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EAN : 9782490834099
504 pages
Panseur (10/02/2022)
4.5/5   7 notes
Résumé :
De quoi se compose l’ossature d’une famille ? Des membres essentiels ? D’une construction invisible qui les soutient tous ? Qui ne fait pas partie de l’ossature Raba ? Raba. Le nom transmis par son père, Anwar, qui fuit ses origines. Le nom de Léa, sa mère, qui ne sera jamais invitée pour l’Aïd. Raba, leur nom à eux : Hakim, Farah, Imane, Salim, Noria et Amira, sa cousine, qu’il tentera de saisir pour unifier l’irréconciliable et comprendre pourquoi leur famille s’e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un grand merci aux Editions du Panseur ainsi qu'à Masse Critique pour la découverte de ce superbe livre.

Dans Ossature, Nassim Kezoui nous emmène dans les coulisses d'une famille, les Raba, découvrir ce qui les constitue au profond d'eux-mêmes.
Tout au long du livre, on assiste à une recherche, une poursuite d'identité de la part des membres de cette famille franco-algérienne, en particulier le narrateur et la cousine de celui-ci, Amira.
Les grand-parents, Hakim et Farah, sont arrivés d'Algérie et se sont installés à L. La génération suivante a grandi dans cette cité et dans ses traditions et celles de leurs parents. Ainsi Anwar et Salim les deux frères choisissent des voies diamétralement opposées : le premier se marié à Léa, une gwer, c'est-à-dire une femme blanche non-musulmane tandis que Salim se marie à Noria, que ses parents ont choisie pour lui. L'un rejette sa culture quand l'autre semble l'embrasser. A partir de moment, les liens se distendent et chacun vit de son côté : Anwar n'est invité que pour l'Aïd, sans femme et enfant. Les deux frères et donc la famille sont dorénavant séparés par un univers de croyances différentes et leurs propres enfants cherchent eux aussi leur identité entre traditions familiales et volonté de s'en défaire. Qui sont -ils ? D'où viennent-ils ? Comment être soi dans cette famille ? le fils d'Anwar, le narrateur, nous invite dans cette quête, emplie de réflexions sur la religion, le rapport à nos racines, la culture, et dissèque sa famille pour mieux comprendre l'éclatement des Raba et ce qui a mené à cette rupture fatale et irrémédiable. Amira, sa cousine est elle aussi happée par la volonté de sortir de ce cadre, et de son rôle de témoin et se passionne pour la photographie et commence à vivre pleinement sa vie, libre et exaltée.
Au final, Ossature est un magnifique roman qui nous convie à réfléchir sur nos propres racines et notre rapport à notre famille, en prenant pour objet d'étude -et d'autopsie- les Raba et les méandres identitaires qui les constituent.

Merci beaucoup aux Editions du Panseur pour cette révélation et un grand bravo à l'auteur, Nassim Kezoui pour ce premier roman époustouflant !
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La famille Raba, d'origine Algérienne, est installée en France depuis les années 1950. Les parents, Hakim et Farah, ont donné naissance à trois enfants : Salim, Imane et Anwar. Ce dernier rompt avec la tradition familiale en épousant et en ayant un enfant avec Léa, jeune femme non musulmane que la famille Raba refuse d'accueillir. Dans la famille Raba, il y a aussi Amira, la fille de Salim qui se rapprochera du cousin banni, du fils d'Anwar et Léa, le narrateur de ce récit.

Faut-il encore une fois rappeler la qualité littéraire des livres édités par cette fabuleuse maison d'édition, Les Editions du Panseur ? Et encore une fois s'émerveiller qu'un premier roman (après le Sorcier Blanc de Mathieu Vivion ou Felis Silvestris d'Anouk Lejczyk) écrit par un tout jeune auteur de moins de trente ans soit à ce point maîtrisé et si formidablement prometteur ? Oui, et encore oui, il faut bien sûr rendre hommage au travail de Jérémy Eyme qui possède ce don extraordinaire de dénicher des talents rares et de nous les donner à lire.

Ceci posé, on retiendra de cet émouvant premier roman la valse des membres de cette famille autour de leurs racines, de la religion, des liens qui les unissent ou de tout ce qui les sépare. On suivra, dans un ordre volontairement non-chronologique, l'histoire des membres de cette famille en nous attachant en particulier à Anwar et Amira et à travers eux au personnage plus flou mais terriblement présent de Salim, leur mort commun (un frère pour l'un, un père pour l'autre).

C'est un livre qui questionne beaucoup sur les origines, sur notre manière de répondre aux attentes et aux projections des autres, sur les concessions qu'on est prêt à faire ou au contraire sur les ruptures qu'on est prêt à assumer pour rester conforme à notre propre conviction. Nassim Kezoui utilise le prisme de cette famille algérienne et musulmane, mais il aborde ici un thème universellement partagé quel que soit son origine, sa religion, ses croyances, sa vie, son héritage.

Il réussit ici à mener un récit de près de 500 pages, sans jamais lasser l'attention de son lecteur et avec une analyse pertinente et une profondeur toujours égale. Une prouesse et indéniablement un auteur à suivre.
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Pour son premier roman, Nassim Kezoui nous invite à pénétrer dans l'intimité plurielle d'une famille d'origine algérienne. Les Raba.

L'auteur a décidé ici de s'attarder sur les générations issues de l'exil parental. Sous nos yeux ils se débattent pour se comprendre eux-mêmes et s'affirmer dans un contexte social complexe où l'on n'échappe ni aux attentes ni au jugement des uns et des autres. Si les hématomes les plus douloureux proviennent des coups portés par ses pairs, peut-on pour autant fuir son histoire, rester en marge ? Est-ce réellement plus simple d'être conforme, de soigner les apparences ?

Qu'est-ce qui se joue lorsqu'on se réuni en famille ? Parfois les mots blessent, parfois ils semblent artificiels, comme issus d'une pièce de théâtre. Il y a les acteurs, il y a les absents. Nous serons leur public. Que trouve-t-on si l'on gratte un peu, si l'on creuse, si l'on fouille ?

Souvent la littérature nous permet de regarder la grande Histoire par l'humble prisme d'une autre. Celle avec un petit H.
En ne se fixant pas sur un contexte rigide, “Ossature” m'a procuré l'effet inverse. C'est un roman qui s'oriente obstinément sur les individus, leurs conflits intérieurs et externes. Dans sa pudeur, il est pourtant l'exercice d'un strip-tease ultime.

Le corps familial s'y dévoile sans filtres, sans fards, sans artifices, sans même l'abri moelleux de la chair et du sang. Il nous amène à l'endroit où les déchirures disparaissent pour mettre à jour l'imperceptible structure, solide, résistante. L'indubitable lien de ceux qui se pensent désuni. L'ossature des Raba.
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Hakim et Farah Rabat sont arrivés d'Algérie alors qu'ils étaient un jeune couple. En France naissent trois enfants, Salim, Anwar et Imane. Salim respecte les attentes de ses parents, Anwar choisit de s'en écarter. Il épouse une blanche, une arabo-musulmane. Leurs fils, le narrateur raconte l'histoire de sa famill, l'histoire des Rabat et notamment des deux frères ennemis. Il revient sur les choix différents, sur le parcours de sa cousine Amira qu'il a connu très tard et sur la manière dont chacun vit son héritage. Il dissèque l'ossature de sa famille, ses articulations et ses fractures. Spectateur des itinéraires de chacun, il questionne l'identité et le poids de la famille dans leurs vies.

A l'aide d'un texte à la construction virtuose, l'auteur nous entraîne dans des questionnements brûlants. Petit à petit, les différentes composantes de la famille se dévoilent. On comprend les déceptions, les regrets et la colère qui entaillent les liens entre eux. le narrateur est le fruit d'une histoire mal digérée, d'une impossible harmonie entre deux cultures. Les attentes de ses grand-parents se heurtent à la volonté farouche de son père d'émancipation. Chacun étant enfermé dans des positions excessives, le dialogue devient impossible. Alors il grandit privé d'une part du squelette de sa famille. Amira, cette cousine découverte sur le tard, devient une confidente, un objet de fascination. le lecteur navigue dans une chronologie éclatée, dans des brides de souvenir et voit de reconstituer progressivement l'histoire complexe et douloureuse des Rabat.
Le difficile mariage de la culture française et de la culture algérienne constitue le coeur du roman. L'auteur aborde la question du voile, de la domination masculine ou de la méfiance envers les blancs avec un regard juste et débarrassé de tous clichés. Les visions et les logiques contradictoires face à ses questions se heurtent mais toutes ont leur place. Il n'y a jamais de jugement de la part de l'auteur, juste une volonté de raconter une réalité de manière juste. A travers l'histoire qu'il nous raconte, l'évolution de ses personnages, Nassim Kezoui nous entraîne dans des questionnements existentiels. Il aborde la religion, l'art, l'amour, la culture ou encore la famille avec une égale intensité. Ce vaste roman de près de cinq cent pages contient une infinité de sujets et tient par là toutes ces promesses.

L'auteur fait preuve d'une très grande maîtrise des dialogues. Les échanges entre les personnages sont vifs. Ils donnent aux personnages plus de chair et de consistance. Les échanges entre adolescents sont brillants et percutants. C'est un régal de lecture. L'écriture de l'auteur nous fait passer par une infinité d'émotions. On comprend alors la difficile position de ceux qui portent un double héritage. A la fois une richesse et une entrave, cette double culture résonne pour chacun des personnages de manière différente. J'ai eu une coup de coeur pour Amira, jeune femme qui aspire à la liberté et tente de s'accomplir dans l'art. Elle l'a émue dans ses tâtonnements et ses incertitudes. Jéremy Heme disait que ce roman lui avait permis de mieux comprendre certains de ses amis. Je crois que c'est pour cette raison que j'ai tant aimé Amira. Elle me permet de percevoir la complexité de ce que vit certaines de mes proches.
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OSSATURE est une histoire comme il y'en a tant pourtant, elle ne ressemble à aucune autre. C'est une fresque familiale, celle d'une famille franco-algérienne, les Raba, portée par plusieurs voix avec justesse et modernité. Elle évoque sans concession, les difficultés
qu'on peut rencontrer à suivre des modèles familiaux traditionnels qui se confrontent parfois à notre quête d'identité.
Anwar Raba s'est marié à une française, Léa, brisant l'unité familiale.
Les débats fusent, le dialogue se fracture, laissant planer incompréhension et rupture.
On suit des personnages dans leurs têtes et leurs idées différentes, mais dont les logiques qui se contrarient, ont pourtant chacune leur raison d'être.
Anwar rejette son héritage, Salim son jumeau est une ombre qui erre, Noria dure et fragile à la fois, ne transige jamais, Hakim le patriarche, garant de la tradition, demeure sourd à tout changement, et le jeune narrateur est écarté des débats familiaux comme s'il n'en faisait pas partie…
Sans oublier le personnage merveilleux d'Amira, jeune femme ivre de liberté, se cherchant encore et encore, témoin silencieux des drames familiaux…

Les événements s'entrecroisent mêlant les fils d'un destin inéluctable qui prouve une fois de plus combien la communication est essentielle.

Mais la fracture est là, brisant l'ossature familiale grâce à la plume brillante de l'auteur, qui jamais ne juge et se contente d'énoncer la réalité dans une langue magnifique et maîtrisée, qui sert les errances de ces personnages asservis par le poids de leur culture.

Je tiens également à souligner le magnifique travail éditorial des éditions du Panseur qui nous offre un bel objet et une belle découverte.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il pensa à ce mot que les commentateurs sportifs appréciaient : ossature. L’ossature d’une équipe de foot, de quoi était-elle composée ? Les membres essentiels ? Ou la construction invisible qui les soutenait tous ? Le mot impliquait la globalité et une sélection, l’acceptation et l’exclusion. Qui était superflu ? Qui ne faisait pas partie de l’ossature Raba ?
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Ils auraient eu du mal à appréhender l'idée que, de toute cette boue, aboutisse quoi que ce soit de concret. Ils s'étaient installés en retrait des villes, des Français, de la France.
Ils se répétaient que la cohabitation avec la saleté et les rats ne faisait pas d'eux de la vermine, mais ils ne se sentaient pas moins exclus de l'espèce humaine et du pays.
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S'il changeait, il ne s'en rendrait pas compte ; il deviendrait ce qui l'embarrassait mais ne broncherait pas, incapable d'identifier ce qui, auparavant, l'insupportait. L'idée l'effrayait. Il ne voulait pas changer et craignait par-dessus tout d'ignorer avoir changé.
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Le crash de l'an 2000 aurait pu être la plus grande mesure écologique du siècle...
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