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EAN : 978B087C7C76P
18 pages
Humensis (04/05/2020)
4/5   2 notes
Résumé :
"« Demain est un autre jour », « il y aura un avant et un après » : notre goût pour les lapalissades temporelles est indémodable. Tout comme le rêve de table rase qui les alimente. Que nous dit cette paradoxale nostalgie d’un futur rayonnant, forgé dans le feu des crises ? L’espoir du renouveau est-il la marque des esprits vivaces, qui savent faire bon usage d’une mauvaise fortune et voient la possibilité d’un changement radical là où tout ne semble qu’adversité ? O... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le livre se termine sur ces mots : "les pages les plus difficiles à assimiler ne sont pas faites pour être tournées, mais pour être relues." L'auteur fait référence à Albert Camus dont elle est une spécialiste mais cela vaut également pour son propre texte. Je l'ai trouvé assez difficile à lire. le contenu est bien sûr philosophique (Marylin Maeso est philosophe) avec des locutions latines (crisis, kairos, mutatis mutandis), des ismes (tropismes, historicisme) et autres notions compliquées (téléologique, hybristique). Il est surtout très littéraire. C'est très bien écrit. J'ai particulièrement apprécié les quelques traits d'humour (n'est-ce pas la politesse du désespoir ?). Il y a aussi un regard amusé, dès le titre, sur les expressions sur le thème de l'après (la collection est intitulée "Et après ?").

Je dois avouer que j'ai souvent dû relire des phrases plusieurs fois. J'ai même tout relu à deux reprises. C'est l'avantage de ce format court (il peut tenir sur 6 pages), on peut bien l'étudier et l'annoter. Surtout que l'éditeur n'a pas inclu de verrou numérique. Une belle initiative donc et un prix modique (2€) pour ce petit essai uniquement disponible en version électronique. On est quand même plus proche de la dissertation philosophique à mon avis. Marylin Maeso est bonne élève mais je ne suis pas prof, et j'ai eu un peu de mal à donner une note à son devoir. Cela dit je peux vous dire que si la forme m'a emballé, je suis plus mitigé en ce qui concerne le fond. En voici quand même un résumé.


Nous avons tous été confronté au même événement, quelle que soit notre personnalité, que l'on soit insouciant ou au contraire que l'on se préoccupe de l'avenir. C'est de ces "hérauts de l'après" dont il est ici question. Ces prophètes, optimistes, opportunistes ou alors complotistes. Ces révolutionnaires, poètes ou rebelles. Ces obsédés du grand soir et des lendemains qui chantent (ou pas) partagent une même précipitation imprudente. Il faut dire que la période paradoxalement excitante du confinement a favorisé l'effusion de paroles au détriment de la réflexion approfondie. Ces mots ont certes pu soulager temporairement et superficiellement nos maux : présent pesant, impatience, espoir de changement, spectateur qui préférerait être acteur du changement… Beaucoup ont voulu saisir l'opportunité, prendre la parole, passer à la télévision au stade oral… Sans doute aurait-il été plus sage de s'en tenir au stade écrit, au travail de fond plutôt qu'aux jugements à l'emporte-pièce, au rôle d'artisan plutôt que d'avocat, de jardinier plus que de poète.

Quel moment plus propice en effet que celui-ci pour cultiver son jardin intime. L'auteur semble avoir de l'affinité avec cette simplicité involontaire retrouvée, ce cadeau du présent qu'à représenté cette période. Mais cette fuite sympathique ne dure qu'un moment. Car quand nous sommes vraiment coincés, nous sortons les griffes pour nous défendre, et bien souvent, attaquer. On se met alors à utiliser un vocabulaire guerrier, à rechercher des coupables ou au contraire des bergers pour nous guider, nous autres pauvres brebis confinées. Voilà comment un simple virus est instrumentalisé par ceux qui n'osent pas dire "je ne sais pas" ou "je ne peux pas" et préfèrent feindre un volontarisme faussement naïf plutôt que d'assumer un fatalisme plus réaliste.

La réalité c'est que nous sommes des animaux, fragiles, inadaptés, se débattant maladroitement face aux éléments et aux événements. Des cigales trop occupées à profiter du présent et à chanter l'avenir. Car on rêve d'un après comme on rêve d'un ailleurs, pour échapper à l'ici et maintenant, au travail de fourmi consistant à construire notre futur sur les fondations et les enseignements du passé. de ce passé certains utopistes voudrais faire table rase afin de tout reconstruire sur de nouvelles bases. Mais alors combien de morts faudra-t-il décompter ? Est-il nécessaire que la maison brûle pour commencer à prévenir l'incendie ? Hélas, nombreux sont ceux qui ont besoin d'avoir le feu au cul pour se le bouger. Ceux qui connaissent L Histoire connaissent cette nature humaine immuable, ce cycle répété à l'infini, ce jour sans fin et sans véritable lendemain, cet éternel recommencement sans nirvana à l'horizon. Ce cycle le voici : quand les temps sont particulièrement durs, l'énergie du désespoir nous pousse à bosser et à rouler notre bosse, comme Sisyphe. On a alors beaucoup d'espoir et on consent à faire beaucoup d'efforts. Mais cela a peu d'effets, peu d'avancées, il arrive même qu'on recule et qu'il faille tout recommencer. C'est le temps de la déception d'un grand soir libérateur, d'un fraîche nuit de repos qui n'arrive jamais. A moins qu'au lieu de regarder hâtivement devant nous, nous revenions un moment sur nos pas, afin d'étudier le passé, mieux comprendre le présent, et peut-être se préparer au pire à venir.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
De "plus jamais ça " en "der des ders", la pensée de l'"après " comme antidote aux errances de l'"avant" est un baume qui conjure pour un temps l'insoutenable légèreté de l'être humain.
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On croit au pouvoir nucléaire d’une crise, qu’elle soit sanitaire ou « de la quarantaine », on l’imagine irradiant le réel pour lui dessiner des contours inédits, parce qu’il est plus grisant de se rêver en démiurge que de s’accepter en petit ouvrier harassé de l’ingrate inertie humaine.
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Les pages les plus difficiles à assimiler ne sont pas faites pour être tournées, mais pour être relues.
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Beau malheur que celui des êtres qui, ne sachant demeurer en repos dans une chambre, font d’un confinement contraint l’occasion d’une ouverture enthousiaste sur le champ des possibles.
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la pensée de l’« après » comme antidote aux errances de l’« avant » est un baume qui conjure pour un temps l’insoutenable légèreté de l’être humain.
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Videos de Marylin Maeso (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marylin Maeso
Marylin Maeso, spécialiste de la pensée d'Albert Camus, travaille sur l'essentialisme et la philosophie politique contemporaine. Auteure notamment des "Lents demains qui chantent" (2020) à L'Observatoire, elle avait auparavant publié "Les conspirateurs du silence" (coll."La relève" dirigée par Adèle van Reeth, L'Observatoire, 2018). Un essai qui dénonce l'"esprit de système" qui aujourd'hui empêche tout dialogue. C'est notamment le cas sur Twitter, réseau auquel Marylin Maeso s'est inscrite en 2016 et dont l'évolution nous parle d'un mal qui a pris la société entière. En outre, dit-elle, l'anonymat y sert de catalyseur de haine.
Une émission avec Julien Bisson, rédacteur en chef de l'hebdomadaire "Le Un".
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