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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'autobiographie d'un mythe, pour revenir à sa source.

Tel est l'objectif intelligent, original et pédagogique, des Ateliers Henry Dougier qui lancent une nouvelle collection dans laquelle parole est donnée à des personnages mythiques, des Dieux, des héros au nom parfois galvaudé mais pourtant oublié par la plupart d'entre nous dans leurs détails, dans leur genèse et dans le message qui se profile en filigrane derrière leurs aventures. Les deux premiers ouvrages sont sortis et sont consacrés respectivement à Vénus et à Oedipe. D'autres devraient voir le jour et concerneront entre autres Icare, Eve, Judith, Orphée, Ulysse…Notons également, dans les autres collections des Ateliers Henry Dugier, « le roman d'un chef d'oeuvre » retraçant l'histoire d'un tableau ou d'une oeuvre d'art. de petits livres illustrés qui permettent une mémorisation aisée.

Si je vous dis Oedipe, aussitôt, pour la grande majorité d'entre vous, vous lui associez le mot complexe. le fameux complexe d'Oedipe utilisé par la psychanalyse qui s'est emparée de cet héros mythique pour désigner les enfants, surtout les petits garçons, amoureux de leur maman, jaloux de leur papa. Pour qualifier ces enfants attirés par l'un de leur parent.
Je vous invite à aller lire la riche critique de @Aquilon62 qui met en valeur le passage à l'origine de cette interprétation et explique comment la psychanalyse a pris le dessus sur le mythe lui-même. Oui, le « complexe d'Oedipe » est mieux connu que la vie du personnage que Sophocle a créé il y a vingt-cinq siècles, comme l'explique Alain le Ninèze, et c'est bien dommage car ce qui arrive à ce personnage est une tragédie incroyable digne d'être racontée autour d'un feu de cheminée…D'où ce livre !

Mais vous rappelez-vous de l'histoire de ce mythe ? Sans doute dans ses grandes lignes en vagues réminiscences scolaires, grandes lignes qui sont celles-ci : Oedipe, « l'enfant aux pieds blessés », est ce jeune prince Corinthien, fils unique de Polybe et Mérope, à qui une prophétie de la sibylle de Delphes le voue au parricide et à l'inceste. Afin de contrer cette malédiction des dieux, il fuit. Aux portes de Thèbes, il se trouve à devoir résoudre la fameuse énigme du Sphinx pour arrêter le massacre que le monstre fait subir à la ville. Quel superbe passage d'ailleurs où nous voyons cette créature incroyable mi animale, mi humaine, au corps de fauve surmonté de deux grandes ailes, doté de pattes puissantes et de griffes crochues, mais à la poitrine de femme et au visage aux traits délicats surmonté d'un diadème…deux tableaux magnifiques de Gustave Moreau complètent cette vivante description. La résolution de l'énigme, tuant par le même coup le Sphinx terrifiant, lui permet de devenir roi de Thèbes, et d'épouser Jocaste, la femme de Laïos, roi de Thèbes disparu mystérieusement depuis quelques temps déjà. de cette union naîtront deux garçons et deux filles dont Antigone.
Cette fuite pour échapper à son destin se révélera vaine : il apprendra avec stupeur, après un épisode de peste particulièrement virulent à Thèbes, qu'il est en réalité fils adopté de Polype et Mérope, et que sa femme depuis vingt-cinq ans est sa propre mère et l'homme arrogant qu'il a tué dans le désert dans sa jeunesse d'exil son propre père. Toutes les prophéties se sont réalisées, malgré les efforts pour les contrer. Il terminera, après s'être crevé les yeux, à errer et à mendier, détrôné, condamné à l'exil, chassé de Thèbes par un de ses fils, Polynice, seule Antigone l'accompagne sur ce chemin de malheur.

« Je marche dans des ténèbres qui sont déjà celles du royaume d'Hadès. C'est vers lui que j'avance à tâtons, comme si je n'appartenais déjà plus au monde des vivants. Mes yeux blessés ne reverront plus jamais la lumière du jour vibrer sous le soleil de midi, l'or éclatant des blés avant la moisson, le vert argenté des oliviers ou la blancheur des murs d'une maison de berger découverte au détour d'un chemin ».

Plonger dans ce livre c'est connaitre tous les détails de ce mythe, c'est imaginer les ressentis des protagonistes et mettre des images et des noms à cette histoire que vous n'oublierez pas aussitôt le livre refermé. C'est s'instruire tout en se divertissant. Car vous n'aurez pas lu une leçon froide et distante d'un simple livre d'exégètes, vous aurez lu une histoire romancée pleine de rebondissements, de suspense, de couleurs, d'humanité.

Pourquoi revenir à la mythologie me direz-vous ? Car au-delà de l'histoire, le message des mythes a une portée hautement philosophique qui invite à la sagesse, au lâcher prise, à l'acceptation. Les hommes ne peuvent contrer leur destin, destin imposé par les dieux. Les hommes sont les jouets des dieux et ne sont donc pas toujours responsables moralement. Puissance des dieux et faiblesse des mortels, nous résignant à accepter le destin sans rechercher à tout prix des responsables comme nous avons constamment tendance à le faire aujourd'hui. Cette leçon est transmise via ce mythe depuis la nuit des temps, celui-ci remontant à -430 avant J.C estime-t-on, mais comme l'explique l'auteur dans une note en post-face, « on trouve une allusion au personnage d'Oedipe chez Homère, donc plusieurs siècles avant Sophocle, ce qui montre que l'origine du mythe, comme presque toujours, se perd dans la nuit des temps ».

« Il n'y a ni origine ni source avérée, simplement un récit qui traverse les siècles et s'infléchit au gré Des circonstances et des époques ».

C'est remarquablement écrit, Alain le Ninèze rend le récit épique et passionnant en faisant en sorte que Oedipe se raconte, à la première personne du singulier, ce « je » employé rendant Oedipe si proche, si contemporain. Ainsi, la mythologie devient accessible.
Par ailleurs cette histoire est sertie de magnifiques reproductions d'oeuvre d'art, de Gustave Moreau déjà cité mais aussi de Michel-Ange, de Jean-Auguste-Dominique Ingres, d'Antoni Brodowski. Un bien bel ouvrage au papier brillant, un régal pour nos yeux curieux en plus de nous enrichir. J'ai vraiment hâte de me plonger dans les autres ouvrages de cette collection.

Je remercie chaleureusement @Aquilon62 de m'avoir donné envie de lire cet ouvrage et surtout d'élargir constamment mes horizons littéraires !
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Quel bonheur de retourner dans les histoires de la mythologie. Cette collection est superbement mise en page. Un format allongé ou les vides et les beaux tirages des peintures nous apportent tous les mystères, les tragédies et l'aventure des destinées.
Ici on côtoie la vie d'Oedipe, on commence par ce vieil homme aveugle qui contera sa folle aventure. C'est beau, fluide et bien illustré.
La vue de philosophe et d'écrits croisés sont un plus en fin de roman.
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Si on dit Oedipe c'est instantanément l'interprétation qu'en a fait la psychanalyse qui vient à l'esprit. Heureusement, certains connaissent, au moins dans ses grandes lignes, la trame de l'histoire : Oedipe, c'est cet enfant abandonné par ses parents lorsqu'il était nourrisson et qui, une fois devenu adulte, va, selon un oracle annoncé au temple de Delphes, sans le savoir ni le vouloir, tuer son père, Laïos, le roi de Thèbes, et épouser sa mère, Jocaste, avec laquelle il aura deux filles, Ismène et Antigone, et deux garçons qui vont s'entretuer, Étéocle et Polynice.
                   
De ce mythe qui a passionné les Grecs et fait l'un des objets privilégiés de leur réflexion sur le tragique, la psychanalyse a voulu tirer une espèce d'archétype universel, comme si tous les petits garçons du monde étaient des Oedipe en puissance, comme si le succès universel des tragédies grecques s'expliquait par l'universalité du complexe affectif qu'elles avaient mis en scène et en lumière.

Pour être complet, voici le fameux passage à l'origine de cette interprétation
Oedipe. – Ô très chère femme, Jocaste que j'aime, pourquoi m'as-tu fait chercher dans le palais ?
Jocaste. – Écoute l'homme qui est là et vois en l'écoutant ce que sont devenus les oracles augustes du dieu (il s'agit bien entendu d'Apollon et de l'oracle de Delphes que Jocaste croit réduit à néant par l'annonce de la mort de Polybe, le père supposé mais non réel d'Oedipe).
Oedipe. – Cet homme, qui est-il et qu'a-t-il à me dire ?
Jocaste. – Il vient de Corinthe et il te fait savoir que Polybe n'est plus : la mort a frappé ton père.
Oedipe. – Que dis-tu, étranger ? Explique-toi toi-même.
Le Corinthien. – Si c'est la première nouvelle que je dois t'annoncer clairement, sache bien, en effet, que Polybe a disparu.
Oedipe. – Victime d'un complot ou d'une maladie ?
Le Corinthien. – le moindre heurt suffit pour mettre un vieux par terre.
Oedipe. – le malheureux, si je t'en crois, serait donc mort de maladie ?
Le Corinthien. – Et aussi des longues années qu'il a vécues.
Oedipe. – Ah, femme, qui pourrait désormais recourir à Pythô, au foyer prophétique ou bien à ces oiseaux piaillant sur nos têtes ? (Oedipe vise ici l'oracle de Delphes, la fameuse Pythie dont le nom vient du serpent Python qu'Apollon avait tué de ses flèches avant d'y installer son temple. le monstre est enterré sous l'omphalos – littéralement : le nombril – de l'édifice, cette pierre symbolisant à la fois le centre du monde et la présence de Zeus.) D'après eux, je devais assassiner mon père et voici mon père mort, enseveli dans le fond d'un tombeau et moi qui suis ici, je n'ai touché aucune épée (on comprend qu'Oedipe est tout heureux d'être enfin certain que l'oracle annoncé au temple de Delphes est clairement infirmé)… À moins qu'il ne soit mort du regret de ne plus me voir ? Ce n'est qu'en ce sens qu'il serait mort par moi. Ce qui est certain, c'est qu'à cette heure Polybe est dans l'Hadès avec tout son cortège d'oracles sans valeur !
Jocaste. – N'était-ce donc pas là ce que je te disais depuis bien longtemps ?
Oedipe. – Assurément, mais la peur m'égarait.
Jocaste. – Alors, cesse de te mettre martel en tête à cause de ces oracles !
Oedipe. – Mais comment ne pas craindre encore la couche de ma mère ?
Jocaste. – Et qu'aurait donc à craindre un mortel, jouet des événements, qui ne peut rien prévoir de sûr ? Il vaut bien mieux dans ces conditions se laisser aller à vivre comme on peut. Ne redoute pas l'hymen d'une mère : bien des mortels ont déjà dans leurs rêves partagé le lit maternel. Celui qui attache le moins d'importance à pareille chose est aussi celui qui supporte le plus aisément la vie.

Et voilà comment l'analyse psychanalytique à pris le dessus sur le mythe en lui-même....

Alain le Nineze le reconnaît : "Lorsque Henry Dougier m'a proposé d'écrire pour cette collection, j'ai aussitôt choisi Oedipe, mythe célèbre depuis que Freud s'en est emparé, à tel point que le « complexe d'Oedipe » est mieux connu que la vie du
personnage que Sophocle a créé il y a vingt-cinq siècles. Or c'était cela, justement, que j'avais envie de raconter : les aventures de ce jeune prince de Corinthe qui, apprenant une terrible prophétie le vouant au parricide et à l'inceste, fuit son pays pour tenter d'échapper à son destin."

Et sous la plume de l'auteur on retrouve u e magnifique synthèse de ce qui fait la source principale du mythe, bien entendu, qui nous est fournie par les tragédies grecques, surtout celles de Sophocle : Antigone, Oedipe roi, Oedipe à Colone.
On le retrouve en route avec Antigone, rencontrant Demetrios un berger, et Oedipe accepte de lui raconter sa terrible histoire, et les célèbres jalons de celle-ci :
L'oracle de la Pythie ;
Le choix de quitter Corinthe ;
Le choix de la route à prendre ;
L'Énigme du Sphinx (avec un grand É, bien sûr, tant elle est connue) ;
La peste sur la Ville de Thèbes ;
"L'enquête" qui va tout lui révéler.... La terrible vérité

C'est remarquablement écrit et on en revient aux sources du mythe.
L'écriture est sublimée par les reproductions d'oeuvres d'art, qui viennent magnifier l'ouvrage.
On y retrouve notamment :
Oedipe explique l'énigme du Sphinx de Jean-Auguste-Dominique Ingres ;
Oedipe et le Sphinx de Gustave Moreau ;
La statue Oedipe rappelé à la vie par le berger Phorbas qui l'a détaché de l'arbre par Antoine-Denis Chaudet ;
Le Photogramme d'Oedipe roi par Pier Paolo Pasolini ;
Sans oublier la Sibylle de Delphes de Michel-Ange.

D'un point de vue philisophique car c'est bien comme cela que les Grecs concevaient les mythes
Cela nous rappelle que les humains sont les jouets du destin, d'une histoire dont les tenants et aboutissants leur échappent totalement de sorte qu'ils n'en sont pas responsables moralement.
Nous appartenons, nous, à des histoires qui nous précèdent, qui sont là, présentes et déterminantes, bien avant notre naissance, et la part de liberté réelle qui nous revient est infiniment moins grande que nous ne l'imaginons en général. Il y a donc deux niveaux dans nos vies : celui du destin, qui appartient aux dieux et que dévoilent les oracles, et celui de la liberté humaine dont nous pensons à tort qu'elle est souveraine, la preuve dans le texte d'Alain le Nineze : "Moi qui étais promis à être roi de Corinthe, voici que j'allais régner sur une autre cité. Et tout cela parce que, à l'embranchement des routes de Daulis et de Thèbes, sans trop savoir pourquoi, j'avais pris ce chemin plutôt que l'autre...."

Jean-Pierre Vernant se pose la question da savoir "dans quelle mesure l'homme est-il réellement la source de ses actions ? Lors même qu'il semble en prendre l'initiative et en porter la responsabilité, n'ont-elles pas ailleurs qu'en lui leur véritable source  ? "
Sinistre leçon de vie, peut-être, mais néanmoins pleine de vérité et pleine de sagesse. D'abord, tout simplement, parce qu'elle est factuellement vraie : oui, l'existence humaine est parfois, pour ne pas dire toujours tragique, en ce sens que le malheur frappe sans que nous puissions lui donner un sens. Nous avons tort de tout faire pour l'oublier. Aujourd'hui, dès que le mal s'abat injustement sur nous, nous cédons aussitôt à la manie moderne qui consiste à chercher des "responsables " .
On pourrait ajouter les questions "Doit-on vouloir absolument tout savoir sur soi-même ? Peut-on faire le mal en croyant faire le bien ?

Ce sont autant de questions (devant lesquelles nous place le mythe d'Oedipe, et qui nous questionnent sur nous-mêmes, pour que que l'on veuille dépasser les interprétations et nos certitudes : OUI le destin nous échappe et nous échappera toujours et de toutes parts. Non seulement le hasard fait partie de la vie, non seulement la contingence est inhérente à l'histoire, mais nous sommes en outre parties prenantes de contextes si variés, si complexes et ramifiés, que prétendre tout maîtriser de ce qui advient aux hommes est purement et simplement grotesque.

La sagesse des Grecs va à l'inverse. Pour eux, il s'agit d'accepter l'absurdité du monde comme il va, de tenter de l'aimer comme il est. Une sagesse au présent, en quelque sorte, qui nous invite à « faire avec ». Non pas une résignation, mais une incitation à développer notre capacité d'accueil, d'ouverture au monde, à profiter de la vie tant qu'elle est là, tant qu'elle va bien, qui suppose un certain rapport au temps que nous avons largement perdu. Telle est la conviction, simple et profonde, qui s'exprime dans la sagesse grecque telle que le stoïcisme, notamment, va la populariser.

En résumé cette collection est un trésor, j'attends avec impatience la sortie de la suite de cette collection Ève, Judith, Icare, Orphée, Ulysse, mais la patience est une vertu....
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Bonsoir,
J'ai découvert cette toute nouvelle collection chez les ateliers henry dougier avec Vénus. Là je me suis plongée dans l'histoire d'Oedipe , autobiographie d'un mythe par Alain le Ninèze.
J'adore nous sommes dans l'interprétation de la vie du mythe, l'auteur nous le rend vivant et nous suivons au gré des tableaux mis en exergue l'histoire de notre personnage. Tout le monde connaît Oedipe et sa malédiction. Là elle est mise en scène de manière remarquable. J'ai adoré.
Quatrième de couv. Un personnage mythique raconte son histoire
Des dieux, des héros et des mythes... Des écrivains donnent la parole à des figures légendaires qui les hantent. Ces voix venues de très loin dans le temps ne nous parlent-elles pas encore aujourd'hui ? Tel est le pari de cette collection qui est aussi un voyage à travers la peinture.
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Les Ateliers Henry Dougier lancent une nouvelle collection et elle promet déjà un beau succès. Je suis déjà fan de leurs autres collections comme « Le roman d'un chef-d'oeuvre » qui retrace l'histoire d'un tableau ou d'une oeuvre d'art. Ici, la parole est donnée à des personnages mythiques, des Dieux, des héros. Ils vont raconter leurs histoires au travers de la plume d'écrivains. Les deux premiers ouvrages sortis sont sur Vénus et Oedipe. J'ai choisi de découvrir ce dernier, même si je suis très intriguée par le personnage de Venus.

 

Alain le Ninèze donne donc la parole à Oedipe qui se raconte. Je connais ce personnage grâce, surtout, au complexe du même nom, rendu célèbre par Freud. Cette phase de l'enfance où l'enfant est attiré par un de ses parents. Je connaissais donc plus ou moins l'histoire d'Oedipe, je suis contente d'avoir pu le découvrir plus en détail grâce à ce livre.

Oedipe se raconte. Lorsqu'on le rencontre au début du livre, c'est un vieillard qui fuit Thèbes avec sa fille Antigone. Il va croiser le chemin d'un voyageur, Demetrios, à qui il va faire une prophétie qui va s'avérer juste. Il va revenir voir Oedipe le soir même, et celui-ci lui racontera son histoire. Et ce depuis sa naissance qui commence au palais royal de Corinthe où il est le fils unique de Polybe et Mérope. Plus tard, il va fuir ce palais pour échapper à un oracle lui prédisant qu'il tuerait son père et épouserait sa mère. Il se rend ainsi à Thèbes, où il va affronter un Sphynx et ainsi devenir le roi de Thèbes en épousant Jocaste. Il aura quatre enfants avec elle, mais malheureusement, le destin va le rattraper et la prophétie aussi. Et il se retrouvera, les yeux crevés, à errer et mendier…

 

Ce récit est construit comme un livre à suspense. Je me demandais bien comment la prophétie allait se réaliser vu qu'Oedipe avait quitté ses parents. Je n'ai pas du tout pensé à cela. C'est fait pour montrer que ce que le destin mettra sur notre route et devra de toute façon se réaliser, quoiqu'on ait décidé de faire pour essayer de le modifier.

Je me suis très vite attachée à Oedipe. Il est conscient du drame dont il pourrait être l'origine et lutte pour essayer de le contrer le plus possible. L'attachement est renforcé aussi par la narration à la première personne du singulier qui est celle qui doit être lors d'un récit autobiographique. Ce « je » me permet de rentrer encore plus dans la peau et la tête du personnage, de me mettre à sa place et de ressentir toutes les émotions qui le traversent. Et celles-ci sont nombreuses comme on peut se douter.

 

La lecture est passionnante. Comme je le disais plus haut, le livre est construit comme un roman à suspense. Je savais que la prophétie allait se réaliser mais c'était surtout le comment qui était captivant. le format du livre est court, il y a en tout 128 pages, comprenant les notes de l'auteur et ses remerciements. Je l'ai donc lu sur un après-midi. le style de l'auteur rajoute beaucoup de fluidité à la lecture. Il va à l'essentiel tout en détaillant les scènes et leurs décors.

Et puis, bien sûr, cette chronique ne serait pas complète sans parler de la beauté du livre en tant qu'objet. La couverture est magnifique et représente Oedipe face au Sphynx, un tableau de Gustave Moreau. Celui-ci est encore plus détaillé à l'intérieur du livre. Il y a aussi d'autres représentations d'Oedipe avec des oeuvres d'autres peintres, Michel-Ange, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Antoni Brodowski entre autres. Ces oeuvres sont magnifiques. Et le papier brillant utilisé pour l'impression du livre le rend encore plus beau. J'en ai pris plein les yeux. J'adore quand mes lectures m'enrichissent ainsi. Je ne me souvenais plus bien de l'histoire de ce mythe, et j'ai aussi découvert plein de belles oeuvres d'art. Je crois qu'il faut absolument avoir ce livre dans sa bibliothèque, rien que pour sa beauté. Et le petit plus de ce livre, ce sont les rabats qui cachent des détails agrandis de du tableaux.

 

J'avais déjà lu d'autres livres d'Alain le Ninèze, notamment celui sur Mona Lisa (Dans les yeux de Mona Lisa) publié également aux ateliers Henry Dougier. Il a aussi écrit sur les peintres Manet et Caravage dans la très belle collection de la même maison d'édition, « Le roman d'un chef-d'oeuvre ». J'aime beaucoup sa façon de m'embarquer dans son récit, de me laisser imaginer que j'en fais partie. Il sait aussi parler avec des mots simples, l'histoire pouvant être lue ainsi par tous. Ce qui permet de s'instruire tout en se divertissant. Au vu des références qu'il a noté en fin d'ouvrage, on se rend compte du travail qu'il a dû faire en amont pour amener un texte si précis, malgré que ce soit un mythe.

 

Je suis vraiment très satisfaite de cette lecture et de la découverte de cette nouvelle collection. Je vais continuer à la découvrir d'ailleurs en lisant celui paru en même temps que celui-ci, Moi, Vénus. En octobre 2022, devrait paraître un sur Ève et un sur Judith. Encore de quoi en apprendre plus sur ces personnages mythiques. C'est d'ores et déjà pour moi une collection très réussie que je vais continuer à suivre. Et un très beau coup de coeur.

 

Je ne peux, bien entendu, que vous recommander et vous conseiller ce roman, mais aussi cette nouvelle collection et sa maison d'édition. Ce sont toujours des livres à la portée de tous, et on apprend plein de choses très intéressantes.

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