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J'ai bien aimé cette histoire qui est tirée de la vie réelle d'un célèbre producteur de musique qu'il est vrai que je ne connaissais pas. Il ressemble un peu à Gatsby le magnifique, qui était généreux et qui donnait de grandes fêtes avant de se faire lyncher.

C'est surtout la rencontre de la belle et jeune Marie-Claude avec l'excentrique mais génial Michel Magne, un compositeur de musiques de films qui possède un château qu'il va transformer en studio d'enregistrement pour les plus grandes stars de la planète qu'il fera venir. David Bowie, Elton John, Johnny Halliday entre autres viendront dans son patelin paumé aux portes de la capitale.

C'est une vie assez passionnante qui nous est raconté. Mais quand on connaît le succès, on suscite également de la jalousie pouvant conduire à la tragédie de fil en aiguille. Michel Magne était un homme qui était possédé par la musique et qui a contribué à un certain essor dans ce milieu pourtant fermé. C'est une époque libre et joyeuse que l'on va découvrir avec l'esprit du rock. L'atmosphère de folie douce est très bien retranscrite.

On pourra voir de vrais documents et des photos d'archives au milieu de cette histoire pleine d'anecdotes amusantes et surprenantes. On observera également un découpage assez original mêlé à une vie assez romanesque parfois sombre mais réaliste. On ne peut être que captivé par ce personnage hors du commun et avant-gardiste qui va brûler sa vie.

Par ailleurs, je dois dire que le dessin, réaliste et précis, fait lui aussi beaucoup pour l'intérêt et la fluidité de cet album, dont je vous recommande vraiment la lecture. Les amoureux de la musique auront beaucoup de nostalgie de cette époque marqué par les studios du château d'Hérouville, véritable personnage à part.

C'est une belle biographie d'un artiste qui a mal tourné mais qui a beaucoup apporté à la pop-culture. J'en retiens un excellent hommage très bien réalisé.
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Ce splendide roman graphique est un cri d'amour à la vie et à la musique, l'histoire d'un homme et une femme, d'un lieu ...
Le château d'Hérouville !
Michel Magne, musicien surdoué, en fit, dans les années 70, un studio d'enregistrement prestigieux où se succédèrent quelques uns des plus grands artistes rock de l'époque :
- David Bowie, Pink Floyd, Elton John, Iggy Pop, , Magma, Bill Wyman, Gene Kelly et bien d'autre vedettes internationales et françaises.
La couverture de l'album est très colorée, flashy presque.
L'histoire qui est ici contée est une aventure hors norme, celle d'un homme à la passion démesurée, ainsi que celle d'une femme libre et moderne.
Le dessin est comme tracé au service du récit.
Il est agréable à l'oeil et soigné.
La mise en page, intercalant aux cases des documents : photos, articles de journaux et biographie illustrée, est ingénieuse et efficace.
Paru en 2020 aux éditions Delcourt, cet album est signé Yann le Quellec et Romain Ronzeau.
C'est une belle réussite.
C'est un album de coeur qui a su éviter les pièges d'un manichéisme souvent accroché à ce genre d'ouvrage.
Le personnage de Michel Magne est tour à tour brillant, ou sombre.
Ainsi va la vie ...
Et, la colorisation réalisée de main de maître y ajoute à l'émotion.
Le personnage de Marie-Claude est tout en sensibilité, en finesse et délicatesse.
L'histoire est belle de cet amour qui se délite, de cet homme qui finit par sombrer et de ce lieu où un vieux piano deviendra le seul vrai souvenir posé au milieu de ses ruines.
Les personnages secondaires sont prestigieux.
David Bowie y crève l'écran, pourrait-on presque dire.
Celui du cuisinier-poète est une belle pastille.
On retrouve ici la démesure et la chaleur des années 70.
Dans le récit bien sûr, encore et toujours dans la colorisation, dans le dessin naturellement, et dans l'inventivité de la forme et du cadrage de l'ensemble.
Quelques postfaces, une discographie, et de nombreuses photos viennent clore l'album, un album que l'on peine à quitter comme on a du mal à se sortir d'une belle et triste histoire ...
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Les amants d'Hérouville.
Lui : Michel Magne, quadragénaire, compositeur fantasque de musiques de films, entre autres.
Elle, Marie-Claude, sa jeune & jolie compagne de seize ans.
Le château d'Hérouville, XVIIIe siècle, qui abrite leur amour. Pas vraiment un nid de tourtereaux puisque le compositeur y reçoit beaucoup de monde (amis, musiciens, gens du village... et quelques parasites aussi) dans une ambiance arrosée et LSDée, donc joyeusement débridée.
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Je ne connaissais pas ce compositeur avant de découvrir cette BD. J'ai d'abord cru que cet album documentaire travestissait le nom de Michel Legrand en Magne.
L'artiste/l'homme mérite d'être connu : génial, fantasque, hyperactif, hypersensible, excessif, généreux. Il a travaillé avec d'autres surdoués : Sagan, Cocteau, Vian, Sempé...
Même si cet univers de débauche m'effraie plus qu'il ne m'attire, j'aurais aimé être là avec Bowie & Ziggy Stardust, Higelin & 'Champagne !' ♪♫ ...
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Ce portrait touchant est très réussi, rendant cet 'avant-gardiste flambeur' aussi attachant qu'inquiétant, dans un cadre champêtre & décadent. Mais selon moi, c'est le deuxième rôle qui a le plus de relief, nous touchant de sa grâce à chaque page ; Marie-Claude, la douce et patiente jeune femme, est bouleversante. Est-ce que l'amour peut suffire à calmer les démons d'un partenaire en quête d'absolu ?
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A lire ! Ne pas se laisser rebuter par les faux airs de roman-feuilleton, avec les photos d'époque. Cet assemblage de divers supports (dont coupures de presse) est une réussite.
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Sélection Cezam BD 2022.
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>> https://www.youtube.com/watch?v=gbnopvLQSuE
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Après la dernière page, on voudrait que l'aventure continue encore et encore... Que le château d'Hérouville continue à enregistrer des grands artistes du monde entier, que la musique de Michel Magne soit plus reconnue (Les tontons flingueurs et autres grands films) et que Marie-Claude sorte de l'anonymat. Un hommage à l'art, à la liberté, à la création, à la musique. Une B.D. documentaire d'une construction originale avec tour à tour des cases de dessins ou photos, des articles, des tableaux, des albums photos, des reportages. Je vous laisse découvrir toutes les stars qui y ont séjourné et même l'arbre de Jane Fonda. Plus édulcoré que le roman de Laurent Jaoui qui, lui, y décrivait aussi l'envers du décor. Un magnifique moment passé dans un lieu que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
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Ce roman graphique est une biographie de Michel Magne qui se concentre sur la période de 1970 à 1984, ce qui correspond à sa relation avec Marie-Claude, avec quelques flash-back pour raconter les années d'avant et un épilogue tout en photos pour découvrir ce qu'est devenu le château d'Hérouville.

Jusque là, je ne connaissais que vaguement de nom de Michel Magne par rapport à ses musiques de film. Cette B.D. m'a permis de découvrir l'artiste haut en couleurs, compositeur et musicien avant-gardiste qui a fondé les studios du château d'Hérouville qui ont accueilli chanteurs et groupes mythiques dans une ambiance de fête permanente. Mais les contingences matérielles (les soucis d'argent, le manque de temps pour sa propre musique...) viennent bientôt peser sur le quotidien de l'extravagant musicien qui finira par sombrer complètement.

J'ai surtout aimé la grande créativité des illustrations qui mêlent dessins et photos, mixant parfois les deux, avec en plus des pages de biographie avec davantage de texte pour raconter le parcours de Michel Magne avant sa rencontre avec Marie-Claude et les studios d'Hérouville.

Un bel ouvrage qui nous immerge dans l'univers du show-biz des années 1970.
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Connaissez-vous Michel Magne ?
Son nom ne vous dit peut-être rien, mais ce musicien a composé des dizaines de musiques de films pour des réalisateurs comme Jean Yanne, Roger Vadim ou Robert Hossein et ce, durant plus de 30 ans, des années 50 aux années 80.
Dans les années 70, il achète un château, à Hérouville, dans le val d'Oise, et le transforme en studio d'enregistrement pour des chanteurs ou des groupes populaires comme Eddy Mitchell, Johnny Halliday, David Bowie, Elton John ou Iggy Pop.
Toute une génération de chanteurs va se succéder dans ce château où ils sont d'ailleurs reçus comme des rois, Michel Magne étant connu pour être un hôte attentionné, proposant le gite dans un cadre reposant, des repas succulents et des vins exceptionnels.
Cette bande dessinée nous raconte le parcours professionnel de cet homme talentueux, mais aussi son histoire d'amour avec Marie-Claude.
L'ouvrage est un mélange de dessins hyper colorés et de vieilles photos ou documents d'époque et cela en fait un témoignage de qualité d'une époque , d'un lieu et surtout d'un homme peu commun.
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C'est encore un livre que j'ai découvert grâce au prix en Bulles et vers lequel je ne me serais peut-être pas penchée autrement.

Les amants d'Hérouville raconte une histoire vraie : Celle de Marie-Claude, une jeune femme de 18 ans qui rencontre Michel Magne, en 1970. Ce dernier vit dans un château et, petit à petit, devient un compositeur de musiques de films reconnus et reçoit chez lui tout le gratin de l'époque : Bowie, Elton John, Johnny...

Mais avant de parler de musique, cette bande dessinée traite de l'histoire d'amour entre deux personnes, Marie-Claude et Michel Magne. Si j'ai été gênée par la différence d'âge entre les deux protagonistes (elle est à peine majeure et il a une quarantaine d'années), ce n'est en rien la faute de ce roman graphique, qui de base sur une histoire vraie.

Au niveau du graphisme, le travail était très intéressant grâce aux alternances entre des illustrations et les photos de l'époque. Quant à l'histoire, je n'ai pas aimé plus que cela mais ça m'a tout de même donné envie d'écouter de la musique !

Dans l'ensemble, j'ai bien aimé, même si l'histoire d'amour malsaine m'a dérangée. J'en ai appris plus sur la musique des années 70, et les photos qui complètent les illustrations permettent de mieux s'imaginer cette époque !
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Les auteurs racontent la vie mouvementée de Michel Magne (1930-1984), compositeur français surtout connu pour ses nombreuses musiques de films (« Un singe en hiver », la série des « Angélique », « Les Barbouzes », « Les tontons flingueurs », « Emmanuelle 4 »…). Des albums de star de musique pop rock furent en outre enregistrés dans des studios qu'il avait créés (Pink Floyd, les Bee Gees, Polnareff, Bowie, Nougaro, Higelin, Adamo, Elton John, Ange,…).
Ils ajoutent à leurs planches quelques photographies qui nous rappellent régulièrement que leur récit n'est pas une fiction.
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D'emblée, le personnage m'a paru antipathique, superficiel et plein de suffisance. Il partage avec Jean Luc Lahaye une attirance pour les jeunes femmes/filles, même s'il semble avoir vécu une véritable histoire d'amour réciproque avec sa seconde épouse Marie Claude Calvet, qu'il connut alors qu'elle n'avait que seize ans, tandis qu'il était quadragénaire.
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Cette lecture est cependant agréable et ce livre nous ramène quelques décennies en arrières, à une époque qui nous a légué quelques grands moments de musique...
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Jury Cézam BD 2022.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2021. Elle a été écrite par Yann Quellec, avec la participation de Thomas Cadène, dessinée et mise en couleur par Romain Ronzeau. Il s'agit d'un ouvrage d'environ 250 pages. Les auteurs remercient Marcie-Claude Magne pour ses témoignages et l'accès à ses archives, Magali Magne et Serge Moreau pour leurs témoignages, et d'autres pour leur connaissance du château d'Hérouville et de la carrière de Michel Magne. Ils remercient également Bill Wyman, Sempé, Costa-Gavras et Eddie Mitchell pour leurs postfaces si personnelles et généreuses. le tome se termine par une histoire du château d'Hérouville richement illustrée par des oeuvres picturales de Michel Magne, et par sa discographie et ses musiques de film.

En 1969, un incendie détruit toute l'aile nord du château d'Hérouville, le lieu qui abritait toutes les partitions et toutes les bandes originales du compositeur Michel Magne. Pendant ce temps-là, il se fait attendre à un repas où ses amis sont déjà attablés au restaurant : il fait son entrée par la fenêtre, tout de noir vêtu. Un serveur vient lui apporter le téléphone alors qu'il évoque les Beatles à table. Il reprend le volant de son coupé sport et constate le désastre : toute sa musique, son oeuvre entière a brûlé. À l'été 1970, il fait la route au volant de sa Porsche de Paris à Hérouville, et il prend une jeune autostoppeuse : Marie-Claude Calvet, 16 ans. Il en a 40. Il lui laisse son numéro de téléphone. Elle le rappelle avec une copine et il lui propose de passer une journée au château. Il répond à la sonnette en traversant la pelouse dans son tenue moulante noire, avec son doberman à ses côtés. Une semaine plus tard il est chez les Calvet, et explique qu'il souhaite louer les services de Marie-Claude comme baby-sitter pour ses deux enfants Magali & Marin de 9 et 6 ans. Marie-Claude vient s'installer dans une chambre du château. Michel l'invite pour une fête donnée le soir dans le parc. Il y a des dizaines d'invités, un cheval, un batteur, un groupe de jazz. Comme à son habitude, Michel fait l'équilibriste sur une pile instable de chaises. Tout le monde finit habillé dans la piscine.

Le lendemain, Michel Magne revient du marché avec le cuisinier Serge Moreau et il lui expose ses projets : bâtir un studio pour réenregistrer tout ce qu'il a perdu dans l'incendie, inviter des artistes à enregistrer en résidence pour couvrir les frais. Serge est sceptique : il n'est pas certain que des artistes accepteront d'enregistrer loin de Paris. Il dit qu'il pense à l'Albatros de Charles Baudelaire. En 1970, le château d'Hérouville comprend une aile gauche à laquelle est accolé le bâtiment du réfectoire, une aile droite, une bergerie, une piscine, une mare, un donjon, une allée végétale, un court de tennis, dans un grand parc. Bientôt es travaux commencent et Marie-Claude s'occupe des enfants, tout en regardant ce châtelain à la belle prestance aller et venir. Les travaux vont bon train, avec des ouvriers, des techniciens, un responsable qui teste le son de chaque pièce en tirant des coups de pistolet. Il ne reste plus à Michel Magne que d'utiliser son Rolodex pour inviter les artistes.

Le Château d'Hérouville : un lieu mythique pour les musiciens, mais aussi pour les amateurs de musique pop et rock, ayant investi du temps pour déchiffrer toutes les mentions sur les pochettes d'album. Dans des interviews, les auteurs ont expliqué que leur première intention était de faire revivre ces moments d'enregistrement mythique, avec des artistes en résidence dans un site prestigieux, et des conditions d'hébergement fastueuses. Pour ce faire, ils ont contacté des témoins de cette époque, à commencer par Marie-Claude la veuve de Michel Magne (1930-1984), puis le cuisinier Serge Moreau. Au fil des discussions, leur projet a évolué en intégrant pour une plus grande part la biographie de Michel Magne, et sa relation avec Marie-Claude. Cette dernière leur a confié des archives photographiques dont ils ont incorporé une partie dans leur bande dessinée. le lecteur découvre donc bien plus qu'une simple reconstitution d'une époque disparue, ou que la simple évocation factuelle d'un microcosme artistique, pendant une courte période de 1970 à 1972.

L'ouvrage contient des morceaux d'anthologie des fêtes nocturnes où tout le monde termine dans la piscine, au concert gratuit donné par le groupe Grateful Dead le 21 juin 1971 au bénéfice des habitants du village, l'arrivée de Johnny Halliday avec Sylvie Vartan, le dirigisme de Tony Visconti, etc. le lecteur venu chercher l'ambiance de l'époque et les frasques du milieu en a pour son argent. Romain Ronzeau réalise des dessins dans un registre descriptif, avec des traits de contour un peu lâches, pour des personnages très vivants, et une reconstitution très évocatrice, sans aller jusqu'à une précision photographique. le lecteur peut donc reconnaître des éléments de la vie de tous les jours d'époque, comme les modèles de voiture, ou les tenues vestimentaires. Il peut se projeter dans chaque lieu : l'artiste a effectué un travail de recherche solide pour pouvoir les décrire. Par exemple, il est évident qu'il a étudié les équipements d'un studio d'enregistrement, ainsi que les phases de construction, même si es pages correspondantes donnent une impression d'esquisse rapide. Il met l'accent sur les activités humaines dans chaque endroit, avec un effet irrésistible, par exemple le test de l'acoustique avec un pistolet. le lecteur peut ainsi se projeter dans chaque environnement au milieu des personnes qui l'habitent : les studios du château d'Hérouville, le parc avec sa piscine, les bureaux des studios Davout, les appartements de la bergerie, la plage de Saint Paul de Vence, la place où l'on joue aux boules, le petit appartement parisien, la chambre d'hôpital au Centre Hospitalier du Kremlin-Bicêtre.

Le dessinateur représente les personnages avec un bon degré de simplification, parfois une forme de jeunisme. Cela leur confère une vitalité épatante, comme si le lecteur voyait plus leur vie émotionnelle. Il est impossible de résister au charme de Marie-Claude, sans jamais que cela ne devienne malsain, même si elle n'est pas majeure au début du récit. Les artistes célèbres sont facilement identifiables de Johnny Halliday à Jerry Garcia, en passant par Marc Bolan (T-Rex) Elton John, et Eddy Mitchell, ou Jean Yanne. le lecteur remarque que Michel Magne bénéficie d'un traitement un peu particulier : ni sa pupille, ni son iris ne sont visibles, son regard étant toujours limité à ses sourcils épais. Par ailleurs il dispose d'une silhouette plus athlétique, sans aller jusqu'au culturisme. Il est visible que les auteurs ont souhaité le mettre en scène comme une force plus que comme un être humain, lui donner une discrète aura de mythe. La narration visuelle s'avère très agréable par son entrain communicatif, et sa joie de vivre sous-jacente, ce qui crée un très fort contraste avec l'assombrissement progressif de Michel Magne pendant les dernières années de sa vie. Elle s'avère également très variée : Ronzeau conçoit des plans de prise de vue spécifique pour chaque scène, intègre des photographies à bon escient, ajoute des éléments plus symboliques comme des portées, intègre des respirations avec des pages dépourvues de texte, etc.

Arrivé à la page 41, le lecteur découvre un chapitre qui correspond à du texte illustré, et pas à une bande dessinée. Afin de d'ouvrir leur récit, les auteurs ont opté pour cette forme pour évoquer la biographie de Michel Magne (compositeur de 73 musiques de films, musicien, interprète, peintre) en plusieurs chapitres venant s'intercaler au cours de la bande dessinée : pages 41 à 47 Michel fait ses gammes (1930-1950), pages 103 à 111 À l'avant(-garde) 1950-1955 avec 1 dessin de Sempé pour la pochette d'un album de Michel Magne, pages 139 à 146 Les amitiés magnifiques de 1955 à 1960 (avec Françoise Sagan & Juliette Gréco), pages 171 à 175 Magne, star de la musique de films, de 1960 à 1965, pages 197 à 203 : Hérouville s'enflamme de 1965 à 1969. Dans un premier temps, le lecteur peut se demander si c'était bien nécessaire d'alourdir ainsi la bande dessinée, puis il se rend compte qu'il attend ces passages car la personnalité de Michel Magne est véritablement magnétique, et il souhaite en savoir plus sur cet être humain si formidable, cette puissance créatrice inépuisable. Il découvre ainsi progressivement un créateur hors norme, de musique de films mais aussi d'oeuvres picturales conceptuelles, d'oeuvres d'art modernes (les compositions réalisées avec les bandes magnétiques de ses propres enregistrements), la poursuite d'un rêve devenu inaccessible.

Les auteurs réalisent leur hommage sur les années fastes d'enregistrement aux studios d'Hérouville. En revanche, ils ne portent pas de jugement de valeur sur la vie de Michel Magne. Ils ne cachent rien de ses facettes délicates : un mauvais gestionnaire, un individu hanté par une forme de ténèbres, la séduction d'une mineure plus jeune de 24 ans que lui, mais aussi des aspects sous-jacents. Les auteurs ne souhaitent pas s'étendre sur des aspects comme les pique-assiettes, les amis qui le laissent tomber, vraisemblablement l'usage de produits stupéfiant (dimension quasi occultée sauf pour le LSD ajouté à l'insu des invités dans leur boisson à l'occasion du concert gratuit du Grateful Dead), la justice des hommes favorables aux affaires plutôt qu'aux rêveurs. Ils préfèrent développer la création que ce soit directement celle de Michel Magne, ou par l'entremise des poèmes récités par le cuisinier singulier d'Hérouville, Serge Moreau présentant ses plats aux invités en récitant L'albatros de Charles Baudelaire, Colloque Sentimental de Paul Verlaine, À Clymène de Paul Verlaine, ou encore Les caprices de Marianne d'Alfred Musset. le lecteur est laissé libre de penser ce qu'il veut de la vie d'un individu aussi singulier.

Il est possible que le lecteur vienne à cet ouvrage avant tout pour profiter de la reconstitution des fastes des conditions de vie des artistes en résidence pour enregistrer aux studios d'Hérouville. Avec le titre, il comprend bien qu'il sera également témoin de la relation amoureuse de Michel Magne, le propriétaire, avec sa compagne Marie-Claude. Il est très vite emporté par l'entrain de la narration visuelle, simple en apparence, riche en profondeur, et par la vie incroyable de Michel Magne. Il a vite fait de ressentir la même fascination que les auteurs, pour cet homme, pour ce créateur à l'énergie folle, et il les en remercie d'avoir fait évoluer une évocation très vivante et précise, en une évocation de sa vie.
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Les amants d'Hérouville, une histoire vraie, est un roman graphique qui surprend sur la forme et sur le fond.

Je connaissais Michel Magne, en tant que compositeur de musique de film, et son réputé studio d'enregistrement dans sa propriété d'Hérouville (95), de part les grands noms pop-rock qui y avaient enregistré. Ce livre est l'occasion de revivre un rêve - celui de Magne : offrir aux artistes un lieu convivial, propice à l'inspiration, et à la pointe de la technique de l'époque. Un projet mégalomaniaque pour un créateur un peu fou, compositeur non orthodoxe, provocateur par moments, dépensier à foison, incapable de suivre un budget.
Il a été suivi dans son entreprise par sa femme, Marie-Louise, rencontrée alors qu'elle servait de nounou aux enfants qu'il avait eu d'un mariage précédent. Un amour aussi fou et compliqué que pouvait être Michel Magne, toujours prêt à festoyer avec ses invités au « château » d'Hérouville. Un lieu où on mangeait bien, buvait beaucoup, et se couchait fort tard… Tous les grands noms des années 70 sont passés par là. La liste des disques enregistrés sur place en fin d'ouvrage est hallucinante.

Au passage, on côtoie des vedettes des années 60 et 70, Françoise Sagan en tête, Jean Yanne, Johnny Hallyday, Elton John, David Bowie.... , et on revit l'existence trépidante d'un rêveur qui poussé toujours plus loin les limites.

La forme surprend tout autant : la BD aux coloris vifs s'entrecroise avec des photos de l'époque, et même à certains moments avec des fiches documentaires. le tout sans rupture de ton. La passion des amants rejoint celle des rockeurs et chanteurs de l'époque. A la toute fin de l'ouvrage, une série de photos montre l'état désolant des bâtiments aujourd'hui. Une visite pleine de souvenirs pour Marie-Louise

Cette BD était un projet aussi fou que ceux de Magne. C'est une réussite totale. Vous n'écouterez plus de la même façon la musique des Tontons flingueurs, ou l'album Obscured by clouds des Pink Floyd.
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