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EAN : 9782898221347
344 pages
Héliotrope (30/11/-1)
2.62/5   4 notes
Résumé :
Baignée par un soleil couchant de juin qui n'en finit plus de jouer à cache-cache avec la cime des monts alentour, la route qui mène vers Thoreau Heights est somptueuse.Les sœurs Leroy – Merline, Alexandrine, Léonie et Rose – remarquent pourtant à peine toute cette beauté. La plus jeune, Rose, est atteinte d'un cancer qui ne laisse malheureusement aucun doute quant à une issue funeste prochaine. Toutes les quatre ont pris la décision de se rendre dans la clinique de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sur le thème de l'euthanasie ( même si le mot n'est que rarement prononcé) , Catherine Mavrikakis envisage avec ironie la marchandisation de la mort et l'obsession de la perfection jusqu'au dernier soupir dans une société qui veut tout contrôler.

Tout commence par le voyage de quatre soeurs qui ont décidé d'emmener la plus jeune d'entre elles, atteinte d'un cancer incurable, dans une clinique fastueuse entre océan et montagne. La docteure Gardner est une femme charismatique et célèbre pour avoir proposé d'accompagner les personnes en fin de vie, ainsi que leurs familles, autour d'un projet artistique censé sublimer la mort.

Au fil du roman, nous découvrons ces quatre femmes, très différentes mais cimentées par les souvenirs d'enfance et un sentiment de sororité toujours présent malgré l'éloignement.
Celle qui va mourir se nomme Rose, elle est autrice de livres jeunesse et en tant que cadette, a toujours reçu beaucoup d'amour. Merline, actrice de théâtre, a mis sa carrière entre parenthèses pour prendre soin de sa petite soeur et a choisi Thoreau Heights pour accompagner sa soeur dans la mort. Léonie, la soeur aînée, a fondé une famille en Australie mais a le sentiment d'un échec, alors qu'Alexandrine s'épuise dans son travail de conseillère financière à Manhattan.
Malgré leurs divergences, elles ont accepté le projet d'une aide médicale à mourir et le séjour commence dans ce manoir magnifique où le personnel s'emploie à satisfaire le moindre désir.

Catherine Mavrikakis, sans tenir un discours critique, s'amuse à présenter certains de ses personnages au travers de l'image qu'ils imaginent renvoyer au commun des mortels, en confrontant cette image avec la réalité de leurs actes.

C'est le cas de Clarisse Gardner, qui se présente comme la médecin souriante, séduisante et empathique qui a profondément révolutionné l'approche de la mort. Elle-même cherche à se persuader de la réalité de cette image, alors que ses actes traduisent son ambition et sa propension à manipuler tous ceux qui la côtoient, y compris sa propre femme.
Tout comme elle cherche à mettre en scène la mort des autres, elle met en scène sa propre vie, dans un décalage parfaitement maîtrisé par l'autrice, entre son image de scientifique humaniste et ses pensées les plus intimes.

C'est également le cas de Thomas de Bruycker, homme de théâtre célèbre recruté avec un salaire mirobolant , pour mener un travail créatif avec la famille Leroy. Il incarne parfaitement l'artiste narcissique et égocentrique qui feint de s'intéresser aux autres mais ne se préoccupe que de lui-même.
"De Bruycker fera passer cette évolution inattendue de sa carrière pour un geste de générosité, d'attention au monde, de care... Voilà le mot à la mode: le care.

" Sur les hauteurs du mont Thoreau" revendique la filiation avec le philosophe et naturaliste qui prônait la proximité avec la nature, mais aussi une sobriété dans le mode de vie. La directrice de la clinique ne cesse de l'évoquer alors qu'elle fait la promotion de la marche dans les montagnes au plus près de la nature. Mais la seule chose que retienne Clarissa Gardner de Thoreau, qu'elle considère comme son maître, c'est que " l'apprentissage de la mort demeure pour la nature, comme pour tous les êtres vivants, le signe d'une aptitude physique inégalable, d'une sagesse quasi divine."

Celle qui s'imagine en visionnaire dans sa conception d'un mouroir artistique, néglige cependant l'essentiel de la philosophie de Thoreau en tant qu'apôtre de la simplicité, de la" pauvreté volontaire" et de la décroissance.
Bien au contraire, à l'aise dans une économie néoliberale, elle cherche à s'enrichir toujours davantage en ciblant une clientèle très aisée pour sa clinique où les gens viennent mourir en payant. Elle réserve en effet ses prestations haut de gamme à une élite sans envisager d'offrir luxe et beauté au reste de l'humanité. Tout en se revendiquant comme humaniste !

L'ironie de Catherine Mavrikakis s'infiltre avec perspicacité dans les moindres failles pour dénoncer le gouffre entre l'être et le paraître. Elle met à nu aussi bien les travers de ceux qui veulent donner aux autres des leçons sur la mort que ceux qui pensent mériter ces leçons parce qu'ils ont de l'argent.
Elle stigmatise ainsi la vanité de ceux qui croient pouvoir triompher du deuil en l'entourant de luxe et de création artistique, comme si la douleur de perdre un être cher pouvait se monnayer, comme si la mort pouvait se planifier comme n'importe quel rendez-vous.
Fort heureusement, Rose a choisi de bouleverser ce planning si minutieusement rôdé !

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critiques presse (3)
L'écrivaine montréalaise Catherine Mavrikakis dénonce les petits aménagements avec la mort dans son nouveau roman, «Sur les hauteurs du mont Thoreau».
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
12 avril 2024
Un roman haletant, une dystopie mordante.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeDevoir
08 avril 2024
Dans son nouveau roman, Catherine Mavrikakis traite avec mordant de l'obsession de la perfection jusque dans la mort.
Lire la critique sur le site : LeDevoir

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#SalonDuLivreDeMontreal #slm2022 Catherine Mavrikakis présente Niagara
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