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Critique de perucasevecchje


Mais de quel péché mortel est-il question ?

Roman policier italien se passant à Bologne, entre le 24 juillet et le 2 décembre 1943.

Carlo LUCARELLI nous plonge dans la période troublée que fut la destitution du Duce, l'armistice avec les alliés, suivie par l'occupation allemande. C'est dans ce contexte confus et chaotique que se situe l'enquête de l'inspecteur di Luca, au gré de chapitres ayant pour en-tête les titres du journal local, « Il resto del Carlino ». Ainsi de façon originale et en quelques mots, l'auteur nous dit les avancées de la guerre, de la politique, les bombardements, le rationnement et même le programme culturel sur 6 mois…

Quant à l'intrigue, il s'agit d'une bien étrange enquête, un corps sans tête, une tête sans corps qui ne correspondent pas. Affaire de marché noir ? de drogue ? de corruption ? Quoi qu'il en soit, elle ne retient l'attention de personne !
A l'exception du commissaire di Luca. Lui-même bien étrange commissaire, qui malgré une période historique et politique cruciale pour l'Italie, malgré l'embrasement du monde, se refuse à tout engagement autre que celui nécessaire à son boulot de policier. Seule son enquête compte et, ce, de façon obsessionnelle.

Le roman « Péché mortel » n'est pas très long, 250 pages, mais il fourmille d'événements, de personnages surprenants. Il nous offre un panorama agité : l'effervescence est partout, l‘exaltation, la fébrilité, l'esprit de revanche… On défile avec le drapeau rouge, on danse, on chante, on fait la chasse aux fascistes… Jusqu'à ce les chars nazis reprennent possession de la rue.

Nous sommes en temps de guerre, la fuite est toujours possible. La Suisse est si proche. Sinon il faut prendre parti, choisir, se battre, gagner sa liberté ou s'acoquiner avec les nazis. Impossible de se tenir au-dessus de la mêlée !

Oui, c'est le choix qui s'offre à tous. Choix qui n'intéresse pas notre commissaire : il est policier et traque les criminels !

Or, par les temps qui courent l'apolitisme ouvre grand les portes de l'ambiguïté, de l'ambivalence… Et on se retrouve vite au service du pouvoir en place, une chemise noire sur le dos et entre les mains une liste de « fichés », ceux que l'occupant veut prendre… les juifs… les opposants… Et qu'importe s'il s'agit de relations ou d'amis du commissaire.

Avec sa belle écriture sensuelle, toujours en phase avec le récit, Carlo LUCARELLI nous donne à voir, entendre, sentir… Il sait habilement mêler dialogues et réflexion pour souligner certains décalages. Il a su créer un personnage singulier, intéressant mais surtout dérangeant. Un héros qui interroge, heurte parfois… Une énigme.

Et si le péché mortel dont il est question était le détachement volontaire et obstiné face au bruit et à la fureur du monde ? le refus de s'engager.

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