Un livre qu'on dévore. À la minute ou on se sens bien, l'auteur nous bouscule vers une dimension où tout bascule.
Une réflexion sur le destin et sur les petits quotidiens qui en fait ne le sont jamais tout à fait.
D'une oeuvre à l'autre, l'auteur se questionne sur les grand pourquoi de l'existence....et des existences.
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Serge Lamothe tisse une histoire d’amour impossible mêlant destinée, invention et mondes parallèles.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
En vérité, l'oubli me semblerait pire que la mort parce qu'il signifierait ta disparition avant la mienne. Oui, c'est bien cette idée qui me paraît insupportable. Je veux bien être effacé, que tout ce qui fut ma vie, mes pensées, mes inquiétudes, tous les efforts insensés que j'ai pu faire pour me donner l'impression d'exister soient balayés. Je n'y verrais aucune objection , aucun mal, pourvu que cela puisse contribuer à te rendre plus réelle. Je ne saurais le dire plus clairement: je préférerais n'avoir jamais vécu, jamais rêvé, si cela pouvait, ne serait-ce que dans une faible mesure, te donner la chance d'exister. Cette assurance serait pour moi d'un grand réconfort. Cela m'aiderait peut-être à mourir en paix.
J'ai du pays de nos corps des souvenirs pour deux et, pour la nuit des temps, ils me reviennent comme de grands arbres noyés d'une joie sévère et maladroite. Une magie me tient. Un élan que les fleuves ignorent jusque dans leur chute. C'est de toit que s'évapore le sang d'un million d'étoiles orphelines. Les mers s'abreuvent du sel précaire de tes larmes pendant que l'épiphanie de ta peau s'absente lentement de la chambre.
Vivre ensemble. Partager le chemin. Cette simplicité du quotidien qui ne nous fut jamais accordée, je la recrée pour nous deux dans un espace mental devenu sacré et auquel je m'accroche comme un jeune chiot têtu.
Je te devine et t'invente. Tu te rebiffes et t'imposes dans une autre dimension.
Tous les espoirs y sont permis et les interdits s'y effondrent dans le fracas de nos audaces.
Nos vies, nos mondes à nous. Des vies possibles, des vies pleines et sans retour. Nos cathédrales de papier bruissant comme des feux de pailles. Nos voyages immobiles sur le radeau perdu, à nous chercher dans le regard de l'autre.
Et pourquoi ? Simplement parce qu'après toutes ce années, tu me revenais. Parce que si tu marches sur la terre, c'Est qu'il y a peut-être un sens à tout ce non sens.