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EAN : 9782072721373
160 pages
Gallimard (09/03/2017)
4/5   50 notes
Résumé :
«Après coup, on ne peut pas s’empêcher de revenir sur les jours d’avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d’alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n’est pas encore arrivé, on s’étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Après l'avoir lu, pour pouvoir écrire quelques mots sur ce remarquable livre de Pierre Jourde, Winter is coming, il faut attendre un peu. On sort de ce roman, découvert grâce à Lecteurs.com, complètement bouleversé et ému par la force de ce père à qui on apprend, en juin 2013, que son fils, Gabriel, alias Gazou, qui vient de fêter ses 19 ans, est atteint d'un carcinome médullaire du rein.

Pierre Jourde nous livre de manière sobre et avec une immense pudeur tous les sentiments, tout le ressenti, toute la force qu'il a dû déployer pour accompagner son fils dans les derniers mois de sa vie.
Il nous dit toute la colère qu'il a très souvent dû contenir lors des attentes subies pour les examens, pour les résultats, les cris de révolte ou plutôt les hurlements qu'il aurait voulu manifester mais aussi tout l'espoir qu'il a pu avoir au cours de ces mois épuisants, lors des périodes de rémission.
Winter is coming est un véritable et bouleversant cri d'amour pour son fils au sourire si radieux à l'aube de ses vingt ans. Beau jeune homme, sportif, amoureux de la vie, il commençait à révéler tout son talent en tant que compositeur de musique. D'ailleurs, Winter is coming, titre parlant s'il en est, est également un morceau allègre et dansant composé par Gabriel, sous le nom de Kid Atlaas.
Ce livre est d'une terrible beauté, d'une grande sobriété. Il est extrêmement poignant et m'a laissée K.O. Je dirais que c'est à la fois un roman très personnel mais en même temps universel.

Comment peut-on surmonter l'épreuve d'accompagner son enfant vers une fin inéluctable et survivre ensuite à son absence ? Un récit hors normes ! L'auteur analyse si bien sa force et ses faiblesses que cela laisse pantelant et sans voix.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Gabriel Jourde, un des trois fils de Pierre Jourde, a été emporté, le 17 mai 2014, par un cancer du rein rarissime. Il avait 20 ans. Son père lui rend hommage dans "Winter is coming".
Perdre un enfant est la chose la plus épouvantable qui soit. Il faut le courage de Pierre Jourde pour affronter cette inacceptable vérité dans une émouvante lettre d'amour à son fils, dans une alliance de chagrin, de colère et de lucidité.

Le récit évoque la tragique dernière année de ce jeune homme avec les hauts et les bas, les espoirs et les mauvaises nouvelles, les épreuves et la tristesse ; le témoignage est rude mais il y a surtout l'amour de Pierre Jourde pour son fils. Il sait trouver les mots justes pour décrire cette injustice sans jamais tomber dans le voyeurisme. Il ne cache rien et le lecteur « partage » ses peines, ses espoirs, ses émotions et sa colère.

« Winter is coming », c'est un monde qui s'écroule ; chaque lecteur réagira selon son parcours, son histoire, sa sensibilité mais nul ne pourra rester impassible devant ce récit poignant sur le deuil et l'amour d'un père que soudain on prive d'amour.
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Pour commencer, Pierre Jourde n'a pas écrit un roman, comme plusieurs chroniqueurs le prétendent ici. Pour qu'il y ait roman, il faut qu'il y ait fiction, et il me semble (jusqu'à preuve du contraire) que l'auteur n'a rien inventé. Il se présente comme témoin et narrateur de quelque chose qui lui est arrivé : voir les documents à la fin du volume.

Cependant, Pierre Jourde a coulé dans une forme narrative travaillée ce témoignage sur la lente mort de son fils. Cela peut expliquer l'erreur de certains lecteurs qui, trompés par la forme, y voient un roman. Ce qui les trompe aussi, c'est que l'auteur mobilise les ressources littéraires du roman pour construire la vérité, et pour décrire ses réactions et celles de son entourage. Ce travail d'écriture, qui consiste à traiter la vie comme de la fiction, est au coeur de l'entreprise autobiographique, par laquelle on place des douleurs trop réelles à distance, en faisant d'elles un récit. C'est ainsi, par exemple, que Hugo procède dans les poèmes sur la mort de sa fille Léopoldine : des années après le vrai et affreux chagrin, il en fait de la poésie et il l'antidate pour qu'elle "colle", fictivement, aux faits réels. Cela s'appelle "l'effet de réel", l'illusion littéraire.

Paradoxalement, ce travail qui appartient au processus de résignation du deuil, produit un livre puissant qui émeut le lecteur et lui transmet l'écho affaibli des douleurs du père. Heureusement, elles sont atténuées, car autrement, si nous étions aussi violemment émus qu'il l'a été, nous serions absolument incapables de lire.

Mais pourquoi lire ce livre ? C'est la question que le libraire m'a posée quand j'ai acheté "Winter is coming". le voyeurisme a sûrement sa place : la passion inavouable du voyeur, quand elle se traduit par la lecture, vient d'une curiosité insatiable (un peu prédatrice) pour l'humain. Lire, c'est ne pas se contenter des limites de sa propre vie et désirer d'en vivre d'autres, beaucoup d'autres. Parallèlement à cette quête d'émotions fortes, propre au lecteur voyeur-sentimental, une certaine dureté de coeur est aussi nécessaire : sans elle, on ne serait pas capable de porter un jugement esthétique sur le livre, d'apprécier le style et la vision du monde qu'il véhicule. "Winter is coming" m'a fortement ému, et agacé aussi, car l'émotion m'a empêché de regarder le style, la langue, et m'a obligé à les subir sans recul (un peu comme "Le dernier des Justes" de Schwarzbart, écrit détestablement mais fascinant de bout en bout à cause du sentiment). Ce livre est trop fort, trop juste et trop dur pour que je le relise avec détachement, dans une optique plus littéraire.
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Lors de l'été 2017, en feuilletant un magazine, je découvrais inopinément le synopsis du livre que je m'apprête à chroniquer. Intéressée par les quelques lignes qui m'étaient offertes, je m'empressai de photographier la page (vive les smartphones) dans le secret espoir de l'acquérir un jour prochain.
Dix-huit mois plus tard environ, je vous retrouve pour vous parler du roman en question, « Winter is coming » de Pierre Jourde.
Ce texte déchirant possède une dureté terrible, parfois à la limite du soutenable d'après le Monde. Pierre Jourde signe des pages puissantes, que l'on lit en retenant son souffle selon le quotidien belge La Libre. Sur linternaute.com, Loïc di Stefano écrit : Je prie pour n'avoir jamais à endurer l'épreuve d'écrire un tel livre, quelle qu'en soit sa beauté formelle, sa retenue, sa perfection : adressée à son fils, c'est la lettre d'amour d'un homme que soudain on prive d'amour. Comme vous pouvez le constater en lisant ces commentaires, ce récit autobiographique est tellement auréolé d'une jolie réputation et d'avis extrêmement positifs, voir dithyrambiques que je ne pouvais être que motivée et enthousiaste à l'idée de me plonger dans cette lecture des plus personnelles. Quelques heures difficiles mais paradoxalement belles d'évasion se profilaient.
La dernière page définitivement tournée, je dois admettre que j'en ressors avec un sentiment mitigé. Vu la lourdeur du sujet, j'ai passé un bon mais non pas un irrésistible moment. C'est court (cent soixante pages), rapide et facile à lire. Mais pour le reste, je suis plus circonspecte.
Je vais tenter, à présent, de vous exposer les raisons qui font que j'en suis arrivée à cette conclusion.
Un après-midi de juin 2013, Pierre accompagné de son épouse, Hélène, et de ses enfants s'apprête à passer un week-end de détente chez des amis dans la forêt de Fontainebleau. Un séjour qui ne s'apparente pas comme étant le dernier d'instants d'insouciance, de pur bonheur. Et pourtant, un message, un simple message laissé sur son téléphone portable par le secrétariat d'un éminent chirurgien, spécialiste du rein, va chambouler sa vie et celle de ses proches. Elles ne seront plus jamais les mêmes…
Le lendemain, ils apprennent l'insoutenable vérité : Gabriel, le deuxième de la fratrie de trois, âgé de dix-neuf ans, est atteint d'un cancer rare : le carcinome médullaire du rein. Douze cas seulement dans le monde. Son avenir est désormais fortement compromis. Il ne lui appartient déjà plus. Commence alors une lutte acharnée contre la mort annoncée.
Le parcours fait d'examens multiples et variés, d'interventions chirurgicales, de traitements agressifs, de douleurs, de fatigues, d'affaiblissements, de doutes, d'angoisses, de colères, d'attentes mais aussi de rémission, d'espoir, de joies fugaces durera onze mois. Quasi une année pendant laquelle ses parents ne cesseront de le soutenir, de lui insuffler courage et espoir pour finalement l'accompagner vers sa dernière demeure.
A travers le texte qui nous est proposé, par des mots d'une dureté incroyable quelquefois, l'écrivain entame le récit de cette atroce période. A ses côtés, si j'ose m'exprimer ainsi, nous suivons étape après étape, les cinquante-deux dernières semaines environ de ce rejeton appelé par son entourage Gazou.
Si vous choisissez, à votre tour, de vous plonger dans cette terrible mais néanmoins véridique histoire, vous aurez dans les mains la déclaration d'amour d'un papa omniprésent durant la bataille.
Vous êtes-vous déjà demandé comment vous réagiriez devant pareille situation ? de quelle façon vous tiendrez ? Jusqu'où iriez-vous pour que la personne que vous aimez le plus au monde ne cesse de souffrir ? Vous souhaitez simplement épauler par la lecture Pierre et sa famille ? Alors, lancez-vous…
Si nous rentrons effectivement dans cette histoire et dans l'intime de l'auteur de manière brutale, je n'en étais pas pour autant habitée par du voyeurisme mais plutôt par un profond respect à l'égard du combat et de la peine incommensurable d'un jeune homme et de son père. Un père que je ne peux que remercier de nous ouvrir les yeux sur l'injustice de l'existence ou d'aider éventuellement, à travers ses mots, d'autres familles concernées.
Nous sommes embarqués avec violence dans un monde mal et heureusement peu connu de la majorité des gens. Un univers où se côtoie, au milieu de la maladie, tout aussi bien la froideur de certains pontes que l'empathie d'autres médecins. Nous flirtons avec la souffrance physique, le savoir-faire professionnel, la patiente perdue, les hôpitaux, bref le microcosme médical.
Nous ressentons alors l'affliction, la rage, l'impuissance, le désarroi du romancier totalement désarmé face à cette fin inéluctable. Il se livre avec pudeur sans pour autant se défausser. Il apparaît tel qu'il est : un homme blessé.
Cela dit, il n'omet pas de nous faire partager les tranches de vie plus joyeuses, propices à l'espoir, passées en famille ou avec des amis. Les beaux derniers moments du jeune adulte.
Je pense que la retranscription sur papier d'un deuil exempt de toute logique quant il s'agit de son propre enfant, est sa façon, à lui, d'accepter l'inacceptable.
Il est évident que cet ouvrage transpire d'amour, de générosité, d'émotion mais la prose de P.J. ne m'a pas transportée. J'ai eu du mal à accrocher. Peut-être trop colérique ? Peut-être trop acerbe, pas assez douce ? Peut-être trop lente ? Je ne saurais vous dire encore aujourd'hui. Il est clair néanmoins, que quelque chose m'a manquée.
Gabriel a toute ma considération et ma sympathie. J'ai été charmée par sa résistance, sa volonté, et surtout par sa faculté à cacher qu'il savait. Si je n'avais qu'un seul mot pour le décrire, je dirais : Respect.
Pour terminer, je vous confirme que cet opus est effectivement intéressant à découvrir, poignant, mais il ne m'a pas émue, bouleversée comme a pu le faire celui d'Anna McPartlin « Les derniers jours de Rabbit Hayes. J'avais alors été plus sensible à son histoire, à sa façon de la mettre en scène. Je ne regrette toutefois pas même si je n'en garderai pas un excellent souvenir. Je voulais le lire. Je l'ai lu. La magie n'a pas opéré tout simplement.
Vous avez, néanmoins, ma plus grande considération Monsieur Jourde ! J'ai admiré votre implication, votre capacité à distiller de l'espoir, votre courage. Je ne peux imaginer ce que ça peut-être de perdre son enfant, la chair de sa chair. Tous mes voeux vous accompagnent.
A entreprendre ? Pour une fois, je vous laisse seul juge. Je ne peux me prononcer. Je précise seulement que ce livre-témoignage est destiné à celles ou ceux qui aiment les histoires vraies.
Je vous conseille seulement d'écouter au terme de cette lecture « Des fragments », l'album numérique composé par ce fils (pseudo Kid Atlaas), musicien prometteur, trop tôt disparu. Et plus particulièrement « Winter is coming », titre repris en hommage pour ce bouquin.

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« Winter is coming : ne plus pouvoir l'entendre, ton morceau, et cette légèreté souriante dans le chagrin. Comme si en lui tu prenais congé, tu te dissipais dans un ciel clair de janvier, et ton sourire. »

Le 17 mai 2014, Gabriel, vingt ans, est mort à la suite de plusieurs mois de lutte contre un cancer du rein. Son père, Pierre Jourde, romancier et critique littéraire, revient sur ces mois et sur la vie de son fils défunt.

Winter is coming est un livre pénible à lire. J'ai mis un temps fou à le finir. Non pas qu'il soit mal écrit,
non pas qu'il soit long, non pas qu'il soit inintéressant, mais tant le sujet est … pénible et lourd. Je l'ai reposé cent fois la gorge serrée, un noeud au ventre, me disant
que non, décidément, je ne pouvais pas continuer et chaque fois je l'ai repris. Et j'en suis venue à
bout, changée.

« Après coup, on ne peut pas s'empêcher de revenir sur les jours d'avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d'alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n'est pas
encore arrivé, on s'étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midis dans le jardin,
les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où on a su. Ta photographie d'enfant
joyeux est celle, à jamais, d'un enfant qui va bientôt mourir. »

En commençant ce texte, la première question que je me suis posée est la suivante : comment
peut-on critiquer quelque chose d'aussi intime qu'un père qui se livre sur les émotions ressenties lors de la mort d'un fils ? Je ne vais donc pas m'étendre sur la critique de l'écriture de Pierre Jourde, sur
sa manière ou non de jouer avec les mots. Je vais me focaliser sur ce qui est le coeur de l'oeuvre, le
récit d'un « petit bout » de vie chargé d'émotions. Et puis est-il nécessaire de critiquer Pierre Jourde ? Auteur de tous les genres : romans, essais
philosophiques, théorie littéraire, satires, récits de voyage… et ici (auto)biographie. Il est également
un auteur à l'agenda bien chargé, toujours en route pour un congrès, une dédicace, un concours littéraire ou une conférence. Son oeuvre la plus citée est probablement Pays perdu, également un roman autobiographique, où l'auteur revient sur les terres de
ses origines, sur sa vie avant la ville et en dépeint joliment un tableau peu flatteur et plutôt tragique.

Les deux textes, Pays perdu et Winter is coming sont nés du même processus. L'auteur a d'abord écrit quelques pages au récit dans une revue disparue pour le premier et dans Géographie intérieure aux éditions Grasset pour celui qui nous occupe. Pour ensuite y consacrer tout un roman quelque temps plus tard.

Le récit est une succession de souvenirs non chronologiques qui nous dépeignent un portrait de
Gabriel Jourde, le portrait d'un enfant joyeux, aimé, le portrait d'un adolescent discret, sportif, plein de charme, plein de vie, animé d'une fibre artistique qui s'exprimait au travers des arts plastiques, mais surtout de sa musique électronique.

Pierre Jourde à travers ses lignes donne l'impression de redécouvrir son fils. Il se remémore le temps passé avec lui et il découvre Kid Atlas, l'adolescent populaire dans le cercle artistique qu'il ne soupçonnait pas.

L'auteur revit les événements passés : « A posteriori, tout réinterpréter, tout soupçonner, mais il n'y aura jamais de réponse. » On dirait presque qu'il s'inflige une torture. Se souvenir des moindres détails pour s'en vouloir de ne peut-être pas avoir compris tout
de suite. Se souvenir des moments de bonheur partagé pour s'en vouloir de ne pas en avoir assez profité. Se souvenir des moments de colère pour s'en vouloir d'avoir réagi comme ça. C'est dur. Mais aussi pour nous lecteur. Winter is coming est de ces récits dont on connait d'entrée de jeu la fin tragique. Comment se réjouir avec Pierre et Gazou lors des moments
de rémission ou d'espoir ? Impossible

« Il y a quelque chose de suspect sur la dernière image. Sur le psoas. » Il repart. On dirait qu'il vient de relever une faute de gout, un manquement à la civilité. Quand il a une mauvaise nouvelle à annoncer, le professeur Chaudier a l'air de vous reprocher quelque chose.
C'est curieux. Mais on finit par le comprendre. Prendre l'air désolé, compatissant et compréhensif comme le font certains médecins, ça n'a pas toujours l'air sincère, et d'une certaine manière ça affaiblit les défenses. »

C'est aussi le récit d'un parcours de combattant, celui que doivent affronter chaque jour les malades
dans les hôpitaux, passer d'attente en attente, de salle d'examen en salle d'attente, encore, de médecin en médecin. Pierre Jourde fait également le portrait de plusieurs médecins, l'un froid et professoral, l'autre avenant et familier, chacun intervenant à leur manière pour annoncer l'inaudible sentence.
Chacun à leur manière essaie probablement de rendre l'inaudible acceptable, parce qu'en la matière, il n'y a pas règle, de recette. Chacun essaie à se manière de
rendre les mauvaises nouvelles plus faciles à accepter. Mais y a-t-il moyen d'accepter l'annonce de la mort de son enfant ?

Pierre Jourde n'est pas le premier à écrire sur le deuil et pas le premier à écrire sur le deuil d'un enfant. Écrire pour oublier ? Écrire pour continuer à vire. Écrire la vie de son enfant, de ces enfants,
leurs épreuves, leurs joies, leurs peines pour servir de soutien aux autres qui vivent la même chose,
pour s'aider soi-même à comprendre, pour faire en sorte qu'ils ne tombent pas dans l'oubli.

« Tu as a été, tu n'es plus, et cette contradiction est une
monstruosité. »

Les mots de ces récits résonnent, comme les hurlements de ces parents, frères et soeurs dans les couloirs des hôpitaux, comme la musique de Kid Atlas téléchargée des centaines de fois sur YouTube et autres plateformes de téléchargement en ligne. Cette musique électronique colle très bien au livre, ce sont deux Winter is coming qui dialoguent. C'est le moment somptueux que nous a offert L'Intime Festival en décembre 2017 dernier. Lu par Charles Berling, au
théâtre royal de Namur, Winter is coming a fait l'objet d'une Grande lecture. le public a entendu le
texte du livre, mais pas tout entier. L'équipe du festival a fait une sélection de morceaux choisis et les a assemblés d'une main de maître dans un texte continu d'une heure. La lecture était entrecoupée d'extraits musicaux issus du répertoire de Kid Atlas. Une heure émouvante et poignante où la chair de poule ne m'a pas quitté.

« Winter is coming , ce beau morceau qui te ressemble, sensible et mélancolique, ne plus pouvoir l'écouter. L'hiver est venu. Il finit toujours par venir. Winter is coming, et de cette attente, Gazou, tu as écrit l'air. »

Parfois, pour savoir si j'ai aimé ou non une oeuvre je me demande si je la conseillerais, et là il peut y avoir un niveau de gradation, je peux la conseiller sans restriction à tous ou parfois à certains seulement en fonction de ce que je leur connais comme intérêt culturel. En général ce procédé marche. Mais Winter is coming est l'exception qui confirme la règle. Je l'ai
aimé et je ne pourrais pas le conseiller. Je ne saurais pas à qui le conseiller. Lisez-le, mais ne m'en veuillez pas.

« Nous saurons toujours désormais où tu es. »
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critiques presse (3)
LeMonde
12 mai 2017
Dans « Winter is coming », l’écrivain raconte l’année qui a précédé la mort de son fils Gabriel, à 20 ans, d’un cancer. Un cri d’amour, obsédant et désespéré.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
31 mars 2017
Lorsqu'il s'agit de raconter le calvaire de son enfant de vingt ans, il n'y a plus de poésie qui tienne, il n'y a plus de métaphores qui surgissent pour révéler la beauté cachée des choses, et la pensée se cogne contre l'absence de sens.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
10 mars 2017
D'une voix tombale, Pierre Jourde nous annonce qu'il va mourir, son bel enfant athlétique de 20 ans, et pourtant, oh le pouvoir de la littérature (...) on veut encore en douter, on s'obstine à espérer qu'il va pouvoir s'en tirer.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Ce sourire radieux qu'il avait, à quatre ans, lorsque j'entrais dans sa classe de maternelle pour le ramener à la maison, ne cesse de me poursuivre. Qu'en ai-je fait, de ce sourire ? Comment ai-je répondu à ce don absolu, confiant, de l'enfant qui se précipite dans les bras de son père, après une longue journée passée parmi des étrangers ? Qu'est-ce j'ai fait, et dit, qui méritait ce sourire, qui ne le décevait pas ?
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... Il aura, ce coeur, presque autant pleuré sur le destin du héros de "Eye of the Beholder", ou sur la mort de Maggie dans "Million Dollar Baby", que sur celle de Gazou. Pleuré physiquement, c'est du pur poids des larmes qu'il s'agit, pas des vraies blessures. Mais les larmes versées sur la fiction n'insultent-elles pas celles qui coulent pour la réalité ?
Mais dans "Eye of the Beholder" comme dans "Million Dollar Baby", il n'est question que de paternité. C'est la douleur du père voyant l'enfant mourir qui faisait déjà sangloter alors, la même que celle qui devait être un jour infligée, et peut-être la fiction éveillait-elle à sa vérité ce coeur qui savait déjà ce qu'était cette douleur avant même de la connaître.

pp. 59-60
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Toujours cette oscillation entre l'effet secondaire qui ne doit pas inquiéter et le signe d'un retour du cancer. On a beau multiplier les imageries, on dirait que cela ne fait qu'ouvrir l'infinité des interprétations. Comme si le corps était un texte crypté qu'on n'en finissait pas de relire et de gloser. Jusque dans la maladie, le réel se refuse. Faut-il croire qu'on ne le tient enfin que dans la mort ?

p. 92
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Je ferme les yeux afin de me délecter de chaque seconde si intense et profonde. Est-e donc cela le bonheur ? [...] Désormais, plus rien ne peut me séparer de cet état de plénitude. C'est le genre d'instant éphémère, si proche du nirvana, qu'on aimerait pouvoir vivre une éternité.
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Devoir à présent vieillir avec cette absence, avec cette éternelle jeunesse éternellement arrachée. C'est le travail qui reste à accomplir.
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Vidéo de Pierre Jourde
Une version scénique et inédite de « Bookmakers », par Richard Gaitet, Samuel Hirsch & Charlie Marcelet
Avec Télérama et Longueur d'ondes
En dialoguant avec 16 auteurs contemporains qui livrent les secrets de leur ecriture, decrivent la naissance de leur vocation, leurs influences majeures et leurs rituels, Richard Gaitet deconstruit le mythe de l'inspiration et offre un show litteraire et musical.
Avec les voix de Bruno Bayon, Alain Damasio, Chloe Delaume, Marie Desplechin, Sophie Divry, Tristan Garcia, Philippe Jaenada, Pierre Jourde, Dany Laferriere, Lola Lafon, Herve le Tellier, Nicolas Mathieu, Sylvain Prudhomme, Lydie Salvayre, Delphine de Vigan et Alice Zeniter.
En partenariat avec Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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