Résumé
Printemps 1821. Belzoni, un aventurier Italien, découvreur de tombes égyptiennes, ouvre au public l'exposition regroupant les merveilles qu'il a découvertes. En marge de l'exposition, il propose un débandelettage privé d'une superbe momie à quelques collectionneurs et riches capricieux. C'est la stupéfaction : la momie est parfaitement conservée, on a l'impression que le mort va ouvrir les yeux et revivre. La nuit suivante, trois personnes sont assassinées : le médecin qui procéda au débandelettage, un pasteur qui souhaitait interrompre cette infamie, et un vieux lord qui proféra de vives critiques et élucubrations sauvages à propos de la momie.
Les trois personnes sont occultement liées au gouvernement de George IV, on pense donc naturellement à des assassinats politiques et l'on confie l'enquête à un inspecteur à la retraire, Higgins, chargé de retrouver le dangereux et mystérieux agitateur qui prône la Révolution : Littlewood. Mais Higgins, inspecteur intègre dans une police gangrénée, poursuit un autre rêve : fonder une police digne de confiance, et retrouver la momie, qu'il soupçonne être le véritable meurtrier que l'on recherche...
Mon avis
Un bon roman semi-policier, semi-historique, dans un contexte particulier qu'est ce début de 19ème siècle en Europe. La France se remet juste de la Révolution Française, et du passage de
Bonaparte au pouvoir, l'Angleterre se lamente d'avoir à sa tête un roi dévoyé qui pense plus à s'amuser qu'à gouverner.
Champollion le français et Young l'anglais se livrent une course pour savoir qui déchiffrera les mystérieux hiéroglyphes en premier. le public découvre les mystères de l'Egypte antique, l'égyptologie n'est pas encore tout à fait née et les scientifiques de la National Gallery méprisent cette civilisation barbare et archaïque à leurs yeux.
Dans ce contexte, deux personnages tirent leur épingle du jeu, et je les ai découverts avec plaisir. le premier est l'aventurier Belzoni, personnage historique dont je connaissais le nom et quelques unes de ses découvertes, mais au final peu de choses. le roman est émaillé de citations tirées de ses journaux de voyages, et de ses livres. Une force de la nature, le "Géant de Padoue", et sa non moins remarquable épouse. Ils forment à eux deux le couple central du roman, ceux autour de qui tout tourne, mais qui restent détachés des événements. On ne peut qu'éprouver de la sympathie pour eux, ils sont victimes des événements, les subissent, et doivent se battre pour récolter une reconnaissance infime. Pourtant, ils furent de grands découvreurs (les tombes de Séthi Ier et de Ramses Ier, ou le temps d'Abu Simbel, par exemple), mais eurent le tort de l'être avant la naissance réelle de l'égyptologie et des grands noms qui la façonneront.
Le second personnage (fictif, celui-là) est l'inspecteur Higgins, intègre, juste et droit, dans une police qui ne l'est pas encore. Son combat pour créer Scotland Yard, le peu de succès qu'il rencontre auprès d'une hiérarchie corrompue et acquise à d'autres causes, me l'ont aussi rendu très sympathique. Il n'est pas un enquêteur très original, il use de méthodes qui rappellent parfois Hercule Poirot (laisser les idées se mettre en place seules, accorder de l'importance à ce qui ne semble pas en avoir...) ou Sherlock Holmes (s'introduire illégalement en certains lieux, user d'indicateurs et d'informateurs tout à fait personnels, non reconnus par ses collègues...), mais sa bonhommie apparente, sa ténacité et son stratagème final en font un personnage très agréable.
Gravitent autour d'eux une pléiade de personnages secondaires, qui présentent tous un certain intérêt, plus ou moins grand. de tous les suspects, aucun ne se détache réellement, et j'ai découvert à la fin seulement, en même temps que son corps, l'identité du révolutionnaire de White Chapel, Littlewood. Par contre, pour ce qui est du meurtrier réel du légiste, du pasteur et du vieux lord, et pour ce qui est du "sauveur" de la momie, j'avais très rapidement compris de qui il s'agissait...
Vous l'aurez compris, l'intérêt de ce roman ne réside pas vraiment dans l'enquête policière, mais surtout dans la trame historique qui lui sert de toile de fond. On apprend beaucoup de choses, de façon ludique et agréable, comme souvent dans les romans de
Christian Jacq. Je me dois cependant de lui adresser deux petits reproches :
Christian Jacq insère dans son récit deux éléments qui ne me semblaient pas complètement à leur place, dans l'ensemble du roman. L'un est ésotérique et fantastique, la magie et l'inexplicable sont mêlées au rationnel, et j'avoue que j'ai eu du mal à accrocher à certains passages. de plus, on fait de nouveau appel aux francs-maçons, et même si cette piste est rapidement écartée, on les mentionne bien et ils ont leur part au déroulement de l'enquête.
Enfin, comme je l'ai mentionné un peu plus haut, l'auteur a inséré dans son récit de grands passages tirés des ouvrages de
Giovanni Belzoni. Parfois dans la bouche de celui-ci ou de son épouse, parfois au milieu du texte, se présentant comme une réminiscence des voyages de ces derniers. Cela est très intéressant et permet de faire connaître ces récits, souvent grandiloquents, qui ne sont pas, à ma connaissance, réédités. Mais si parfois les citations sont signalées par une note de bas de page, ce n'est pas toujours le cas, et le style diffère tellement de celui de
Christian Jacq que l'on ne peut se tromper : ils sont facilement identifiables. Et le procédé en devient artificiel...
Ce roman met en scène un enquêteur tenace dont nous verrons très bientôt agir un descendant, dans une série policière toujours écrite par
Christian Jacq. Mais je vous en reparlerai très prochainement...
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