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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'été 1943 à Bologne.
L'Italie est fasciste, mais en quelques semaines elle passe de la domination de Mussolini à sa chute puis à l'occupation allemande.
Au commissariat, les policiers régissent différemment selon les individus.
De Luca, policier obstiné et désabusé, mène inlassablement ses enquêtes.
Dans la dernière en date, un cadavre sans tête, puis une tête sans cadavre.
Lui seul va s'y intéresser et découvrir que les deux ne correspondent pas, et qu'il met le doigt dans un trafic d'héroïne et dans un système mafieux.

Le ton du récit et le personnage du commissaire rappellent les polars de Philip Kerr et de son héros Bernie.
Quelques jours après la lecture, j'ai du mal à me souvenir des détails de la résolution, et pourtant j'ai l'impression de bien connaître De Luca, Bologne en cette année 1943 ainsi que ses habitants...
C'est ce qu'on appelle un roman policier d'atmosphère, cette atmosphère m'a bien séduite et j'y reviendrai !

Merci à Babelio/ Masse critique et Métailié.
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Bologne, juillet à septembre 1943. Les unes du quotidien Il Resto del Carlino débutent chaque chapitre et situent bien ainsi les temps troublés et les événements qui se succèdent : débarquement en Sicile, chute de Mussolini, bombardements sur Bologne... Pourtant, étrangement, le commissaire De Luca reste assez imperméable à tout ce qui ressemble à de la politique et se concentre sur l'affaire d'un corps sans tête retrouvé dans une maison lors d'une perquisition. Sa ténacité lui permet d'avancer dans ses investigations, même contre l'avis de son supérieur, mais toujours pas de tête ! Et lorsqu'enfin, il en trouve une, elle ne correspond pas au corps.
J'avais déjà lu un roman de Carlo Lucarelli, de la série qui se passait au XIXème siècle en Erythrée, je découvre ce nouvel enquêteur avec le deuxième roman de la série, mais qui revient sur ses débuts. le contexte historique et les personnages sont intéressants, je me suis peut-être un peu désintéressée de l'enquête à un certain moment, puisque deux semaines après avoir terminé, je ne me souviens plus de la résolution. Mais bon, c'est un polar solide et bien écrit, rien à redire.
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Bologne 1943

L'histoire commence le  24 juillet 1943 tandis que les combats font rage en Sicile et se termine , le jeudi 2 décembre 1943 avec la déportation des Juifs. Entre temps, la situation politique et militaire est très confuse : juillet, Mussolini démissionne, le Roi prend le commandement des armées avec Badoglio. Début septembre, les Allemands occupent Bologne, la République est proclamée et les fascistes sont de retour sous la coupe des occupants.

"Mais qu'est-ce qui se passe ? – Mussolini est tombé, dit l'agent. – Il s'est fait mal ? demanda De Luca. Les
policiers échangèrent des regards perplexes avant de se mettre à rire. – Mais non ! le gouvernement est tombé."

L'auteur rythme le récit de l'intrigue policière par les titres du journal local, Il resto del Carlino, évènements marquants  aussi rationnement alimentaire, sortie de films et même émissions de la radio.

Le commissaire De Luca est un policier consciencieux, en cherchant à démanteler un réseau de marché noir, il butte sur un cadavre. Cadavre sans tête. Suivant son flair d'enquêteur, il découvre une tête sans corps. Affaire résolue? Pas du tout, la tête n'est pas celle du cadavre! De Luca se laisse emporter par cette énigme malgré la réticence de ses chefs.

"Alors qu'il peut arriver n'importe quoi… les fascistes, bon, ceux-là, maintenant… mais les communistes, qui  sait, bref, il peut arriver n'importe quoi et nous, au lieu d'aider à garder la situation en main, on va à la chasse…  de quoi, De Luca, mon garçon, de quoi ? "

Alors que les bombardements font des dizaines de victimes civiles, que les combats dans le sud de l'Italie sont meurtriers, que des italiens sur le front de l'Est ne reviendront pas, qui se soucie de l'assassinat de deux inconnus? Même s'ils deviendront quatre. Et encore moins s'il s'agit d'un Trafiquant de marché noir, un aristocrate débauché, joueur et de trafic de cocaïne! La corruption gangrène aussi bien les autorités. Et surtout quand on découvre que l'une des victimes était un juif et l'autre un albanais, c'est connu, les Albanais ont un code, le Kanun, qui dicte des vengeances cruelles!

"Un apatride et un interné. Qui ça intéresse ? Je ne peux pas nier qu'on l'aurait fait encore, mais faites-moi
confiance, je n'aurais choisi que des gens comme ça. Juifs, exilés, réfugiés, internés, deux ou trois, quatre au
maximum, pas plus. Qui ça intéresse ? Qui en sent le manque ?"

Alors que dans les rues on défile en chantant Bandiera Rossa 

 une inscription à la peinture rouge sur le mur, “Nous voulons des pâtes et de l'huile, Badoglio et le roi à la cave, le Duce à la guillotine”,

Dans les bureaux des chefs, on complote, on cache les portraits du duce compromettants, on organise sa fuite et on met à l'abri ce qui peut être utile. On se défile de ses responsabilités. Cachotterie, copinages, corruption à tous les étages, même menaces. J'ai eu un peu de mal à identifier qui était milice, police, fascistes. Peut-être, cette confusion est intentionnelle? Quant au fichage des Juifs, personne ne veut ouvertement prendre la responsabilité de transmettre une liste aux Allemands mais tout le monde se moque de leur sort. 

Un polar addictif, une lecture qu'on ne veut pas lâcher.  J'ai aussi appris beaucoup sur la vie quotidienne sous les bombes. de nombreux détails sont intéressants.  Saviez-vous qu'en 1943 un film est sorti dans les salles "la vie est belle?"
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On a visiblement de la chance de découvrir Carlo Lucarelli, auteur italien de polars, avec cet excellent Péché mortel qui bénéficie d'une traduction soignée par Serge Quadruppani comme d'autres polars italiens.
On commence par le dernier volume de la série publié cette année mais le hasard faisant bien les choses, on est tombé sur le premier épisode chronologique (1943) puisque l'auteur a voulu revenir sur les débuts difficiles de son héros, le commissaire De Luca, dans une Italie confuse et agitée à la fin de la guerre.

On aime :
❤ Dévaler les rues de Bologne en vélo, la jeune fiancée en amazone sur le guidon, quelques images, quelques pages suffisent, une perquisition de nuit, une baignade du dimanche, et nous voici dans un vieux film italien.
❤ le contexte historique de l'Italie de 1943, période incertaine où le pouvoir change de mains. Et plusieurs fois.
❤ La romance entre la jeune et jolie pharmacienne et le commissaire obsédé par son enquête au point de délaisser sa fiancée : mais tout le monde sait que c'est hélas le lot de celles qui tombent amoureuses d'un bon flic.

le contexte :
Été 43, Bologne : les drapeaux rouges ont été ressortis, le fascisme italien est en train de vaciller face aux avancées des Alliés, le pouvoir change de mains.
Et un petit refrain revient au fil des pages : Ce sont des temps difficiles, et tout peut arriver.
Dans les rues, sur les places, les statues de Mussolini sont abattues et décapitées

L'intrigue :
Mais il n'y a pas que la tête du Duce qui roule : lors d'une perquisition nocturne, le commissaire De Luca trébuche sur un corps sans tête.

Plus tard, De Luca trouvera bien une tête non loin de là ... mais ce ne sera pas la bonne et le voici avec un corps sans tête et une tête sans corps.
Marché noir, drogue, trafics en temps de guerre, alertes aux bombardements, corruption des milices fascistes, revanche des rouges, ... ce sont des temps difficiles pour mener une enquête criminelle tout en naviguant entre les différentes factions, surtout si on s'attaque à de gros poissons.
Pour celles et ceux qui aiment l'Italie.
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Mais de quel péché mortel est-il question ?

Roman policier italien se passant à Bologne, entre le 24 juillet et le 2 décembre 1943.

Carlo LUCARELLI nous plonge dans la période troublée que fut la destitution du Duce, l'armistice avec les alliés, suivie par l'occupation allemande. C'est dans ce contexte confus et chaotique que se situe l'enquête de l'inspecteur di Luca, au gré de chapitres ayant pour en-tête les titres du journal local, « Il resto del Carlino ». Ainsi de façon originale et en quelques mots, l'auteur nous dit les avancées de la guerre, de la politique, les bombardements, le rationnement et même le programme culturel sur 6 mois…

Quant à l'intrigue, il s'agit d'une bien étrange enquête, un corps sans tête, une tête sans corps qui ne correspondent pas. Affaire de marché noir ? de drogue ? de corruption ? Quoi qu'il en soit, elle ne retient l'attention de personne !
A l'exception du commissaire di Luca. Lui-même bien étrange commissaire, qui malgré une période historique et politique cruciale pour l'Italie, malgré l'embrasement du monde, se refuse à tout engagement autre que celui nécessaire à son boulot de policier. Seule son enquête compte et, ce, de façon obsessionnelle.

Le roman « Péché mortel » n'est pas très long, 250 pages, mais il fourmille d'événements, de personnages surprenants. Il nous offre un panorama agité : l'effervescence est partout, l‘exaltation, la fébrilité, l'esprit de revanche… On défile avec le drapeau rouge, on danse, on chante, on fait la chasse aux fascistes… Jusqu'à ce les chars nazis reprennent possession de la rue.

Nous sommes en temps de guerre, la fuite est toujours possible. La Suisse est si proche. Sinon il faut prendre parti, choisir, se battre, gagner sa liberté ou s'acoquiner avec les nazis. Impossible de se tenir au-dessus de la mêlée !

Oui, c'est le choix qui s'offre à tous. Choix qui n'intéresse pas notre commissaire : il est policier et traque les criminels !

Or, par les temps qui courent l'apolitisme ouvre grand les portes de l'ambiguïté, de l'ambivalence… Et on se retrouve vite au service du pouvoir en place, une chemise noire sur le dos et entre les mains une liste de « fichés », ceux que l'occupant veut prendre… les juifs… les opposants… Et qu'importe s'il s'agit de relations ou d'amis du commissaire.

Avec sa belle écriture sensuelle, toujours en phase avec le récit, Carlo LUCARELLI nous donne à voir, entendre, sentir… Il sait habilement mêler dialogues et réflexion pour souligner certains décalages. Il a su créer un personnage singulier, intéressant mais surtout dérangeant. Un héros qui interroge, heurte parfois… Une énigme.

Et si le péché mortel dont il est question était le détachement volontaire et obstiné face au bruit et à la fureur du monde ? le refus de s'engager.

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Le contexte de ce polar n'est pas le moins intéressant ; c'est effectivement une période étrange où l'ex-leader, Mussolini est arrêté et le fascisme semble être pour de bon révolu. Les anciens chefs du régime ou ceux qui en ont profité pour se hisser à de bons postes, se sauvent avant d'être arrêtés. Certains flics ne sortent plus, restent au bureau pour ne pas se faire lyncher. Bref, l'ambiance est joyeuse de s'être libéré du Duce mais également à la recherche des fascistes avérés. Chaque chapitre du livre débute par un court résumé des événements du jour, ce qui permet de bien se situer dans l'histoire du pays.

Et dans tout cela le commissaire De Luca hermétique à la politique, ce qui est assez étonnant et rare dans ces moments, tente de mener son enquête, mais se heurte à des murs très hauts. Il met à jour une corruption à tous les niveaux de la police, de l'armée qui freine donc ses investigations. Mais il s'obstine au risque de tout perdre : sa carrière, sa fiancée Lorenza qu'il néglige et qui elle, est assez sensible aux changements politiques. Carlo Lucarelli joue sur l'ambiguïté de son personnage qui travaille au service des "méchants", le lecteur peine à savoir s'il est totalement indifférent, uniquement obsédé par son travail de flic ou s'il s'adapte à chaque changement. Cela ne le rend ni sympathique ni antipathique, même si l'on a très envie qu'il boucle son enquête et qu'il passe à autre chose. C'est un roman fort bien mené, pas toujours simple à suivre parce qu'un peu bavard, mais qui nous plonge dans une ambiance particulière, pas confortable, avec des personnages et notamment De Luca, ambigus. Une belle réflexion sur le fascisme que l'on peut évidemment mettre en parallèle avec la montée des extrêmes et des idées totalitaires dans presque tous les pays du monde et qui ne présage rien de bon.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le commissaire De Luca est sur le coup d'une contrebande alimentaire et s'apprête à en arrêter la tête, lorsqu'il butte sur quelque chose de mou qui s'avère être un corps sans tête. Plus tard , il trouve la tête… Mais non, ce n'est pas la tête du corps. le voici donc avec deux cadavres en kit qui semblent n'avoir rien à voir avec la contrebande de marchandises.

De Luca compte bien élucider cette énigme malgré le peu d'empressement de sa hiérarchie toute occupée qu'elle est par les rebondissements politiques et militaires. Mussolini arrêté, seulement quelques mois, le gouvernement se délocalise, les communistes croient en leur victoire et osent manifester dans les rues, puis les nazis occupent l'Italie. Alors, un double crime…. Quel sens ça a de donner la chasse aux assassins dans un monde d'assassins ?" Pourtant, en bon serviteur du pays, De Luca veut résoudre cette énigme, sans s'occuper de politique. "Un meurtre est un meurtre, en tous les cas, et il doit être toujours puni. Là-dessus, la loi ne change pas "

C'est ma première rencontre avec De Luca et je suis séduite par ce Maigret italien. Calo Lucarelli inscrit son histoire dans un très court laps de temps puisque cela va du 25 juillet au 8 septembre 1943 et quant à la corruption, un crabe n'y retrouverait pas ses petits dans le panier !!

J'apprécie de plus en plus ces écrits inscrits dans l'histoire. L'écriture simple et descriptive de l'auteur est un réel plaisir. Un très bon polar roman noir

Merci Amrita


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C'est grâce à la masse critique Babelio que je vous invite à un petit voyage en Italie. Néanmoins, ne vous attendez pas à un séjour trop reposant. En effet, l'histoire du dernier roman traduit en français de Carlo Lucarelli, Péché mortel, se déroule en été 1943. Chaos et changements imprévisibles à volonté !

Ecrivain, scénariste et journaliste, Carlo Lucarelli est un auteur italien reconnu qui a à son compte de nombreux titres, dont la série mettant en scène l'inspecteur De Luca. Conscienscieux, professionnel, avec un esprit analytique, De Luca ne se laisse pas impressionner par tous les changements de société et ne se concentre que sur son travail.

Dans Péché mortel, De Luca et ses collègues sont appelés pour intervenir dans une maison où sévit quelqu'un se livrant au marché noir, mais tout ne se passe pas comme prévu. D'ailleurs, de Luca l'admet lui-même : "la partie militaire des opérations n'avaient jamais été son fort". A part des saucissons et de gros morceaux de lard suspendus aux poutres qui en feraient saliver plus d'un en 1943, ils découvrent un corps. Et on se rend vite compte que l'identification ne sera pas simple : "C'était un homme, imposant, bien vêtu et mort, et il n'était pas facile d'en dire davantage car il lui manquait la tête."

Commence alors une enquête mênée par De Luca qui est certes très concentrée -on dirait un chien de chasse qui a du mal à lacher quand il flaire une indice-, mais il trouve tout de même du temps pour sa belle pharmacienne Lorenza. Il faut dire que ces parenthèses sont fort bienvenues et contrastent bien avec le chaos qui semble régner dans les rues. L'Italie est en effet en pleine transformation et le pouvoir change de camp. C'est le moment idéal de régler ses comptes et certains ne s'en privent pas à tel point qu'une bonne partie des policiers n'a pas envie de sortir. Pourtant, on n'en est pas à une règle près en ce qui concerne le travail, ainsi on voit De Luca se promener avec une tête dans un sac plastique, tout content de sa trouvaille jusqu'au moment où…

Eh non, je vous laisse découvrir les détails par vous-même. On dirait une bonne sauce italienne, cuisinée selon une recette familiale peaufinée par la grand-mère et très bien assaissonnée. C'est surtout le contexte historique qui lui donne tout son goût (l'enquête passe au second plan pour moi), soutenu par une bonne traduction qui fait que nos mains ont presque envie d'accompagner les échanges volubiles.

Un bon roman pour celles et ceux qui aiment bien l'histoire ou l'Italie.
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C'est avec Une affaire italienne (2021), son précédent roman dont j'avais beaucoup apprécié l'atmosphère et le contexte historique, que j'ai découvert Carlo Lucarelli. Je n'ai donc pas hésité à lire la suite des aventures du Commissaire de Luca.

Avec Péché mortel (2023), le romancier, scénariste et animateur télévisé italien Carlo Lucarelli (1960) signe le cinquième volet d'une série policière consacrée au commissaire bolonais De Luca. Celui-ci peut toutefois se lire de façon indépendante puisque après nous avoir immergé dans la Bologne des années cinquante en pleine Guerre Froide, Lucarelli revient sur la Deuxième Guerre mondiale et plus particulièrement sur une période troublée de l'histoire italienne, à savoir celle qui s'étend du 25 juillet au 8 septembre 1943.

Comme l'indiquent les courts extraits du journal bolonais Il Resto del Carlino placés au début de chaque chapitre, cette période historique est marquée notamment par le débarquement des Alliés en Sicile, l'arrestation de Mussolini et la dissolution du parti fasciste et enfin l'occupation du Nord de l'Italie par les Allemands.

C'est dans ce contexte chaotique que le commissaire De Luca se retrouve malgré lui avec un double meurtre sur les bras. Alors qu'il est en mission avec des collègues pour arrêter un important contrebandier de produits alimentaires, il trébuche sur quelque chose qui s'avère être un corps sans tête. La tête qu'il ne tarde pas à découvrir ne correspondant pas au corps décapité, il n'en faut pas davantage pour qu'il se plonge corps et âme dans cette affaire et devienne indifférent non seulement à sa fiancée mais également aux bouleversements politiques en cours. Malgré les bombes, la fuite de Bologne de sa fiancée et le fait que ces deux crimes ne semblent absolument pas intéresser sa hiérarchie davantage préoccupée par le nouveau contexte politique, De Luca s'accroche envers et contre tout.

Lucarelli signe avec Péché mortel une fois encore un très bon roman d'atmosphère au contexte historique bien documenté et retranscrit.

A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Bologne juillet 1943, la ville est bombardée, les réfugiés affluent. Mussolini est destitué, remplacé par Badoglio, l'armistice n'est pas encore signé (il le sera en septembre), et si l'armée italienne ne sait plus dans quel camp se battre, les policiers, eux, hésitent à porter l'insigne fasciste au revers de l'uniforme ou à retourner leur veste. Si certains tombent la chemise noire, d'autres la ressorte des placards lorsque l'armée allemande reprend les rênes de la ville … Dans ce chaos politique, De Luca, jeune commissaire reconnu comme émérite, tombe sur un cadavre sans tête, puis sur une tête sans corps. Sauf que la tête ne va pas sur le corps et vice et versa.

Et il faut bien dire qu'il est à peu près le seul à s'en soucier. A la questure l'heure est à la débandade ou à la chasse aux trafiquants du marché noir . De Luca poursuit pourtant, au delà de toute logique, son enquête, reconstituant un puzzle avec une détermination aveugle à tout ce qui l'entoure, se compromettant du bout des doigts avec ceux qui chassent le communiste et l'entravent dans les caves obscures … De Luca ne semble rien voir, il réalise parfois la beauté de sa fiancée, Lorenza, puis l'oublie, reprenant le vélo à la poursuite d'un indice fin comme une tranche de mortadelle en ces temps de rationnement.

Univers en tension, revirements amoraux, corruption, il règne en ce roman une atmosphère de déliquescence, de fin d'un monde où les pages de la gloire fasciste italienne se dissolvent dans des histoires de jambons. Alors que tout bascule, sans que les personnages puissent savoir dans quel camp, De Luca incarne l'absence de choix, le policier qui fait son devoir d'enquêteur, du moins qui le répète, car au fond, c'est la seule adrénaline qui le mène. L'enquête qui le hante finit par avoir peu d'importance pour le lecteur, en tout cas moins que le singulier personnage, dont on ne sait que penser. Salaud ? Intègre ? Son apolitisme est dérangeant et en fait une silhouette plus trouble qu'attachante.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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