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3,86

sur 594 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un thriller engagé qui nous montre les pratiques peu glorieuses des pays riches envers le continent africain. Les laboratoires pharmaceutiques soucieux de développer leurs nouveaux médicaments rapidement et à moindre frais n'hésitent pas à recourir à l'expérimentation humaine sur des populations frappées par la misère. le paradoxe est très douloureux car ces mêmes médicaments sont destinés à sauver à terme la vie d'autres gens. D'un point de vue très général un tel cynisme peu se défendre mais humainement il est insoutenable. Les gouvernements et tous leurs dignitaires ferment les yeux sur ce lucratif business allant même jusqu'à faciliter les opérations si besoin. Heureusement quelques individus courageux s'insurgent au travers d'associations humanitaires. le grand mérite de John le Carré est d'avoir porté le dilemme au sein d'un couple où Justin Quayle fera son examen de conscience de la façon la plus douloureuse qui soit après que son épouse ait été assassinée pour avoir trop fouiné dans les affaires d'un riche magnat local.

Sous des dehors de roman à suspense et engagé, John le Carré orchestre avec maestria la savante alchimie d'une histoire à l'échelle mondiale, à savoir le lobbying pharmaceutique et plus généralement la condescendance effroyable avec laquelle l'homme "civilisé" traite le "sauvage" africain, et de l'histoire personnelle de deux êtres, celle d'une histoire d'amour (manquée ?) entre un diplomate résigné et sa jeune femme aux idéaux humanitaires. de leurs instants rares d'intimité, comme volés avant que ne les rattrape la fatalité...Car c'est avant tout la psychologie des différents personnages qui fait la force du récit et entretient les ambiguïtés. le protagoniste principal, Justin, est le flegme britannique personnifié. Constamment calme et maître de lui-même, respectueux des règles de bienséance et de ses supérieurs hiérarchiques. Sa principale passion est le jardinage, prendre soin de ses plantes vertes, activité qui symbolise bien son désir de ne pas importuner autrui et de s'enfermer dans sa petite bulle de codes moraux, docilement et gentiment. Ce n'est qu'au moment où cet homme qui a passé sa vie à contrôler tous ses sentiments perd pied qu'il les extériorise enfin. Tessa, son épouse, est passionnée, engagée, c'est une idéaliste. Elle a des convictions et n'hésite pas à les faire entendre ni à agir en conséquence. Personnage fascinant, entier qui s'intéresse aux autres et rêve de justice. C'est donc le récit d'un couple dont l'avenir est sacrifié pour une cause humanitaire, où l'épouse portait la culotte et faisait des cachotteries à son mari pour le préserver. Heureusement, la mort de Madame Quayle agit comme un électrochoc sur son époux si bien élevé. Une passion évidente les unissait, le mariage était précipité mais c'est à la mort de Tessa que Justin apprend réellement à la connaître et à la comprendre. Enquête politique mais enquête humaine également et qui nous fait voyager à travers le monde en faisant un arrêt prolongé dans les magnifiques paysages du Kenya.

Un très bon roman donc, qui reflète bien le sujet et la problématique de la mondialisation, ses effets pervers et inégalitaires. Une passion pour une cause humanitaire qui se transmet au sein d'un couple, prêt à tout pour se protéger l'un l'autre. Une belle leçon d'humanité et d'amour.
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Un roman plus facile à lire que la série des gens de Smiley mais un peu moins intéressant à mon goût surtout si on le lit en ne voyant que l'enquête menée par le mari de l'avocate assassinée. On peut aussi y voir des sujets plus proches de l'actualité sur le pouvoir de l'industrie pharmaceutique, sur le mépris du tiers-monde ou sur le choix bénéfices-risques de thérapie. J'ai aussi voulu y voir une vraie histoire d'amour entre une belle avocate qui veut protéger son mari de ses activités et un mari qui est prêt à risquer sa vie en mémoire de son épouse sur fond de confiance mutuelle inébranlable. Tout ceci a fait une lecture agréable.
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Excellent roman d'espionnage qui se déroule dans le milieu de la diplomatie en Afrique, au Kenya plus exactement.

On y découvre l'attrait du profit des firmes pharmaceutiques et l'ambivalence des ONG avec un scénario complexe mais passionnant.

L'enquête de Quayle a de quoi nous happer. Même si nous sommes dans un roman, la vraisemblance du propos a quelque chose de troublant.

J'ai toujours un peu de difficulté à entrer dans le style de l'auteur ou de la traduction avec des tournures de phrases parfois un peu étranges où l'on se demande qui parle à qui et avec parfois une absence de verbe.

Cela n'altère cependant pas la qualité du contenu.
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Nous sommes en Afrique, au Kenya. Tessa est morte. Justin Quayle, son époux cherche pourquoi. le diplomate de carrière au haut-commissariat britannique de Nairobi découvre petit à petit l'étendue des machinations de multinationales pharmaceutiques et des alliances politiques. Il y a quelques courageux qui s'insurgent au travers d'associations humanitaires contre une mondialisation aveugle, régie par la loi du dieu Profit.
Il est vrai que le roman s'appesantit de quelques longueurs, mais l'auteur y déploie toute son ironie mordante, son sens du dialogue particulier et son incisive lucidité.
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2023/07/27/john-le-carre-la-constance-du-jardinier/
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Ma rencontre avec John le Carré s'est d'abord faite grâce au cinéma. Sur les conseils de notre prof d'anglais à la fac, j'ai découvert « The constant gardener », un thriller très critique sur l'industrie pharmaceutique. J'ai adoré le film alors ni une ni deux quand j'ai appris qu'il y avait à l'origine un livre (comme c'est en général le cas pour nombre de bons films) et que qui plus est, je suis tombée dessus à la médiathèque, je n'ai pas hésité une seule seconde.

Je dois avouer que je suis bien heureuse d'avoir visionné le film et d'avoir ainsi découvert les personnages et les grandes lignes de l'histoire avant de me plonger dans le livre parce que sincèrement je ne sais pas si dans le cas contraire je n'aurais pas lâcher le livre avant la fin. Non pas que ce livre se soit révélé être une déception, ce n'est pas le cas mais le début est lent. Alors bien sûr, sur le fond, l'histoire démarre d'emblée avec la mort de Tessa mais l'intrigue met du temps à se mettre en place sans compter qu'il y a beaucoup de personnages qui vont se greffer à l'histoire.

Au niveau de l'intrigue, le lecteur est d'abord dans le flou ; l'auteur livre les infos au compte-goutte à coup de flash-back et à mesure que Justin avance dans sa propre enquête. On découvre quels sont les protagonistes impliqués, leur rôle et le lien entre les différents maillons de cette chaîne. A l'image d'un puzzle, l'intrigue se dessine tandis que l'auteur, après avoir présenté toutes les pièces du jeu, remette de l'ordre dans tout ça et réponde peu à peu à toutes nos interrogations. Voilà pourquoi il faut s'accrocher, car tous les personnages, les éléments sont importants pour comprendre avec précision le déroulement des évènements. Il ne faut rien laisser passer.

L'articulation du récit est donc complexe et facilement déroutante au début. Cependant, je trouve que dans le genre, ce livre est un très bon thriller.Déjà le sujet est bon. En s'attaquant à l'industrie pharmaceutique, c'est à tout un système que l'auteur s'attaque finalement. Et il le fait, selon moi, de façon magistrale avec une intrigue qui m'a séduite et des personnages fouillés. J'ai beaucoup aimé le portrait de Tessa qui pour défendre ses convictions n'hésite pas à s'attaquer à un système intouchable allant jusqu'à mener une espèce de vie parallèle dont elle a toujours tenu Justin à l'écart afin de le protéger par amour.

Et à l'opposé, un Justin, passionné par le jardinage qui ne soupçonne rien, mène une existence bien rangée, semble ignorer toutes les magouilles qui se déroulent pourtant sous ses propres yeux et va finalement les ouvrir et prendre conscience d'une réalité terriblement cruelle. Comme l'auteur le laisse entendre à travers certaines répliques, le personnage de Justin va mûrir à mesure de sa quête de la vérité.

A travers sa critique argumentée de certaines pratiques de l'industrie pharmaceutique, John le Carré nous pousse à une grande remise en question. On ne ressort pas indifférent de cette lecture.Une fois l'intrigue en place et que les rôles se précisent, à chaque fois que je reposais le livre, j'étais presque bouleversée. C'est clairement pas le pays des bisounours que nous décrit John le Carré dans cette intrigue où derrière se dissimule un cocktail sombre alliant magouilles de l'industrie pharmaceutique, corruption, détournement d'argent, mensonges.

Ce n'est pas un coup de coeur mais ça reste un très bon livre.
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Tous les romans de John le Carré lus jusqu'à présent étaient des romans d'espionnage au sens strict du terme. C'est un auteur que j'apprécie vraiment. Avec "La constance du jardinier" j'ai été un peu étonné au début. En effet, le thème comme la construction du roman ont de quoi surprendre.
Plutôt qu'un roman d'espionnage, on a là une galerie complète de personnages divers et variés : Foreign Office, Scotland Yard, espions, patrons et chercheurs des laboratoires pharmaceutiques. Et le thème justement est beaucoup plus vaste qu'une simple intrigue traditionnellement développée par l'auteur. Ce roman est finalement un livre complexe sur la pauvreté en Afrique, la corruption, les lobbys, les malversations, le fossé entre pays riches et pays pauvres.
Ce livre est certainement un des plus aboutis de l'écrivain qui réussit une construction magistrale avec des retours en arrière, des mélanges d'histoires et de souvenirs. Une fois le principe compris, la lecture se fait toute seule !
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Dix-huitième roman de cet auteur écrit en 2001 et je l'avoue une découverte pour moi.
Et oui, j'étais rétive... Et c'est suite à une interview de ce vieux monsieur que mes réserves sont définitivement tombées.

L'histoire se déroule à Nairobi et mêle le Foreign Office, les multi-nationales pharmaceutiques et les organismes humanitaires.
La plume de John le Carré est fluide et addictive, et tout en soulevant le voile sombre des machinations internationales mercantiles, il trace des portraits vivants et profonds.
Il manie l'intrigue avec une souplesse d'acrobate.
Les portraits ont la même qualité que l'intrigue, ils sont précis et vivants.
C'est un livre qui vous fait passer de courtes nuits tant il est difficile de le fermer.
Ce livre nous éclaire sur les lobbies pharmaceutiques et les rouages secrets engendrer par notre monde capitaliste.
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Le Carré est un peu beaucoup un spécialiste de l'anti-héros. Nous avons ici deux héros très anti-héros! Justin, qui se retrouve au centre d'une intrigue internationale suite à la virulente dénonciation, par son épouse Tessa, des agissements crapuleux des grandes pharmaceutiques multinationales. le tout se déroule en Afrique où la corruption est reine.

Mais ce que je retiens de ce roman ce n'est pas vraiment l'intrigue.

Je retiens que le Carré est un extraordinaire créateur d'ambiance, qui sait rendre un sentiment. J'ai adoré la communion, l'amour que Justin éprouve pour Tessa, tout autant que sa loyauté. J'ai adoré Tessa qui se bat pour une cause juste dans un monde en perte de repères.

Ce roman n'est pas qu'une intrigue policière ou d'espionnage avec du suspens jusqu'à la fin, une écriture fluide et superbe! Pour moi c'est aussi, et surtout, un roman d'amour étonnant.

Un roman palpitant.
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Après avoir lu le Cerveau de Kennedy (problème du sida en Afrique et des médecins qui cherchent le remède d'une façon peu orthodoxe) du suédois Henning Mankell, je me suis attelée à la lecture de celui-ci.
J'ai mis du temps à lire ce pavé de presque 500 pages mais bon, il le fallait car dans ce livre, outre l'intrigue policière, il y a une importante dénonciation de la mainmise sur l'Afrique des grandes puissances mondiales et plus particulièrement du rôle dévastateur des lobbies pharmaceutiques qui s'en servent comme terrain expérimental de leur nouvelle petite pilule qu'ils revendront bien cher aux pays riches.
A la fin, l'auteur, dans une note écrite en décembre 2000, se dédouane de toute implication dans la dénonciation de ces organisations corrompues jusqu'à la moelle, ce qui est bien dommage car il faut avoir le courage de ses actes. John le Carré dit qu'il n'est jamais allé voir le haut-commissariat britannique de Nairobi. Aucun personnage de ce roman, aucun organisme ni aucune société, ne lui a été inspiré par une personne ou une organisation existante. Il multiplie les démentis de toute sorte. S'il fallait le croire, il aurait dû mettre cette note avant le premier chapitre et cela nous aurait permis d'avoir une autre vision de son ouvrage, plus fiction que pamphlet dénonçant le pillage de l'Afrique. le Dipraxa - ce médicament en test contre la tuberculose - n'existe pas... Mais par contre, le magnifique vieux domaine sur l'île d'Elbe est bien réel. La chiusa di Magazzini appartient à la famille Foresi, dont les vignobles produisent du vin gouge, blanc et rosé ainsi que des liqueurs, et l'oliveraie une huile d'une pureté totale. En fait, si on prenait son ultime note au premier degré, son livre ne serait qu'un guide touristique pimenté d'une enquête policière puisque Justin Quayle, dans sa recherche de la vérité sur la mort de Tessa, son épouse, s'est baladé dans de nombreux pays. C'est un peu simpliste et non satisfaisant comme approche.
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J'ai conclu cette drôle d'année 2020 avec un hommage à John le Carré qui nous a quitté récemment et que je n'avais encore jamais lu. Pourtant La constance du jardinier était dans ma Pal depuis fort longtemps.

Tessa, avocate, épouse de diplomate britannique est assassinée au abord d'un lac au Kenya. Son chauffeur chauffeur a également été tué et son compagnon de voyage, un médecin, a disparu.
Son époux, grand amateur de fleurs, ne croit au simple meurtre. Il va vite découvrir que sa femme enquêtait sur un grand groupe pharmaceutique qui vendait des médicaments douteux. Est cette enquête qui a causé sa mort ? le Foreign Office va t il le laisser découvrir qui a tué sa femme ?

J'ai beaucoup aimé la plume de le Carré, dense mais accessible, on voit que le bonhomme sait de quoi il parle quand il évoque les rouages des services secrets britanniques.
J'ai également beaucoup appris sur le fonctionnement des firmes pharmaceutiques, sur la fabrication et la mise en vente des médicaments. Si ce qu'il décrit est vrai, certaines choses évoquées sont vraiment choquantes et révoltantes !

Ce roman m'a également donné envie de lire plus de roman se déroulant en Afrique. John le Carré donne une image à la fois touchante et triste de ce continent sous estimé.

Bémol quand même sur la fin, les détails pharmaceutiques, les méandres des recherches de Tessa m'ont un peu perdu et j'ai trouvé que ça tirait en longueur. Mais la dernière page est frisonnante !

J'ai eu grand plaisir à ENFIN lire cet auteur, j'en relirai d'autre c'est certain.
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