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EAN : 9782707318466
176 pages
Editions de Minuit (14/01/2004)
3.92/5   73 notes
Résumé :
Ouvrir un livre de Laurent Mauvignier, c’est se préparer à la traversée radicale des cœurs fatigués, malades, ou juste convalescents. Mais quelle traversée ! D’une écriture digne – une fois de plus – d’être directement rattachée au Nouveau Roman, l’auteur continue d’explorer ce que signifie être mort lorsqu’il faut rester vivant. Quatre personnages, le père et son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'avoue avoir été déroutée par le style de ce roman. J'ai trouvé l'écriture assez confuse, car les narrations se mêlent. La trame est aussi très psychologique ce qui fait que ce livre est assez complexe à lire. Ce n'est pas une lecture limpide ou captivante. Ce n'est qu'à la fin du roman que tout se décante, que le voile se lève, et que le lecteur comprend... Mon premier roman de Laurent Mauvignier. Un livre intéressant, mais un style qui déstabilise.
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Premier contact avec Laurent Mauvignier, et me voici marqué..."Seuls" est un de ces livres que vous ne pouvez pas oublier.

Exigeant par le style : on lui retrouve des similitudes avec nombre d'écrivains des éditions de minuit, cette marque de fabrique des Jean Echenoz, Christian Oster, et avant eux les chantres du Nouveau Roman, Michel Butor et Alain Robbe-Grillet, phrases longues et complexes, avec un art consommé des sinuosités. Il faut être concentré, attentif à l'ordonnancement des mots pour tout saisir, ne pas décrocher...mais page après page, l'oeuvre se déroule, mine de rien tant on frise l'unité, l'unicité d'espace, lieu, temps...

Solitude, incommunicabilité des mots, des sentiments, qui restent bloqués à l'intérieur...Tout le roman tourne dans l'incapacité de Tony d'avouer ses sentiments à Pauline, son amie de jeunesse, revenue s'installer quelques mois chez lui en attendant de trouver un appartement. C'est une torture, une tumeur en lui qui le ronge, il lui faut fuir, mais peut-on se sauver de ses fantômes et démons intérieurs ?

Le subtile et le sublime s'effeuillent peu à peu, lorsque les sentiments se complexifient...angoisse, colère sourde, jalousie, lâcheté, peur...et toujours cette solitude qui n'est pas le seul apanage de Tony, mais aussi de Pauline elle-même, et du père de Tony...

L'écriture est éprouvante, on l'a dit, le malaise et la tension sont permanents, et vont crescendo avec l'appréhension de voir le drame survenir. Tous les personnages souffrent en silence, pudiques, et sont cabossés, ambivalents... la maestria de l'auteur est de nous rendre cette ambiance parfaitement palpable par le mode de narration, puisque se succèdent, immergés dans le drame qui se noue, le père de Tony et le nouvel ami de Pauline, si seul lui aussi dans sa responsabilité et sa panique de la catastrophe qu'il pressent !!!

Une saisissante illustration du drame de l'humain, bien seul dans sa peau de mortel, avec une âme parfois bien en peine lorsqu'il est handicapé des sentiments, que le courage, le sens lui manquent, que les mots ne sortent pas et l'étouffent, le menaçant de folie, d'auto-destruction et mettant son entourage en danger...

Un livre bouleversant, à n'entamer qu'en période de moral au beau fixe...










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N°1731 – Avril 2023

SeulsLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

Un soir Pauline appelle Tony pour qu'il vienne la chercher à l'aéroport. Lui qui vit seul d'un travail qu'il n'aime pas, veut y voir un signe du destin qui va précipiter les choses et faire revenir vers lui cette jeune fille devenue femme qu'il connaît depuis l'enfance et à qui il n'a jamais cessé de penser depuis qu'ils étaient étudiants ensemble. A cette époque ils partageaient un appartement en colocataires et il n'y avait entre eux qu'une solide amitié, une vie de frère et soeur. Puis elle est partie longtemps à l'étranger avec un homme, abandonnant tout. Avec son accord elle s'installera chez lui le temps de trouver un appartement. Pendant quelques temps ils vivront donc ensemble, comme ils l'ont déjà fait jadis, et pour les yeux des autres seront comme un couple d'amoureux, singeant une vie de couple. Ce mensonge le ravit et il voudrait que cela dure toujours, qu'elle reste enfin avec lui, devienne amoureuse de lui. Il revit au point d'envisager de quitter son travail, de reprendre ses études... Pourtant, tout les a toujours séparé, elle était toujours très courtisée et lui était un garçon complexé, sentimental, idéaliste, timide et qui rêvait d'un « grand amour » et elle était sensuelle, libre et aimait l'amour physique. Rien n'a changé entre eux mais la réapparition inattendue de Pauline réveille pour Tony cet amour refoulé qu'il a toujours éprouvé pour elle sans oser le lui avouer et sans même qu'elle-même s'en aperçoive. Maintenant, c'est un peu comme s'il voulait rattraper le temps perdu et il transforme son appartement pour que Pauline s'y sente bien et peut-être y reste, une démarche pourtant vouée à l'échec Leur relation est révélatrice de la complexité de l'être humain qui trahit à la fois son besoin d'être aimé et la crainte de l'être, l'illustration de l'attirance et de la répulsion des êtres entre eux. Mais Pauline se lasse vite de cette monotonie, de cette routine banale de Tony devenu vieux garçon à force de l'attendre et disparaît à nouveau et s'installe avec Guillaume, plongeant Tony dans un désespoir dévastateur qui provoque sa disparition brutale dont le père cherche l'explication auprès de Pauline.
De ce roman au titre évocateur il ressort une grande solitude, une fragilité, celle du père qu'on sent tourmenté, désemparé face à ses souvenirs de guerre, qui s'aperçoit bien tard qu'il est passé à côté de ce fils sans avoir cherché à le connaître et peut-être à l' aider, celle de Tony, ballotté par les événements qui s'imposent à lui mais aussi celle de Pauline, incapable de se fixer et qui ne pense qu'à elle. C'est un peu comme si, hautaine, indifférente, volontiers arrogante, elle vivait à ses côtés sans le voir, comme s'il était un témoin transparent, impuissant face aux aventures amoureuse de cette femme. J'ai même eu l'impression qu'elle jouait avec lui, avec sa candeur, avec sa timidité et prenait un certain plaisir à détruire tous les espoirs fous que Tony avait tressés et auxquels il s'accrochait désespérément. Ce sont à l'évidence deux êtres qui ne se ressemblent pas, qui ne sont pas faits l'un pour l'autre mais que la vie a réuni pour mieux les séparer et pour qui la vie commune eût été impossible, de toute manière.
Cette impression de solitude est renforcé par l'absence de dialogues, le style est fluide, poétique parfois, agréable à lire malgré des phrases un peu longues.
Je redis ici que j'apprécie cet auteur pour la qualité de son style, à la fois simple et précis mais aussi pour les thèmes de réflexion qu'il choisis pour nourrir son oeuvre.
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Difficile sujet que celui de la solitude. Une matière complexe à aborder, qui l'est encore plus lorsqu'à celle-ci s'adjoint l'Amour, fou et désordonné, destructeur. Et pourtant. D'une écriture singulière et remarquablement touchante, Laurent Mauvigner trace ici les contours, tantôt flous, tantôt acérés, d'êtres auxquels la vie ne cesse d'échapper, et qui, en voulant se rejoindre, s'abîment finalement dans des abysses de tristesse et d'isolement.

Au centre de cette histoire, Tony. Jeune homme complexe et complexé, voguant en solitaire dans une vie qui ne lui appartient plus, seul avec ses souvenirs d'un Amour presque irréel, sa soif d'un corps et d'un coeur qui toujours se refusent à lui. Tony, et son futur mis entre parenthèses quand Pauline est partie. Son existence aux reflets d'alcool et de nuit, immobile.

Il n'aime qu'elle, ne veut qu'elle, cette femme qui se perd dans les bras des hommes. Cet objet de désir et de désespoir, qu'il ne sait pouvoir posséder qu'en tant qu'amie.
Et voilà qu'elle revient, comme sortie de nulle part. S'installant chez Tony pour quelques jours de vie ensemble, comme lorsqu'ils étaient jeunes.

Alors, pour quelques temps, il faudra nier la vérité, s'étourdir encore, comme avant, étouffer les battements de coeur qui résonnent pour la bien-aimée aveugle à l'Amour dévorant. S'effacer, devant les nuits du passé où elle lui hurlait sa douleur et sa déception, à lui, lui seul qui ne l'a jamais abandonnée, lui enfermé, cadenassé dans son rôle bienveillant. Lui qu'elle n'a jamais vu comme un homme.

Mais l'Amour peut-il être ainsi caché ? Jusqu'où peut-on nier l'existence de l'Autre ? le temps de quelques pages, l'auteur nous invite à cette difficile réflexion sur l'égoïsme, le manque de compréhension et le poids de la solitude.

Ce roman est le récit tragique d'un Amour désavoué, d'un homme qui ne mérite rien, d'une vie marquée par l'attente, et qui peu à peu se désagrège. C'est le combat perdu d'avance de celui qui a fait de l'Amour d'une femme la vocation de sa vie toute entière, suspendu aux paroles qui blessent, aux récits des enlacements qu'il ne connaitra jamais. C'est le long glissement, presque imperceptible, vers la folie dévastatrice, vers la fin inéluctable, apogée d'un mal construit sur le silence.

Un très grand roman.











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Depuis qu'ils sont enfants, Tony aime Pauline. Il a toujours été là pour elle comme l'ami sur qui on peut compter : chagrins amoureux, nuits brouillées par l'alcool ou les pleurs. Pauline l'a toujours considéré comme un frère. Même quand ils étaient tous les deux étudiants, elle n'a pas voulu voir ses regards où l'amour était bien présent. Tony ne lui a jamais rien avoué. Quand Pauline est partie suivre Guillaume à l'étranger, Tony a arrêté la fac pour une vie fade et un boulot alimentaire.

Un jour elle l'appelle. Elle revient et lui demande de venir la chercher à l'aéroport. Elle s'installe chez lui provisoirement, le temps de trouver un appartement et un travail. Il le lui a proposé avec cette idée que les mensonges que l'on se fabrique peuvent devenir réalité. Et tous deux ont joué à une parodie : sorties, cinéma, restaurant. Toujours tous les deux. Tony la surveillant mine de rien, ayant trop peur qu'elle s'envole pour une nuit avec quelqu'un. Un soir, elle s'est faite belle car elle a une nouvelle à lui annoncer. Elle va se remettre en couple avec Guillaume et Tony devrait être content pour elle, avoir des sourires de pacotille et la féliciter. Faire comme si une fois de plus. Mais Tony ne peut plus. Un trop plein de non-dits refoulées depuis longtemps, de cet amour qui le consume à le rendre fou, de sa relation faite de silences avec son père. Tony disparaît.

Ce père enseveli sous le poids de l'Algérie et de la mort de sa femme cherche à comprendre. Il demande de l'aide à Pauline et l'accuse. Pas ouvertement ni franchement mais à demi-mots. Et Pauline lui renvoie au visage les blessures cachées de son fils. le père perd espoir de revoir son fils.

Des personnages qui sont seuls ni innocents ni coupables et qui se cognent, se cherchent tels des phalènes devant le scintillement d'une lumière. Ils encaissent les heurts ou ne veulent pas voir l'étendue dévastatrice de leurs silences. Les voix comblent peu à peu ce qui n'a pas été forcément raconté jusqu'à ce que l'inéluctable sans concession se produise .

Une écriture magnifique, une construction admirable pour une lecture qui implose les silences, dépeint les drames de vies tissées sur un quotidien bancal.
Que dire de plus? Laurent Mauvignier est un maestro...
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Il a attendu parmi les hommes et les femmes, au milieu du bruit des pas et des premiers cris de retrouvailles, qu'une image vienne à lui, qu'elle le submerge, qu'elle soit là, dans l'oeil, dans la tête et tout le corps et tout en lui a été envahi par ces yeux que soudain il a vus : ce sourire, très vite, ces bras autour de son cou comme un collier de chair et d'air. Et alors il n'a plus pensé à rien. Il a rougi, ses yeux ont brillé. Et puis ce soulagement, cette douceur intacte et les larmes dans leurs yeux à tous les deux - Pauline, Tony, avec dans le regard des autres comme si ces deux-là ne s'étaient jamais séparés.
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Il se disait, les choses importantes sont celles-ci : les marches dans la ville, la mer, des nuages au-dessus des têtes et puis les livres, les films et aussi les carnets, les feutres rouges pour vider de soi tout ce qui n'y tient pas, quelques soûleries, de quoi s'abrutir, les oiseaux, le petit matin, faire l'amour et n'attendre rien que le plaisir de l'amour. Du temps et un travail pénible et l'envie de faire autre chose, de partir encore, comme, après que Pauline était partie à l'étranger, il avait eu le courage de partir en Toscane, à Londres et à Berlin.
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Oh oui, il a parlé de la colère, du vacarme qu'on fait tous, de l'envie furieuse parfois d'aimer, de jeter, de casser et d'embrasser, dans le même mouvement les larmes, les rires, n'être plus rien qu'un mouvement, une chose, être aussi vrai qu'un caillou, un bout de bois, que chiffon ou colère, ce mouvement qui ouvre la terre en deux et précipite les livres et les femmes, les gentillesses et les tendresses des grands-mères, loin : que tout s'écrase dans un grand vacarme et qu'on ne parle plus, de rien.
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Et lui qui l’aimait peut-être pour ça, uniquement pour cette façon qu’elle avait toujours eue de se couler dans l’air du temps et le regard des autres. Cette manière insaisissable, les mouvements qui savaient la délicatesse de glisser d’un homme à l’autre, d’un pays à l’autre comme elle avait fait, sans se soucier de ce qu’elle laissait derrière elle : une famille inquiète quelque part en Bretagne, qui prenait le train des nouvelles selon le bon vouloir des postes, des amis, et lui, Tony, qui était resté planté là. La matière dont son corps à elle était fait, cette fluidité, cette façon de tenir sur la pointe des pieds comme si rien ne pouvait jamais la blesser puisqu’elle était pour ça trop volatile – un corps léger et doux que Tony traitait de girouette, de temps à autre, pour ne pas s’effondrer en voyant comment il lui glissait des doigts.
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Il a parlé et sa voix ne tremblait pas. Elle m'a dit, sa voix était forte et claire quand il a dit qu'il aimait la vie avec sauvagerie, avec cruauté. Que c'était la colère et la vengeance d'aimer la vie comme vouloir par les yeux et dans les oreilles tout ce qu'il y a de ciel et d'oiseaux, de cris, de vent, qu'il ouvrait la bouche à s'en déchirer les lèvres pour que s’engouffrent l'odeur des oins et des résines, les grains de sable et les voix détestables des râleurs et des bavards, avec l'envie folle et légère de se jeter dans les décors ou d'entrer chez les gens, n'importe lesquels, pour mépriser quelques-uns des défauts qu'il n'aurait dû reprocher qu'à lui-même. Oh oui, il a parlé de la colère, du vacarme qu'on fait tous, de l'envie furieuse parfois d'aimer, de jeter, de casser et d'embrasser dans le même mouvement les larmes, les rires, n'être plus rien qu'un mouvement, une chose, être aussi vrai qu'un caillou, un bout de bois, que chiffon ou colère, ce mouvement qui ouvre la terre en deux et précipite les livres et les femmes, les gentillesses et les tendresses des grands-mères, loin : que tout s'écrase dans un grand vacarme et qu'on ne parle plus, de rien.
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Vidéo de Laurent Mauvignier
Place au théâtre dans le débat, nos critiques passent en revue la réinterprétation de "L'opéra de quat'sous" par Thomas Ostermeier et la première mise en scène de Laurent Mauvignier, d'après son texte "Proches".
#théâtre #critique #culture ________________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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