C’est pas un métier pour toi. C’est trop dur, mon amour. T’es un petit oiseau. Une petite reine. Et une petite reine, ça fait pas les sales boulots.
Quand ça s’arrange d’un côté, ça merde de l’autre. Mais lui, malgré ses airs de dur, je crois qu’il vaut mieux le prendre par la douceur.
Les ordres et contrordres on connaît. Alors quand on est sur une affaire on aime bien garder un œil… Jusqu’au bout.
Dans la vie, on n’en finit jamais de payer pour ce qu’on a fait. Et personne ne vous laisse jamais remettre le compteur à zéro.
« Et on se noie. L’un dans l’autre. Dans la joie et la douleur. Et je lui raconte tout ou presque. La dérive, l’espoir et le désespoir. L’écœurement surtout et Bob et la mission. Tout. Et jamais on a été si heureux. »
« Je me recroqueville au bord du lit. Je lui tourne le dos et je replonge dans cette nuit d’enfer. Et puis, il se colle contre moi.
Doucement, sa chaleur m’envahit. Il pose ses mains sur mon corps. Tout doucement, il les passe sur chacune de mes plaies, comme s’il savait. Comme s’il m’avait suivie toute la nuit. »
« - Victor ?
Doucement, tout doucement, il s’écroule contre moi. Je glisse ma main sous son manteau. C’est chaud et gluant. Je cherche son coeur. Y en a plus. Y en a jamais eu. »
« - Eh Marco… Si on restait ?
- Ben, on rentre que demain…
- Mais si on restait toujours…
- T’as raison. Je serai gondolier et toi tu voudrais des graines pour pigeons.
- On gagnerait pas beaucoup de sous mais assez pour avoir des bambini, cinq ou six.
- Six : trois garçons, trois filles.
- On habiterait le rez-de-chaussée d’un palais… Et quand il pleuvrait, on aurait de l’eau dans la maison…
- Mais on s’en foutrait. On aurait de grandes bottes et on mettrait le lit sur la table.
- Un grand lit.
- Immense.
- Tu sais, y en a un qu’est pas mal, à l’hôtel…
- Marco ! Marco ! T’as de mauvaises pensées…
- Très mauvaises !
On fonce à l’hôtel.
« - Buongiorno… Euh, voliamo due… assiettes San Daniele et du formaggio et des frutti et due grandes bouteilles d’aqua… parce qu’on boit beaucoup, mon mari et moi, quand on fait l’amour…
Marco essaie de m’arracher le téléphone mais je tiens bon.
- … Grazzie mille.
Je raccroche.
- T’es complètement folle ?
- Oui, de toi. »
« Dehors, j’ai envie de courir, de sauter.
Je me sens toute neuve. »