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George Smiley tome 7 sur 9

Jean Rosenthal (Traducteur)
EAN : 9782020479899
430 pages
Seuil (09/10/2001)
4.14/5   162 notes
Résumé :
Poussé à enquêter et à résoudre une affaire qu’il aurait pourtant dû étouffer, Smiley se retrouve face à son ennemi de toujours : Karla. Mais l’issue du combat entre les deux espions est encore incertaine. Pour vaincre, Smiley va devoir employer des méthodes qui vont à l’encontre de ses principes, celles-là mêmes qu’employait son adversaire…
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Il est libre, Max ! Je veux dire, libre de tout engagement, retraité, sur la touche, fini. Max, c'était, pour les membres de son réseau, le nom de code de George Smiley, le « has been » magnifique, celui qui dirigeait un réseau d'espionnage en pleine Allemagne nazie, l'ex-patron du MI6 qui démasqua La Taupe des soviétiques. Une légende, chaudement célébrée et remerciée de ses exploits puis… remerciée, car passée de mode. En ces années soixante-dix, l'heure est au dégel. du côté britannique surtout, parce qu'à Moscou rien n'a vraiment changé, Brejnev est toujours là, avec ses chars et ses goulags.
« Deux événements apparemment sans rapport présidèrent au rappel de George Smiley de la retraite équivoque où il était cantonné. »
Lorsqu'en plein Londres, un ancien membre du réseau de Max est assassiné par les Russes après avoir tenté vainement de reprendre contact avec le MI6 en réclamant de toute urgence Max, il faut bien se résoudre à le sortir momentanément de sa retraite. « Dites à Max que ça concerne le Marchand de sable ». le Marchand de sable, alias Karla, le chef du 13ème Directoire de Moscou, son ennemi intime, croisé une fois, il y a longtemps, dans une prison de Dehli et jamais oublié. Toujours un coup (mortel) d'avance. Un cauchemar permanent ! Serait-ce le moment, la faille exploitable, pour permettre à Max d'engager la lutte finale ? Smiley ne compte que modérément sur le soutien de son remplaçant à la tête du service : « Si le coup rate et qu'il y a un scandale, je dirai que toute la catastrophe était une ridicule entreprise montée personnellement par un espion sénile qui avait perdu la boule. »
Mais celui des membres de son ancien réseau et de quelques uns de ses anciens collaborateurs lui est acquis. Eux aussi ont été remerciés. Réduits à vivoter, ils restent attachés à Max, parce que Max a toujours pris soin d'eux. Max leur a appris les règles de sécurité avant tout. Max souffre, comme eux, lorsque l'un d'entre eux est assassiné. Max ne les a jamais trahis, Max les aime. Et nous en arrivons au titre, ces gens qui sont fidèles à Smiley parce que Smiley leur est fidèle. C'est avec cette armée de laissés-pour-compte qu'il part au combat. Vladimir, Otto, Maria, dont les familles ont été décimées, ont risqué et risquent encore leur vie. Ils ont été très mal récompensés par « le service », ignorés puis abandonnés. D'autres sont des anciens collaborateurs comme Connie, paralysée et à l'article de la mort, mais dotée d'une mémoire encyclopédique. Il y a encore Toby et Peter, ses anciens lieutenants, quelques lampistes (équipe de surveillance) et la solidarité des exilés baltes. Lorsque Max vient les chercher, tous répondent présent. C'est une très belle leçon de management, un leadership par l'exemple et l'empathie, dans un univers qui n'est pas du tout réputé pour cela. Mais pour quel résultat ?
« Rentre chez toi, George. Karla ne te rendra pas ton passé. Trouve-toi un peu d'amour et attends l'Harmagedon. »
Le dernier coup de Smiley sera-t-il un désastreux coup d'épée dans l'eau ou bien le coup de maître, point d'orgue de sa légende ? A vous de le découvrir, mais quoi qu'il en soit, il faut se décider :
« On y va, George ou pas ? » Toby prit conscience de ce détachement qui semblait affliger Smiley chaque fois que l'opération prenait de la vitesse. C'était moins de l'indécision qu'une mystérieuse répugnance à avancer. Il insista : « le feu vert, George ? Ou pas ? George, je vous en prie ! Nous sommes à la seconde près ! » Un moment encore, Smiley hésita. Un moment, il soupesa la méthode par rapport à la prise, et la lointaine et grise silhouette de Karla semblait en fait l'exhorter.
« le feu vert, dit Smiley. Oui, allez-y. »
PS Seconde lecture à vingt-cinq ans d'intervalle et toujours le même plaisir.
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Dernier tome de la trilogie Smiley VS Karla et probablement mon préféré. Après le petit coup de mou de « Comme un collégien », John le Carré reprend joyeusement du poil de la bête. le roman est centré sur l'affrontement entre Smiley et Karla et c'est du tout bon du début à la fin !

Tiré de sa (trop) paisible retraite, Georges Smiley revient sur le terrain, décidé à abattre une fois pour toutes son vieil ennemi. Pendant 400 pages, Smiley dévide patiemment le passé si bien dissimulé de Karla – « le marchand de sable » – cherchant à trouver l'homme et ses faiblesses sous la façade inflexible du maitre-espion soviétique, cherchant le défaut dans la cuirasse, la faille qui lui permettra de le conduire définitivement à sa perte. Mais pour abattre un adversaire de la trempe de Karla, il faut le comprendre et comprendre c'est s'exposer à compatir… Ce livre est indubitablement le moins manichéen de la trilogie : Karla au pied du mur fait enfin preuve d'humanité et Smiley perd son âme dans un combat qui l'oblige à utiliser des méthodes qu'il abhorre de tout son coeur. La fin du roman est tragique et sobre à la fois. Une superbe conclusion : je suis définitivement fan !
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Le Carré et ses histoires d'espionnages.Il reste fidèle à son domaine de prédilection et s'en sort avec talent. Avec lui, il s'agit surtout de pénétrer le psychisme de "l'homme de l'ombre". Dans ses livres, il sait installer un climat, une ambiance. C'est bon, même si c'est construit toujours sur le même "canevas", c'est un peu le reproche que je lui ferais.
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Un talent d'accoucheur rarement vu pour Smiley lorsqu'il interroge successivement les témoins formant la chaîne qui le conduira à la découverte.
Une véritable leçon d'interrogatoire.
Avec humilité pour percer les défenses, ténacité pour confondre les menteurs, délicatesse pour les sujets sensibles.
Quelques pépites retrouvées, des portraits, des lieux, des ambiances. le « grillage » d'un sujet à retourner.
C'est avec un plaisir sans mélange que j'ai encor savouré, page après page, le cheminement de ses raisonnements et de ses démarches.
Nous sommes ici tout à fait dans la continuité de « La Taupe ». « Comme un collégien » m'étant apparu beaucoup plus laborieux.

Et donc, de mon point de vue, « Les gens de Smiley » est certainement le meilleur de la trilogie de Karla, et l'un des plus éblouissants opus de John le Carré.
Ma troisième relecture (en quelques lustres).
C'est le genre de livre auquel je me raccroche quand le reste me déçoit.

Je tâte pourtant de-ci de-là d'autres genres. Souvent désappointé par le manque de rigueur d'auteurs portés aux nues, ou la mièvrerie de la plupart des « autrices », dites cependant si sensibles…
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C'est à mon goût le meilleur de la trilogie ... une référence dans les romans d'espionnage avec un expert derrière la plume.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
De la cuisine, le mystérieux Mostyn apparut avec le thé: un enfant de l'époque, plein de bonne volonté, avec un pantalon évasé et une crinière de cheveux bruns. En le voyant poser le plateau, Smiley finit par le restituer dans son propre passé. Ann avait eu jadis un amant comme lui, un ordinand du collège théologique de Wells. Elle l'avait pris alors qu'il faisait de l'auto-stop sur l'autoroute M4 et avait prétendu plus tard l'avoir sauvé de l'homosexualité.
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"Sa femme l'a quitté", dit Smiley en guise d'explication. "Tu disais toujours qu'elle aurait raison de le faire, poursuivit-il.
_ J'ai changé d'avis. Il a besoin d'elle.
_ Mais elle, je présume, n'a pas besoin de lui, fit observer Smiley avec un ton d'universitaire.
_ Elle est idiote, fit Ann et un autre silence plus long suivit, cette fois du fait de Smiley, cependant qu'il envisageait le choix monumental et bien inopportun qu'elle lui avait soudain révélé.
Se retrouver ensemble comme elle disait parfois. Oublier les blessures, la liste de ses amants; oublier Bill Haydon, le traitre du Cirque, dont l'ombre planait encore sur le visage d'Ann chaque fois qu'il tendait la main vers elle, et dont il portait en lui le souvenir comme une douleur constante. Bill, son ami, Bill la fleur de leur génération, le bouffon, l'enchanteur, le conformiste iconoclaste; Bill, l'homme né pour tromper, et que sa quête pour l'ultime trahison avait mené dans le lit des Russes et dans celui d'Ann. Organiser une nouvelle lune de miel, prendre l'avion pour le midi de la France, faire de bons repas, acheter des toilettes, tous ces jeux auxquels jouent les amants. Pour combien de temps ? Combien de temps avant de voir s'effacer son sourire, son regard s'assombrir et ses parents mythiques commencer à avoir besoin d'elle pour soigner leurs maux mythiques dans des lieux éloignés ?
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Des preuves. Des preuves trop précieuses pour les confier à la poste. Il apportait quelque chose. Pas juste dans sa tête, dans sa poche. Et il appliquait les Règles de Moscou. Des règles inculquées depuis le jour même où il avait été recruté pour travailler sur place comme un homme passé à l'Ouest. Des règles qui avaient été inventées pour sa survie; et pour la survie de son réseau. Les Règles de Moscou ordonnent que si vous portez physiquement un message, vous devez avoir sur vous aussi les moyens de vous en débarrasser! Elles ordonnent que si déguisé ou dissimulé qu'il soit - micropoint, écriture à l'encre invisible, film non développé, n'importe laquelle d'une des cent méthodes risquées et subtiles - malgré tout en tant qu'objet il doit être la première chose et la plus légère qui vous tombe sous la main, la moins voyante lorsqu'on la largue!
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Il ne revint pas après cela, mais d'après une histoire que racontent les cerbères, un peu après onze heures ce soir-là, lorsqu'il eut rangé ses papiers, débarrassé le bureau qu'il occupait et mis à la poubelle, pour être détruites, quelques notes griffonnées, on le vit rester planté un long moment dans l'arrière-cour - un endroit sinistre... - à contempler l'immeuble qu'il allait quitter et la lumière qui brûlait faiblement dans son ancien bureau, un peu comme des vieillards vont contempler les maisons où ils sont nés, les écoles où ils fait leurs études et les églises où ils se sont mariés.
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Dans l'esprit de Smiley, des images de la tête éclatée de Vladimir se mêlaient à ces pâles visages de vivants, et pourtant la mort, pour l'instant, n'était pas un choc pour lui, mais juste une affirmation que sa propre existence aussi courait à son terme; en fait il avait dépassé son temps. Il était assis comme un vieil homme dans une petite gare de campagne qui regarde l'express passer. Mais qui regarde tout de même. En se souvenant des voyages d'autrefois.
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