Après avoir lu et apprécié «
le dit du Mistral » et plus récemment «
le temps des grêlons », je n'ai pu résister à la tentation de découvrir le tout dernier roman d'
Olivier Mak-Bouchard.
C'est un livre qui se prête aux lectures d'été car ce nouveau roman au charme provençal est à l'image de sa magnifique couverture : chaleureux, coloré, lumineux. C'est avec le sourire aux lèvres que j'ai ouvert ce roman, c'est le sourire aux lèvres que, quelques heures plus tard, je l'ai refermé.
Pour mon plus grand plaisir, l'auteur a renouvelé sa confiance en l'illustratrice Phileas Dog qui a su capter l'esprit des romans de l'auteur. Avec un choix restreint de couleurs chaudes, l'artiste peint les montagnes du Lubéron et les forêts de cèdres chères à l'auteur. Elle s'inspire également d'un thème récurrent dans les récits d'
Olivier Mak-Bouchard : l'environnement, la nature, la faune et la flore sauvages. Un chat noir refait son apparition, ce n'est pas le Hussard de son premier roman, mais il est tout aussi malicieux et craquant !
Et puis bien alignés, quelques objets insolites et discrets, mais qui ont leur importance !
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Le narrateur rêve depuis tout petit d'être potier, mais les caprices de la vie feront qu'il deviendra vendeur dans un magasin de bricolage. C'est un métier insipide et ennuyeux, mais le jeune homme s'en contente, frustré, résigné.
Jusqu'au jour où il perd son emploi et trouve en rentrant chez lui, un chat famélique devant la porte de sa maison.
« On aurait dit un clochard qui avait dégoté un costume trois-pièces à l'Armée du salut et qui faisait la manche à la sortie de l'opéra. Il m'a regardé droit dans les yeux et a miaulé. C'était sans équivoque : « Une petite pièce pour manger s'il vous plaît. »»
Cette journée pourrait être la pire de sa vie, mais elle va au contraire être l'occasion d'une remise en question et d'un nouveau départ.
Ainsi, l'histoire nous parle d'accidents de parcours, des hasards de la vie et des caprices du destin, de rêves et de revers, de volonté et de persévérance, de coïncidence ou de chance, de rencontres et d'espoirs.
« … j'aimerais juste avoir une machine à remonter le temps et interrompre ces adultes qui savent tout, me pencher vers cet ado pour lui dire que non, ce n'est pas parce que tout s'est pété la gueule qu'il ne faut pas croire en soi. S'asseoir sur ses rêves. »
Entre fable sociale, roman de terroir et conte initiatique, ce récit aux odeurs de Provence et saupoudré d'une pointe de réalisme magique, questionne une nouvelle fois les maux de notre époque : l'environnement, le réchauffement climatique, les déserts médicaux, le chômage.
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J'aime beaucoup les romans d'
Olivier Mak-Bouchard. Porté par une écriture fluide et sensible, l'auteur parvient à un juste équilibre entre fantaisie et réalité. On ressent immédiatement l'authenticité et la générosité dans l'écriture, l'attachement à ses personnages, l'humour léger et agréable, l'originalité du récit dans lequel il y a toujours une part d'imprévu, de mystère et de magie.
La construction du récit est originale. Structuré en trois parties, chacune laissant un narrateur différent s'exprimer, elle forme un tout dans les toutes dernières pages. Encore une fois, il faut absolument lire jusqu'à la toute fin pour se rendre compte que tout est lié, emboîté et réfléchi depuis le début.
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Olivier Mak-Bouchard a un véritable talent de conteur : il sait installer un décor, une ambiance qui glisse tout doucement vers l'étrange, l'onirisme et le surnaturel, créer des personnages vrais et attachants que l'on a envie de suivre.
Il faut dire que l'un des points forts de l'auteur est sa capacité à raconter, avec humanité, tendresse et humour, la vie simple de gens ordinaires : un jeune homme timide, perdu, qui se mésestime et cherche sa voie ; une vétérinaire engagée ; un frère protecteur, postier syndiqué ; un passeur de feu qui n'y voit que du feu. L'espace d'un clin d'oeil, l'auteur s'amuse même à évoquer les deux personnages de «
le dit du Mistral ».
On rencontre également un chat facétieux et bavard, des santons qui prennent vie, un aigle qui se prend pour un pigeon voyageur.
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Olivier Mak-Bouchard parle avec émotions et poésie du Lubéron, terre de traditions, d'Histoire et de légendes.
L'auteur exalte la beauté de ce petit coin de terre pittoresque et sauvage, niché au coeur de la Provence. En ouvrant ses romans, c'est la région montagneuse du Luberon qui émerge et nos sens sont tout de suite mis en éveil. Sous un soleil du midi, les paysages déroulent leurs camaïeux d'ocres, de verts, de jaunes et de bleus. Entre les champs et les forêts de cèdres, notre odorat s'éveille aux parfums de tournesols, de romarin, de lavande et de résine. Et puis, notre ouïe ne peut rester insensible au bruit de la nature, qui, insensiblement, enveloppe le paysage sonore d'une douce musique. On s'évade alors dans cette histoire rocambolesque et cocasse.
Le Lubéron se fait aussi mystique sous la jolie plume de l'auteur. Au coeur de la Provence, se cachent des mythes et des légendes venus d'ici et d'ailleurs.
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Au final, «
La ballade du feu » est une lecture singulière, dépaysante, touchante. Ancrée dans les terres provençales, elle est une petite parenthèse pleine de douceur et de réconfort qui donne à réfléchir sur la vie et donne des envies de voyage et de liberté.
En un mot : solaire !
Olivier Mak-Bouchard est un écrivain que j'aurai plaisir à retrouver.