La référence sur l'époque franque. Indispensable à tous ceux qui s'intéressent à cette période de notre histoire.
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Les origines franques de la France, un livre instructif...
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Le recrutement des comtes, pour autant qu'on puisse le saisir, est tout à fait éclairant : sur 43 noms recensés au sud de la Loire au cours du VIe siècle, 27 sont assurément gallo-romains; et sur 12 connus au nord, 9 sont barbares. Certes, il pouvait s'agir dans ce dernier cas de Gallo-Romains que de nouvelles modes onomastiques avaient dotés de noms germaniques : mais, dans tous les cas, on constate que les souverains francs jouèrent la carte de la collaboration avec les élites locales, et que celles-ci se prêtèrent volontiers au jeu. Leur ralliement, sans doute encouragé par l'épiscopat, ne fut l'affaire que de quelques décennies ; du reste les rois ne se voulaient-ils pas les délégués, voire les continuateurs, des anciens empereurs ? Et qu'eussent-ils pu faire sans l'aide, comme relais de leur autorité dans les cités et les pagi, de leurs sujets gallo-romains, quand on sait grâce à l'archéologie que, sauf au nord de la Somme et, à moindre degré, entre Somme et Seine, l'implantation de troupes d'occupation franques a été dérisoire ? Seules quelques nécropoles, comme Vicq dans les Yvelines, comme Herpes et Biron en Saintonge, comme Brèves et Hauteroche, sur les plateaux sud-orientaux du bassin de Paris, comme Bâle-Bernerring, sur le grand coude du Rhin aux confins de l'Alémanie et de la Burgondie, comme Audincourt et Dampierre dans la vallée du Doubs, comme Genlis, Charnay et Chaussin dans la plaine de la Saône, paraissent pouvoir imputé à des groupes de guerriers francs, auxquels étaient éventuellement accrochés des éléments allogènes. Le pays dans l'ensemble, surtout les territoires conquis sur les Wisigoths et les Burgondes, restait profondément marqué par l'empreinte de Rome.
896 - [Points Histoire n°201 p. 68-69]
Sans qu'il soit possible d'imposer une très aléatoire statistique, on peut avancer que l'ager, espace cultivé, ou plus généralement humanisé, n'atteignait pas la moitié de ce qu'il est aujourd'hui. Le reste était tout entier livré à la pression des conditions naturelles : au nord, les raz de marée de la "seconde transgression dunkerquoise", la plus importante des temps historiques, qui, entre le IVe et le VIIIe siècle, entama l'homogénéité de l'ancien cordon littoral ; dans les Alpes, une probable extension des glaciers, repérée à partir du Ve siècle dans l'Oberland bernois ; et, partout, une sensible détérioration du climat, qui, jusqu'au début du VIIe siècle, fut marqué par la fraîcheur et par l'humidité.
Celles-ci étaient plutôt favorable au développement de l'arbre, singulièrement aux feuillus - chênes, hêtres -, qui dominaient au nord ; mais aussi aux résineux - pin, sapins, épicéas -, qui gagnèrent du terrain en Aquitaine, en Languedoc, ou encore dans des massifs montagneux comme le Jura.
893 - [Points Histoire n°201, p. 19]
... la forêt s'étendait ailleurs en de véritables rubans-frontières, semblables à ce murus nativus que César avait jadis reconnu entre les territoires suève et chamave, et qui bornant souvent le territoire des cités gallo-romaines et de leurs héritiers territoriaux, les diocèses de la toute jeune Eglise chrétienne, allaient longtemps encore matérialiser les frontières des royaumes barbares : ainsi la Forêt Charbonnière, qui faisait écran entre les diocèses de Cambrai et de Tongres, sépara-t-elle la Neustrie de l'Austrasie; ainsi la forêt vosgienne, frontière entre les diocèses de Toul et de Besançon, sépara-t-elle la Neustrie de la Burgondie...
895 - [Points Histoire n°201, p. 19-20]