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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Noir, c'est noir, et il n'y a plus du tout, mais alors plus aucun espoir. Vous pouvez d'ailleurs aller vous pendre direct, ou vous tirer une balle (ça vous épargnera bien des souffrances) ; enfin sous réserve de pas se louper, par ce qu'il n'y en a plus qu'une seule dans le barillet (mais ne vous inquiétez pas, vous aurez le mode d'emploi de toute façon après avoir lu La Route).
Vous pensiez avoir déjà tout vu en termes de romans graphiques sombres, noirs, comme venus d'outre-tombe ?
Ben, je vous le dis tout de suite, là vous risquez tout de même d'avoir un petit choc (même si dans votre tendre enfance vous aviez l'habitude de faire des expériences médicales sur vos Bisounours ou faisiez rôtir Oui-Oui).
Dans un monde postapocalyptique, le soleil a disparu, la terre est recouverte de cendres. Les hommes luttent pour leur survie, jusqu'à en perdre la raison, leur humanité.
Il n'y a presque plus rien à boire, à manger, les hommes sont devenus loups et s'entretuent.
Surgies de nulle part, deux silhouettes progressent sur la route, un homme et son fils d'une douzaine d'années, ils marchent vers le sud, espérant y trouver un hypothétique salut. Devant lui, l'homme pousse un caddie qui contient de maigres provisions glanées avec difficulté dans les décombres.
Tout n'est que désolation, destructions, putréfaction de corps, pendus. Asservissement d'hommes par d'autres hommes.
Pétrifiés, hallucinés, nous contemplons ce désastre, cette débâcle, d'un futur peut-être proche.
Une tension terrible s'accroit au fil des pages dans ce cauchemar éveillé, comme un tunnel sans fin.
À moins d'être un zombi sous anti-dépresseur, je ne vois pas très bien qui pourrait dire que cette lecture a été une lecture plaisir. Elle happe, matraque, cogne. C'est douloureux, l'impuissance de ce père et son fils devient la nôtre. Ils subissent, se cachent, dans une lutte incessante pour leur survie.
Parfois un éclat, un éclair de couleur dans cette mer de cendres, de neige sale, mais vite ravalé, noyé sous la terreur et l'horreur.
Rien de superflu, chaque vignette pourrait être encadrée en format poster, j'ai parfois même regretté les quelques dialogues qui venaient mordre le dessin.
J'ai eu froid tout au long de cette lecture, d'un froid qui ronge jusqu'à la moelle.
Un roman graphique majeur, un choc impossible à oublier, qu'on le veuille ou non…
Bravo à Manu Larcenet, du grand art !
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Sorti en 2007, La Route de l'américain Cormac McCarthy est aujourd'hui un classique de la littérature, récompensé à juste titre par le Prix Pullitzer et déjà adapté par John Hillcoat pour le grand écran.
Cette année, c'est un autre support qui accueille la magnificence de cette oeuvre au noir : la bande-dessinée.
Pour le mettre en images, les éditions Dargaud ont confié l'affaire à l'un des plus grand dessinateurs-auteurs du domaine : Manu Larcenet.
Que trouvera-t-on cette fois sur La Route ?

Des cendres et la fin du monde
La Route raconte une histoire d'une simplicité désarmante.
Celle d'un père et de son fils en guenilles qui avancent encore et encore sur une route sans nom dans un monde mort.
L'Apocalypse a eu lieu, les feux et l'homme ont ravagé tout ce qui existe pour n'en laisser qu'un cadavre froid.
Au cours de leur périple, ils rencontreront d'autres hommes, des survivants comme eux. Certains voudront les tuer, d'autres se cacheront.
Il en existe même qui veulent manger. Tout. N'importe quoi.
En s'emparant de cette histoire en forme de mythe, comme une parabole sur l'amour et le lendemain, Manu Larcenet trouve un terrain de jeu à la hauteur de son talent.
Il dépeint ce monde glacial en gris délavé qui ne se réhausse presque jamais de véritables couleurs, ou alors affadies, vieillies, fatiguées.
Le monde n'a plus de couleur, il est un enfer gris où les cadavres s'accumulent, ou les scènes murmurent le passé, aussi terrible soit-il.
Manu Larcenet a l'art du laconique, comme McCarthy.
Sauf qu'il emploie des crayons pour le non-dire à la place de la plume.
On se trimballe de villes désossées et villages abandonnées, on regarde les morts se balancer la corde au cou et l'on s'interroge sur l'horizon, où les personnages voient parfois des choses quand nous-mêmes ne voyons rien.
Au coeur de cette avancée inlassable, l'amour d'un père en son fils, l'amour total qui détruirait le monde s'il venait à le perdre.
Il n'y aurait plus de monde sans lui.

Le gentil pour dernier refuge
Manu Larcenet montre l'horreur sous toutes ses formes, les choses qui ont transformé l'homme en monstre. Qui laisse des traces.
Des caches de nourritures semi-vivantes ou des sectes qui se traînent dans la poussière.
Deux choses hantent le récit : la mort et le bien.
La première est omniprésente, elle semble inéluctable et pourtant le Père refuse que son fils pense à la Mort. Il veut qu'il vive, par tous les moyens possibles. La Mort est le tabou de la délivrance qu'on doit enseigner mais qu'il faut éviter de regarder. Sinon, elle nous rentre dans la tête.
Comme l'horreur, comme le Mal.
Dans un monde où tout s'est écroulé, la morale n'existe plus.
En fait, elle n'a même plus aucun sens.
Sauf pour l'enfant.
« Nous sommes les gentils ? » répète-t-il à son père régulièrement ?
La réponse est oui, bien évidemment. Toute personne veut être le gentil de l'histoire. Celui qui n'est pas le vilain, le monstre.
Mais quel sens quand les notions de bien et de mal n'existent plus ?
Quand plus rien n'existe.
Comment peut-on être humain demain quand être gentil peut signifier la mort ou d'abominables tortures ?
Manu Larcenet regarde le monde en imaginant un autre possible, celui d'un enfant qui veut continuer à être gentil même si cela n'a plus de sens.
On retrouve les couleurs dans l'ancien, dans les décombres de l'avant.
Dans une canette ou un emballage encore intact.
Aussi dans les yeux de l'enfant, dans sa volonté, jusqu'au bout d'être gentil.
Le père sait pourtant le risque, lui ne peut plus se permettre.
Alors il doit préparer son fils du mieux qu'il le peut.
Comment dire à son enfant qu'il n'y a plus d'espoir nul part et que la dernière balle doit être gardé pour soi-même ?
Peut-être en lui laissant sa chance. Peut-être.
En suivant la Route. Sa Route.
Et la gentillesse pourrait sauver le monde.

Oeuvre terrible transcendée par le talent d'un Manu Larcenet au somme de son art, La Route en bande-dessinée est un crève-coeur et un tour de force complet où le trait se fond avec le drame et l'amour.
C'est immense, c'est grandiose.
C'est Larcenet.
Lien : https://justaword.fr/la-rout..
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Cet album reprend à merveille le roman de Cormac McCarthy. Une catastrophe sans précédent a eu lieu. Une sorte de nuage nucléaire a tout décimé sur son passage. Il reste quelques survivants mais il ne fait pas bon de s'en approcher. Un père et son fils tentent tout pour rester en vie et fuir ces êtres sans raison ni humanité.

Tout l'album est dans un dégradé de gris et de noir, mimétique de l'atmosphère apocalyptique dans laquelle vivent les personnages. Il y a peu de dialogues, les paysages et les actions étant suffisants à la compréhension de l'histoire. On a l'impression d'être dans Mad Max mais en plus violent, ce qui n'est pas peu dire ! On tremble pour ce père protecteur et pour ce petit qui n'a rien demandé et qui devient mature d'un coup car il faut qu'il sauve sa peau.

Du grand art !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Je ne vais pas faire une dissertation, il y a l'original et la bande dessinée.
Pour ceux qui ont lu "la route", pas d'hésitation, c'est une adaptation réussie. Qui mieux que LE Manu Larcenet de "Blast" était capable de rendre cette atmosphère si particulière du roman ?
Graphiquement, c'est noir avec des variantes de gris, comme la cendre qui recouvre le monde. le désespoir, la solitude qui cristallisent sur les pages de l'artiste. Oui, l'artiste.
Pour les autres, les improbables lecteurs ne connaissant pas le roman même par ouï-dire, en gros, ça y est, on l'a fait. On a laissé libre cours à notre folie. C'est fini.
Ce qui différencie ce roman de survie de la plupart de ses équivalents contemporains, c'est qu'il n'y a vraiment plus rien : la seule solution est de nous bouffer entre nous. On touche vraiment le fond, ce qu'il y a de pire dans notre espèce est ainsi révélé. Exit l'espoir, exit notre petite part d'humanité.
Une bonne mise en bouche pour ce qu'on nous prépare peut-être.
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L'évènement graphique de l'année arrive enfin en librairie ! Et quelle réussite !

Je ne voyais absolument pas comment il était possible d'adapter ce roman « monument », prix Pulitzer en 2007 (si vous ne l'avez pas encore lu vous devez absolument combler cette lacune). Jamais au grand jamais je n'ai connu une telle angoisse en lisant une histoire. J'en rêvais la nuit. Je pensais constamment à cet homme et à cet enfant, me demandant comment ils allaient se sortir de ce monde dévasté, asphyxié par les cendres et cerné de dangers. le souvenir de sa lecture est encore très vif dans ma mémoire et les sensations sont intactes.

Tout est remonté en ouvrant la version Larcenet. Immédiatement, dans les décors, dans les couleurs, on s'immerge dans l'univers post apocalyptique créé par Cormac McCarthy. L'incroyable tension du roman s'installe aussi sûrement dans la bd. On retrouve la radicalité de l'oeuvre d'origine, faite de peu de mots, de peu d'action et de beaucoup de non-dits.
Et on se prend dans le coeur la force du lien qui unit ce père et ce fils.

Alors, une fois la dernière page tournée, l'évidence est là. Larcenet était bien le seul capable de ne pas trahir tout en étant intègre à ce que l'on connaît de lui.

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J'avoue avoir hésité avant d'ouvrir ce livre, c'est Manu Larcenet, un auteur hors catégorie dans l'univers de la bande dessinée, depuis le Combat ordinaire, il sort chef d'oeuvre sur chef d'oeuvre, et d'un autre côté, j'ai lu La Route de Cormac Mccarthy, et c'est un bon livre, mais ce n'est pas non plus le monument absolu. Avec une histoire où il ne se passe presque rien, ou les images sont toujours les mêmes, un livre si monotone, si pesant, comment peut-on en sortir un éclair de génie, comment dans un univers si gris peut-on y trouver la lumière. Pour moi, c'était inadaptable, ou du moins, une adaptation ne pourrait rien y apporter de plus. En réalité, j'avais peur d'être déçu par le Manu Larcenet qui m'éblouit si souvent.

L'adaptation de roman n'est pas sa spécialité, il n'a que le Rapport de Brodeck à son actif, mais là, pardon, à propos de monument de la bande dessinée, ça se pose là, j'en ai les larmes aux yeux rien que d'y penser.
Donc voilà, il n'a réalisé qu'une seule adaptation, extraordinaire, de roman avant de s'attaquer à celui-ci, un roman bien plus neutre, dont le discours est moins ambitieux, plus prosaïque, comment ne pas prendre le risque de me décevoir ?

De plus, je suis régulièrement ses publications sur instagram, et j'avais déjà un avant goût. Je m'en faisais une idée assez fausse : je le soupçonnais d'être tombé dans l'exercice de style, c'est d'ailleurs l'impression que m'a fait le roman que j'ai vu comme un exercice de style, pas de nom pour les personnages, pas de décors, pas de couleurs, rien à décrire, pas de passé, pas de futur, pas de pourquoi, pas de comment et une aventure à nu. Un challenge périlleux et pourtant réussi.
L'histoire tient à presque rien, le monde est cramé, dévasté, on ne sait par quoi ou pourquoi, les survivants sont retombés dans la barbarie, le cannibalisme, un père et son fils tentent de descendre vers le sud. L'histoire n'est qu'une longue marche dans l'horreur et le désoeuvrement.

Ses publications instagram ne présentait que des petits bouts d'illustrations, pas vraiment représentatives de ce qu'on y trouve réellement, lorsque j'ouvre la première page, c'est déjà la submersion, on est en apnée sous un nuage de fumée, étouffant, suffocant, et les personnages avancent alors dans un long travelling qui ne finira jamais. Manu Larcenet utilise un trait souple, avec des traits parallèles, doux mais persistants, il insiste sur les drapés des tissus usées de leur vêtements, jusqu'à l'obsession, comme s'il griffait sa feuille jusqu'au sang, jusqu'à la maltraiter, il l'agresse comme l'atmosphère oppressante agresse le père et son fils. À force d'insister sur sa feuille, il fait ressortir la lumière pourtant rare dans ce monde en ruine.

Les mots sont distribués parcimonieusement, pas de descriptions, pas de didascalies, il efface tous les mots inutiles du texte original pour les remplacer par son trait rageur, il ne reste que quelques rares dialogues, le mot "papa" est celui qu'on retrouve le plus souvent, renforçant cette protection du père pour son enfant, mais aussi la tension du père pour ne pas submerger l'enfant dans son désespoir.

Manu Larcenet ne nous épargne pas les horreurs, mais toujours avec le même trait minutieux et obsessionnel, les cadavres sont traités de la même façon que les carcasses de voitures, tout n'est que squelette. On arrive à cette réflexion sur la nature humaine, pessimiste et grave que le roman n'avait fait qu'effleurer, sa présentation des ruines, de la déchéance prend une dimension où l'apocalypse n'est pas une simple constatation, un simple évènement, mais l'essence même de la nature humaine. Pas très joyeux tout ça, et tellement terrifiant.

L'histoire avance au rythme des personnages, on avance à pied dans une nature effacée, la monotonie nous prend à la gorge et porte l'émotion à son paroxysme. On arrive à la fin bouleversé aux larmes, bien plus qu'à la lecture du roman, Manu Larcenet fait jaillir une beauté de l'horreur, l'espoir du désespoir. Je suis surpris de ce qu'il a réussi à tirer de ce roman, c'est un tsunami graphique !
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Depuis le temps que ça nous pendait au nez, il fallait bien que ça finisse par arriver.
Quoi donc ? La fin du monde, pardi !
L'apocalypse, l'effondrement final...

Ruines à perte de vue, pluies de cendres tombant en continu sur des villes ravagées, carcasses de voitures abandonnées au beau milieu d'autoroutes désertes ... et dans ce chaos deux silhouettes hirsutes, deux squelettes ambulants, deux spectres en haillons. Un père et son fils, seuls survivants (ou presque) d'une humanité dévastée.
Ils marchent (beaucoup), ils parlent (très peu), ils n'espèrent rien sinon trouver dans les décombres quelques denrées comestibles, et être encore debouts demain pour reprendre la route. Toute la sainte journée.
Cap au Sud, sans trop savoir pourquoi.

Sur ce chemin semé d'embûches, chaque jour ressemble au précédent, chaque nuit est source d'une même angoisse, chaque page offre au lecteur de nouvelles scènes de désolation que certains jugeront peut-être répétitives, mais qui contribuent pleinement à faire de cette BD une oeuvre incroyablement immersive.
Case après case et dans un silence quasi total, l'excellent Manu Larcenet construit en effet patiemment un monde de cauchemar à la hauteur de son talent, et rarement (jamais ?) une bande dessinée ne m'aura fait une si forte impression !

Un peu de brun et de rouille, des dégradés subtils de bistres et de sépias crépusculaires, mais bien sûr, avant tout, du noir. du carbone pur, du désespoir brut et entier.
Et dans ce perpétuel brouillard de cendre et de poussière où l'enfant peine à distinguer les bons des méchants, l'heure est à l'économie maximale.
Économie de couleurs, de mouvements, de mots. Les dialogues sont réduits au strict minimum, tout est dans les regards, les soupirs, les quelques consignes lapidaires transmises par le père à ce fils dont il a fait sa seule raison de vivre ("Jamais je ne te laisserai dans les ténèbres"), l'ultime étincelle d'humanité à préserver coûte que coûte ("Tu vas guérir ... il le faut ... sinon ce sera le dernier jour de la Terre").
L'enfant est encore jeune, plein d'innocence et de naïveté, toujours prêt à porter secours au premier vagabond rencontré, tandis que son père a appris à se méfier de tout et à ne faire confiance à personne. Bien malin le lecteur qui saurait dire avec certitude quel eût été son comportement en pareilles circonstances !

Après le superbe "Rapport de Brodeck", Manu Larcenet signe là une nouvelle adaptation magistrale d'un roman déjà très fort, qu'il enrichit encore d'une identité graphique fascinante.
Moi qui avais lu (et aimé !) il y a longtemps le livre de McCarthy, je n'en gardais pourtant qu'un souvenir assez diffus. Il n'en sera sûrement pas de même avec cette version merveilleusement illustrée et de très grande qualité, que je ne n'oublierai pas de si tôt !
Du grand art, vraiment !
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Aussi puissante que le roman de Cormac McCarthy, cette adaptation graphique anime les silhouettes des deux héros dans des États-Unis en cendres. Ces corps perdus dans des plans larges touchent encore plus que les visages creusés du père et de son fils, ombres chinoises pleines de l'intention de leurs mouvements, tendues vers leur but si dérisoire, vibrantes et bouleversantes (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/04/26/la-route-cormac-mccarthy-manu-larcenet/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Il fallait un illustrateur chevronné pour s'attaquer à l'oeuvre éponyme de Cormac McCarthy, prix Pulitzer 2007, dont l'ambiance oppressante, les dialogues parcimonieux et l'empreinte sensible réussissaient à enfanter un monde postapocalyptique aussi convaincant que terrifiant. Tout reposait dans ce roman sur la relation émouvante, sincère et fragile entre un père et son fils, qui ne sont jamais nommés et qui doivent rester en constant mouvement dans un pays ravagé par un cataclysme inconnu. Ils avancent ainsi sur la route, tenaillés par la faim, terrorisés par la menace de groupes violents et cannibales, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites nécessaires à leur survie, recherchant la chaleur en direction du sud.

Manu Larcenet s'était déjà illustré avec l'adaptation en noir et blanc du roman de Philippe Claudel, « le rapport de Brodeck ». Ses dessins en tons binaires, sans dégradés, pouvaient paraître très bruts, mais cela collait bien à l'histoire. L'identité graphique de « La route » est tout aussi sombre mais bien plus belle et recherchée à mon sens. Illustrer le silence, le froid et la peur représente une gageure certaine que l'illustrateur relève avec brio. C'est un monde de cendres et de pluie qu'il parvient à reconstituer dans toute son oppression et sa déstructuration. le trait est nerveux, intriqué, les scories omniprésentes. Les vignettes alternent entre flou brumeux et détails méticuleux. le père et le fils, étiques et éreintés, doivent sans cesse avancer, mais ce monde est statique, figé dans une gangue de mort. Les planches sont le plus souvent monochromes mais l'usage parcimonieux de la couleur, dans un discret nuancier de bleu délavé, d'ocre sale, de jaune passé ou de mauve glacial confère aux pages des ambiances très contrastées. On retrouve la parcimonie des dialogues entre le père et son fils, cette manie linguistique de l'enfant qui accepte les plus abominables vérités et les nécessaires actions par un « alors d'accord ».

Je conclurai en écrivant qu'on ne peut qu'être d'accord avec le fait que cette bande dessinée est une affreuse réussite mettant brillamment en images le roman de McCarthy.
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Ce roman-culte de McCarthy devient sous les traits de Manu Larcenet, un album impressionnant, beau dans la noirceur !
Plongez sans peur, quoique...
Tout est là, saisissant, tragiquement poignant.
Une semaine avant sa sortie, ce cadeau se double du plaisir de toucher l'interdit d'en parler. Tant mieux : soyez prêts le jour J !

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