De quoi je me mêle : Dit ma mère. C'est une sale petite fuite. C'etait une averse terrible. Tu devrais jeter ces saletés. Quel fléau ! Tu es devenu fou. En hiver, on allume du feu chaque matin
Le tandir s'allume chaque matin dans le ciel ottoman. L'air ne refroidit pas le feu. Ma commission d'abord. Je le dis d'un trait, sûr de moi Je le donne à un enfant malade. Je tiens bon.
J'ai dix-huit ans. le bétail est misérable. Quand le lutteur est fatigue. Ils tendent un grand kilim. notre provision de paille s'est épuisée au milieu de l'hiver. Alors il a fallu récolter du fourrage.
Qui le sait?
Qui s'en soucie?
Commenter  J’apprécie         340
L'auteur est instituteur dans un village isolé du centre de l'Anatolie (Turquie). Il raconte sa vie et celle des villageois qui l'entourent, à la fin des années 1940. Il décrit et commente de nombreux sujets : du cadre de vie (habitat, mobilier, etc.) aux rites sociétaux (fiançailles, mariages, cérémonies mortuaires, fêtes et jeux, etc.), en passant par la vie quotidienne (alimentation, hygiène, activités économiques...) et les mentalités (superstitions, rapports à la religion...).
La misère et les difficultés à vivre dans un environnement au climat hostile prédominent : problèmes pour se chauffer et s'éclairer, faim, absence d'hygiène et de soins... L'auteur ne limite cependant pas son propos à ces constats : il analyse des facteurs empêchant ses compatriotes de sortir de leurs difficultés, notamment le manque d'éducation scolaire et l'analphabétisme qui en résulte, ainsi que le poids des traditions et de la religion musulmane (dont les représentants craignent de perdre leur influence et leurs avantages en cas d'accès généralisé à la culture). Les techniques agronomiques restent inadaptées (la bouse de vache sert de combustible plutôt que d'amendement, l'irrigation est exceptionnelle, etc.), l'hygiène se limite presque aux ablutions dont la finalité est surtout symbolique, la prière semble être - à juste titre compte tenu des méthodes de soins usitées - la moins dangereuse des façons de se soigner...
La postface de l'édition présentée ici est plus positive puisqu'elle présente la situation du village dans les années 1970, en net progrès, notamment grâce aux subsides envoyés par les anatoliens émigrés en Allemagne et à la scolarisation qui a accompagné un développement économique récent.
Cet ouvrage très complet est très intéressant. L'honnêteté intellectuelle de l'auteur est à souligner : jamais il ne se donne le beau rôle, il se présente simplement comme quelqu'un qui a eu la chance d'étudier et qui aimerait faire partager son savoir.
Commenter  J’apprécie         190
Dans les années 1940, un jeune instituteur d'un tout petit village reculé de l'Anatolie, raconte sa vie dans ce coin oublié.
Il décrit l'extrême pauvreté des habitants, la vie incroyablement difficile des femmes, le poids de certaines personnes sur le reste de la population.
Un témoignage très fort qui a eu des répercussions en Turquie.
Commenter  J’apprécie         00
Tout ce que je vois, hommes, bêtes et choses, tout semble me dire : « Parle de moi ! ». Je veux décrire le village inconnu, l’Anatolie. Il faut écrire. Autrement, au milieu de tous les obstacles, je finirais par oublier, ce que je sais.
Aussi, le vrai moment du travail est-il la nuit. A la fraîche, en été, les autres dorment sur le toit. Je demeure seul à l’intérieur, et au plus profond de la nuit silencieuse, je me sens merveilleusement heureux. C’est le moment de lire et d’écrire. Lire, c’est facile : je m’assieds ou me couche. Mais écrire, quel problème !
La vie est aisée pour ceux qui ont leurs affaires bien réglées. Ou qu’ils aillent, leurs soucis ne sont pas grands : amour, regrets, mal du pays… Moi, j’ai renoncé à tout cela ; je ne pense qu’aux difficultés de l’heure.