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Citations sur La Littérature sans estomac (26)

C'est ainsi que, dans un esprit toujours résolument moderne, Christine Angot fait un usage très personnel de la répétition :

"Il met des clémentines sur son sexe pour que je les mange. C'est dégoûtant, dégoûtant, dégoûtant, dégoûtant."

Déplorons ici un peu de timidité dans la redite. Une page, une page et demie de "dégoûtant" auraient donné à la phrase sa pleine puissance. Autres exemples (les cas sont innombrables) :

"Tous ces gens-là, c'est impossible, impossible, impossible, impossible de les appeler".

"J'accouchais Léonore Marie-Christine Marie-Christine Léonore Léonore Marie-Christine Léonore Léonore Léonore Léonore Marie-Christine Léonore Léonore Léonore. Léonore Marie-Christine Marie-Christine Léonore. Léonore Marie-Christine. Marie-Christine Léonore".

On regrette d'interrompre un tel régal. Car cela continue. La prose ici se fait musique, on songe à "La fille de Minos et de Pasiphaë", du regretté Jean Racine, ou à l'alexandrin d'Alphonse Allais : "Jean-Louis François Mahaut de la Quérantonnais". Et puis, c'est toujours une demi-page de remplie. Au prix où se négocie la demi-page de Christine Angot, elle aurait tort de se priver.
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En France et dans les pays occidentaux, la demande de consommation culturelle se généralise. On se bouscule aux expositions et aux musées. On s’arrache le Goncourt, qu’on ne lit pas ou qu’on offre. Il s’agit donc de fournir à un public élargi, qui désire pénétrer dans le cercle des amateurs cultivés, quelque chose qui puisse passer pour de la vraie littérature (en fournir vraiment serait plus compliqué. Un auteur au plein sens du terme met du temps à se faire admettre, il ne rapporte pas vite). Il n’est pas nécessaire que de tels textes soient lisibles, il faut simplement que les livres soient achetés. Le public n’a pas réellement besoin de lire le livre qu’il a acquis : il suffit, par une promotion adroite, de parvenir à le convaincre qu’il est devenu détenteur d’une valeur symbolique, qui se nomme littérature. On s’emploie donc à lui fournir, non pas de la littérature, mais une image de la littérature. Il y a des écrivains pour fabriquer ces textes médiocres qu’éditeurs et journalistes ont habitué le public à considérer comme de la création.

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S'il existait un groupe folk du néant, Olivier Rolin serait joueur de biniou.
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On ne peut cependant pas se défendre d'un malaise à propos de Houellebecq, du sentiment qu'il y a là quelque chose de louche. On est en droit de refuser ce nihilisme et cette manière d'universaliser la bassesse. Faut-il penser que cette oeuvre, par sa sincérité, son humour, transcende sa médiocrité, ses pulsions répugnantes ? Doit-on au contraire considérer qu'elle tend au lecteur un piège gluant, qu'elle sert à justifier son auteur à ses propres yeux et aux nôtres, à nous faire partager médiocrité et frustrations, à nous y attirer ? Dépassement ou simple entreprise de blanchiment ? Je n'ai pas la réponse.
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La boursouflure est une maladie qui atteint les gens situés dans la position qu'occupe Sollers : assez intelligents pour avoir un peu conscience de leur manque d'épaisseur littéraire réelle, mais intellectuellement déformés par l'importance artificielle qui leur est donné.
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La littérature ne vit que lorsqu'elle se nie, lorsqu'elle sort d'elle-même. Tous les grands écrivains ont écrit non pas pour, ou en vue de, mais contre la littérature. Contre l'idée même de littérature. Alors ils commencent à en faire.
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Pourquoi donc le fait de signaler les oeuvres de qualité empêcherait-il de désigner clairement les mauvaises? Jamais les librairies n'ont été si encombrées d'une masse toujours mouvante de fiction. Il faut donner des raisons de choisir. Ce devoir est devenu d'autant plus impératif que les produits sont frelatés. Des lecteurs de bonne foi lisent ces textes et se convainquent que la "vraie littérature" est celle-là. Or une chose écrite n'est pas bonne à lire par le seul fait qu'elle est écrite, comme tendaient à le faire croire les actuels réflexes protecteurs du livre.
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La vétille devient un genre.
Les livres de Christian Oster où de Tanguy Viel ne manquent pas d'intelligence. Ils manquent d'intérêt. Ils sentent la littérature morte, le sous-Beckett exténué.
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Quelle crédibilité, quelle valeur peut avoir une critique qui se confond avec un dithyrambe universel ? Si tout est positif, plus rien ne l’est. Les opinions se résorbent dans une neutralité grisâtre. Toute passion a ses fureurs. Faut-il parler de littérature en se gardant de la fureur ? Si on l’admet, il faut alors aussi admettre qu’il ne s’agit plus d’amour, mais plutôt de l’affection qu’on porte au souvenir d’une vieille parente.
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Chez Christian Bobin, les objets de comparaison ont toujours une grande qualité poétique, ce ne sont qu'étoiles, fleurs et nuages. Les amants se donnent rendez-vous dans des phares abandonnés, les femmes portent toujours des robes blanches toutes simples, comme dans les feuilletons télévisés sentimentaux...

p. 173
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