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EAN : 9782915018615
300 pages
Quidam (01/08/2011)
3.57/5   14 notes
Résumé :
Un trentenaire rencontre l’amour dans une petite station balnéaire, mais des souvenirs désagréables fragilisent son équilibre.
Que lire après L’année de l’hippocampeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
«Un futur qui s'avance comme un mur d'effroi et, en vérité, nous savons tous que tout va changer, mais nous ne savons ni quoi ni quand.» (Vassili Golovanov, Eloge des voyages insensés – cité en épigraphe)

Déprimé, fatigué et en proie à de profonds doutes, Félix Arramon est venu s'isoler avec sa 2CV dans la petite maison en bord de mer ayant appartenu à sa grand-mère, où il a retrouvé sa planche de surf. Là, il se donne trois-cent soixante cinq jours pour décider de la direction à donner à sa vie, une décision dont les ressorts et enjeux sont au départ obscurs, apparemment liés à des souvenirs traumatisants matérialisés par la présence dans la maison d'un carton mystérieux plein de «trucs»…

«Nous sommes de plus en plus nombreux dans mon état, des âmes errantes et inutiles, si conscientes de leur état que cela en constitue une torture supplémentaire. Je n'abandonne pas la partie par idéologie ou dégoût ou colère. Je laisse tomber parce que l'esprit ne suit plus et que le corps est fatigué.»

Pour sortir de son malaise, la seule discipline que Félix s'impose, une discipline confinant à la pénitence pour ce mélomane, est d'écouter un seul disque chaque jour, et d'écrire quelques notes tous les soirs. C'est ce journal qui nous est donné à lire - une page par jour ponctuée par la mention du disque quotidien – un ensemble en forme de montagnes russes émotionnelles.

Caméléon en forme ou déprimé, en fonction de ses rencontres, de la musique et du temps qu'il fait, Félix se lie d'amitié avec de rares voisins, pense très souvent et rend visite à Tim, son ami si proche, un garçon singulier érudit et subtil, eternel révolté contre la société refusant toute forme de stéréotype. Enfin Félix tombe amoureux, un amour partagé qui semble lui ouvrir une porte vers un futur plus radieux malgré ses fêlures et ses obsessions.

Les thèmes de l'illusion, du double et de la falsification au coeur de ce troisième roman de Jérôme Lafargue (Quidam éditeur, 2011) sont chers à l'auteur, et tout le charme du livre, outre cette description bien sentie du malaise d'un homme emblématique d'une époque, réside donc dans sa personnalité problématique subtilement dévoilée, et dans les ruptures de la narration que Jérôme Lafargue nous inflige, au moment où nous pensions émerger du brouillard.

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Alors là! Cela faisait longtemps que je n'avais pas été interloquée par un livre, et celui-là a plutôt bien réussi son coup. Les règles sont simples et données du départ : un jour, un titre musical, une page d'écriture, le roman se présente en fait comme un journal intime. On commence donc tranquille, le style est sympa sans plus, et dans l'histoire on est surtout très attiré par ce mystère, ces choses que prépare et cache Félix, le narrateur... Et d'un coup, ça se bouscule. Premier revirement de situation qui interpelle, c'est une autre plume qui prend le contrôle du carnet. Et ensuite, encore un revirement tout à fait inattendu, c'est Tim, le meilleur ami de Félix, qui prend à son tour la plume... et pour finir, une dernière surprise...
Donc cet enchevêtrement de personnes, qui à la fois présente un cercle restreint de personnages mais très complexe aussi, et l'épilogue qui oblige à se repasser dans sa tête tout le film du bouquin (et là ça se gâte, parce que tout n'est pas très cohérent quand m^me!) mais l'effet de surprise est magnifique, et le bouquin est vraiment intéressant (sauf les références musicales, si j'en connais 3 c'est le bout du monde)
PS : au départ ma critique était plus longue, avec des bouts masqués pour ne pas trop en dévoiler pour le lecteur intéressé par cette lecture... mais du coup elle apparaissait tout à fait incomplète donc je l'ai refaite, sans les masquages!
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3 ième roman de Jérôme Lafargue et la magie opère toujours .
La forme est des plus originale : une page / 1 jour / 1 récit / 1 air de musique.
Cynisme, hypocrisie et vacuité du Monde dans lequel nous évoluons sont au centre de l'histoire.
Musique, littérature, amitié et Amour comme bouées de sauvetage pour ne pas se laisser dériver et supporter cette vie futile.
Une oeuvre sensible, intelligente, forte.
Un véritable tour de magie comme dans son 1er roman; "L'ami Butler".
Un savoureux moment de lecture.
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Un reporter au bord de la dépression, secoué par les scènes de violence auxquelles li a assisté, décide de se retirer une année dans la maison de ses grands-parents en s'imposant une discipline : écrire une page et écouter un seul disque par jour (et quelle discographie !). Il espérait être seul, mais un ami de longue date habite toujours dans le coin et il se lie avec quelques personnages aussi solitaires et "toqués" que lui, des êtres en marge, mais au grand coeur. Son ami l'affuble du surnom de l'hippocampe : l'être vivant le plus lent, mais dont la tête peut bouger à une vitesse extraordinaire pour se nourrir ou se défendre. L'auteur brouille les pistes.
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Un beau livre déroutant qui m'a hantée longtemps après l'avoir fini.
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critiques presse (1)
LeMonde
02 décembre 2011
Jérôme Lafargue aime le mystère, pas le méchant petit suspense qui veut être éventé, le mystère qui ne dérobe pas nécessairement un secret mais annonce plutôt dans ses brumes le fantôme que nous serons un jour.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Grandaddy : The Sophtwave Slump
Oui, j'ai été de ces trompe-la-mort. Pendant une année complète, j'ai suivi une formation tous azimuts, du jiu-jitsu à l'informatique et la communication de pointe, en passant par une mise à niveau littéraire pour soigner l'écriture. J'ai sauté l'étape des armes, ayant eu mon comptant pendant le service militaire. j'ai appris à me servir d'appareils photos ultrasophistiqués, à courir vite, à me planquer, à assimiler les rudiments des langues locales le plus vite possible. Puis on m'a envoyé sur le terrain. J'ai vu des choses atroces et des manifestations d'humanité incroyables. Ce qui a a fait la force de la revue et du site, c'est que nous ne nous autorisions aucun déni, ni en termes d'images ni en termes d'analyse. Nous n'avions cependant aucune idéologie à brandir. Nous montrions et interprétions en fonction de données avérées. Pourquoi j'emploie le passé ? Ils continuent sans moi. Je n'ai jamais su combien la revue employait de ces aventuriers d'un genre nouveau. De même, je n'ai vu aucune de ces fameuses runes. Peut-être n'est-ce qu'une légende destinée à appâter les plus idéalistes. Tim, tout à l'heure au téléphone :
- Félix ! T'es où ?
- A la maison.
- Regarde par ta fenêtre ! La mer se retire !
- Quoi ? Mais non. T'es sûr ?
- Poisson d'avril, couillon !
- Tim, nous sommes le trois...
- Ah bon ? Merde.
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Tim est un garçon singulier. Avant de se retrancher définitivement, il a tenté de multiples choses, non pour se rendre intéressant mais pour créer une prise de conscience. Sa meilleure trouvaille à mon goût a été de construire une cabane dans un arbre et de passer ses journées à lire des histoires à haute voix. Il est impératif que je parle de lui et de son œuvre passée. Il a eu son heure de gloire, mais il est maintenant complètement oublié, ce qui à mon sens est un bon résumé de l’état de notre monde.
Au cours des années qui précédèrent cet événement, Tim pensa à de multiples formules ou actes percutants permettant de montrer à quel point il éprouvait de la colère. Mais comment faire preuve d’originalité ? Comment se démarquer des révoltes ordinaires ? Il songea ainsi à assassiner les méchants (trop banal) ou mettre en scène leurs meurtres symboliques (pas mal mais déjà fait), fonder un groupuscule anarchisant (commun), rester immobile à vie (intéressant mais contraignant), se fondre dans la masse en attendant la mort (ah non !), entrer en politique (manque d’argent liquide), jouer au loto (pas mieux !), traverser le pays à pied en criant « On est foutus » (puéril), braquer des banques (dangereux et futile), commettre des happenings sur les plateaux télé (convenu), pisser sur les bâtiments symbolisant la domination (plutôt malodorant), insulter les gens pour leur passivité, leur indifférence et leur couardise (périlleux et infécond).
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5 janvier (Bernard Collins & Abyssinians, Last Days)
Donc, je possède la seule planche à l'effigie de Calvin & Hobbes se prélassant sur une branche d'arbre, avec des fleurs autour. Je l'ai usée, et combien, pendant quelques années, avant que le boulot et l'oubli de soi me rattrapent.
Quelle honte.
Comment ai-je pu te délaisser à ce point?
Elle a été protégée par une vieille couverture, et par chance, il semble qu'aucune gouttière n'ait surplombé l'endroit où elle végétait.
Le soleil a percé aujourd'hui, j'espérais qu'il serait suffisant pour que la wax fonde et que je puisse la gratter. L'expérience n'a pas été totalement concluante et j'ai dû prendre sur moi pour sonner chez le voisin afin d'emprunter un sèche-cheveux.
Ne pas terminer cette tâche avant que le jour ne tombe? Inconcevable. Je suis un obstiné.
La maison qui jouxte la mienne sur la droite est si blanche et si bien entretenue que je me suis promis de commencer le défrichage chez moi dès demain.
Une jeune femme au teint mat m'a ouvert.
Une très jolie femme.
J'ai bredouillé ma demande, elle n'a rien dû comprendre à l'utilisation que je comptais faire de l'engin, mais elle me l'a obligeamment prêté. Je me suis senti comme un adolescent en pleine crise de puberté.
C'était lamentable.
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J'ai fait un peu de surf ce matin et j'ai bouquiné. Ces temps-ci, sur les conseils de Tim, j'explore tout un pan de la littérature française des années cinquante: Forton, Gadenne, Guérin, Augiéras, Hardellet. De sacrés écrivains.
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Je suis un nid de contradictions : à quoi ressemblent ce retrait du monde, ce renoncement que j’accompagne de manies, n’écouter qu’un disque par jour, n’écrire que quelques lignes chaque soir, tandis que se profilent à l’horizon la résolution ou la non résolution les plus importantes de ma vie ?
– Quel est l’animal, non, quel est l’être vivant le plus lent du monde ? me demanda un jour Tim, alors que je venais de l’énerver suite à l’une de mes sempiternelles évocations d’un doute quelconque.
– Le paresseux ? L’escargot ?
– Non, tu n’y es pas mon vieux. C’est l’hippocampe.
– L’hippocampe ? Tu plaisantes !
– Pas du tout. J’ai lu quelque part qu’il lui fallait je ne sais combien de minutes pour parcourir quelques centimètres. Cependant, lorsqu’il s’agit de se défendre ou de manger, la rapidité de son coup de tête est stupéfiante. Pfuuiiittt, elle était là, elle y est plus, fit Tim en claquant des doigts. Sans oublier qu’il peut rester des heures immobile. Tu es un hippocampe, Félix, que tu le veuilles ou non.
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Video de Jérôme Lafargue (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Lafargue
Jérôme Lafargue vous présente son ouvrage "L'année de l'hippocampe" aux éditions Quidam. http://www.mollat.com/livres/jerome-l... Notes de musique : Sonothèque - 1 Vagues
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