betty évolue dans un univers sombre et brutal, les tragédies se multiplient à la limite du sordide, l'écoute se fait par moment insoutenable. Eprouvant certes, mais c'est sans compter ces moments de grâce qui touchent le récit et valent à eux seuls le coup de persévérer pour aller jusqu'au bout.
Le personnage qui illumine le récit, c'est son père : London Carpenter. Des figures paternelles comme il est rare d'en croiser dans ce genre de roman. Un homme proche de la nature, porteur de toute la sagesse et de la philosophie de son peuple Cherokee, qui soignent les maux par ses mots, un don qu'il va transmettre à sa « petite indienne » .
Car si la mère de
Betty a insufflé à ses enfants la peur et toute la noirceur d'une enfance d'abus, London Carpenter a réussi à leur donner une part de lumière, une force qui va permettre à
Betty de transcender les tragédies qui ont marquées sa famille, d'apporter de la poésie à la brutalité de son destin.
La voix profonde et envoutante d'Audrey d'Hulstère donne corps au personnage de
Betty. On sent à travers les dialogues, toute la tendresse d'un père, toute la détresse d'une mère, la noirceur de la tragédie qui guette touché par un éclair de lumière et la résilience incroyable de ses personnages qui ont encore le doux espoir de briser le cycle de la violence grâce au pouvoir des mots, ceux de London Carpenter qui ont le pouvoir de tout guérir.