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4,2

sur 1541 notes
Qu'est-ce qu'un grand majordome ? Par quoi peut se définir la dignité indispensable à cet état ? Telles sont les deux questions majeures qui, toute sa vie, ont travaillé Mr Stevens, impeccable butler de grande maison anglaise. Qui le travaillent toujours, plus que jamais, au soir de sa carrière, alors qu'il traverse l'Angleterre pour retrouver Miss Kenton, l'ancienne gouvernante de Darlington Hall, depuis bien longtemps retirée du service et dont le mariage semble battre de l'aile.
Au fil de ce voyage en six journées - six journées de vacance comme il n'en a jamais connu, au volant d'une superbe Ford prêtée par son nouvel employeur - tout son passé défile et s'interroge autour de cet idéal vers lequel il a toujours tendu, autour de Lord Darlington, le maître au service duquel il s'est consacré corps et âme et en qui se sont incarnées, longtemps, ses plus hautes aspirations.
Mais à se dévouer ainsi, à tendre trop vers la grandeur, n'est-ce pas la vie même que l'on risque de manquer ?

C'est un roman magnifique que Les Vestiges du jour. Un roman tout en finesse et en retenue, parfaitement maîtrisé, dont les éléments se dévoilent peu à peu pour en révéler toute la richesse. En parler comme je vais le faire dans les lignes qui suivent à quelqu'un qui ne l'a pas lu est déjà trop en dire, tant il est fascinant de tout découvrir peu à peu : je conseille donc à ceux dans ce cas de se le procurer au plus vite, et de revenir me voir quand ils auront terminé ! Avec les autres, j'ai très envie d'en parler, d'autant plus que les points de vue croisés sur Babelio sont souvent assez éloignés du mien (moins en ce qui concerne la qualité de l'ouvrage que dans le ressenti et les thèmes retenus).

Le poids de l'éducation et le regret des amours avortées forment deux contrepoints à cette superbe déclinaison sur le thème de l'échec. Echec, moins d'une vie - y-a-t-il échec, après tout, lorsqu'on a vécu selon ce que l'on croyait juste, quel qu'en soit le prix à payer, quelle que soit l'erreur dans laquelle on s'est fourvoyée ? - qu'échec de la noblesse, individuelle et politique. A deux échelons opposés de la société, le valet et son maître deviennent en quelque sorte le double d'un même homme, un homme qui mobilisa toutes les énergies, tous les talents dont il disposait à son niveau, pour accomplir un grand but, et découvrit au soir de sa vie que ce but n'était peut-être que fumée. le maître tombé dans l'opprobre malgré ses meilleures intentions, reste au serviteur à se reconstruire, entre les souvenirs trop lourds et des possibles incertains. En est-il seulement capable, après avoir si longtemps vécu pour un autre ?
C'est pour un autre maître, d'ailleurs, que le futur s'envisage, et il y a quelque chose de tragique - de touchant et de beau - dans cette impossibilité de Stevens à sortir de son rôle, dans cet être quasi automate dont le coeur peut bien se briser mais dont les gestes restent les mêmes, toujours. Juste un peu moins précis.

Et puis, derrière les individus, il y a aussi L Histoire - celle du XXe siècle, de plus en plus complexe, où les jeux politiques ne peuvent plus être menés par les diplomates amateurs, les gentlemen soucieux de mettre leur influence au service des grandes causes ou du simple fair play entre nations. Une Histoire dont le vent balaie déjà l'aristocratie et ses valeurs, ceux qui les incarnent comme ceux qui les servent.
Face à cela, que reste-t-il d'autre qu'apprendre à badiner ?
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Une véritable oeuvre d'art ! Sublime comme une toile de Turner. de quoi en perdre ses mots. Comment décrire fidèlement ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman exceptionnellement lumineux ? Une telle maîtrise où la moindre nuance même suggérée donne un reflet éclatant à la vie et aux sentiments de ce majordome anglais qui voue aveuglement son existence à son employeur. Ceux qui l'auront lu sauront peut-être de quoi je parle. Pour les autres, je ne peux donner qu'un seul et unique conseil, lisez-le ! Vous ne le regretterez pas.
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c'est pour moi une perle, un bijou ... j'admire sa qualité, je m'émerveille sur ses éclats et ses brillances. En soi, l'histoire ne présente pas beaucoup d'intérêt, et ceux qui cherchent de l'action risquent d'être déçus. Ce qui a de l'intérêt, c'est le personnage principal, Stevens. A travers son récit, nous découvrons sa personnalité, et tout ce qui va avec : sa fonction de majordome, le coté "Downton Abbey", et toute la finesse de ses réflexions, de ses émotions, les retenues, les discernements sur ce qui est nécessaire de dire, de faire ou non, etc. C'est vraiment comme déguster une pâtisserie maison dans un salon de thé ! ravissant, gustatif, savoureux ! A noter quand même que, même s'il y a un coté léger, et humoristique, cela peut paraitre aussi assez dramatique et désespérant, dans le regard en arrière que le majordome a sur sa vie, ce qui a été laissé de coté, ce qui a été manqué, et ce questionnement sur sa "dignité".
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Je n'avais pas lu Ishiguro avant "Les vestiges du jour" et je remercie infiniment l'amie qui m'a suggérée cette lecture. C'était exactement ce que j'avais besoin de lire à ce moment-là : une histoire de vie, se lisant facilement, se déroulant dans une époque pas si lointaine dans le Summerset.

Alors que le nouveau propriétaire de Darlington Hall, une grande demeure anglaise, part en vacances, son majordome, Stevens, entame un voyage en voiture dans le Summerset sur les traces du passé. C'est alors l'occasion de se remémorer les grandes heures de sa fonction, qu'il a incarnée jusqu'au plus profond de lui-même pendant tant d'années, s'imposant un mode de vie très réglementé ne laissant que peu de place pour autre chose.

Côtoyant des ministres, ambassadeurs et autres hauts personnages, le majordome s'interroge beaucoup sur la notion de dignité qu'il associe à sa fonction, au-delà de la simple tenue d'une maison, au coeur des grands événements de son pays. Ishiguro nous régale avec de très belles pages empruntes de pudeur et de retenue mais aussi de fierté pour ces hommes qui ont donné leur vie pour leur rôle.

Mais comment parler des "vestiges du jour" sans aborder l'admiration de Stevens pour miss Kenton, une ancienne gouvernante de Darlington Hall dont il ne cesse louer les qualités. Et pour cause, c'est vers elle qu'il se dirige lors de ce road-trip anglais, plein d'espoir quant à une nouvelle collaboration professionnelle, ou personnelle... Au fil des souvenirs, l'on prend conscience du rôle qu'elle a joué dans la vie de cet homme, tantôt bousculant la rigidité de ses principes, tantôt se révélant être son principal soutien.

Un roman tout en délicatesse !
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Maîtres et esclaves version British.
Tout en finesse et en décalage subtil, le roman d'Ishiguro raconte une servitude volontaire, celle d'un majordome qui a donné à son maître- employeur "tout ce qu'il avait de mieux", c'est dire s'il s'est donné corps et âme à sa fonction. A trop vouloir obéir aux prescriptions factices imposées dans l'Angleterre post-victorienne à la domesticite, il a totalement sacrifié ses sentiments, ses émotions et sa personnalité.
Dans ce quasi monologue intérieur qu'il effectue au cours d'un voyage vers l'intendante qu'il aurait pu épouser , Stevens reçoit une avalanche d'émotions, entre déni et doute, auto-satisfaction et inquiétudes, illusions positives et mélancolie.

Salman Rushdie déclarait : "La réussite d'Ishiguro, c'est de poser les grandes questions avec un humour qui n'obscurcit pas l'acuité de sa pensée. "
Il joue très habilement du décalage entre les principes de Stevens et l'intelligence du lecteur qui perçoit, a posteriori, l'inanité de son comportement. Mais ce jugement du lecteur n'est jamais négatif et n'affecte pas l'empathie qu'il peut éprouver pour cet homme qui plaçait sa servitude sous le signe de la dignité et de la loyauté.
Le grand talent d'Ishiguro, c'est la subtilité avec laquelle il nous présente un personnage, de prime abord sans personnalité propre, pour nous amener, au fil de ses réflexions, à ne plus le juger de manière caricaturale mais à ressentir respect et émotion.
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Ishiguro est le plus britannique des romanciers japonais et il le démontre dans ce petit bijou so british. Ce récit à la 1ere personne d'un majordome anglais, Mr. Stevens est plein de délicatesse, de poésie et d'une nostalgie saisissante.
Stevens est majordome depuis toujours. Il a été au service de l'une des plus grandes maisons de l'artistocratie anglaise, à Darlington Hall. Il a toujours exercé ses fonctions avec la plus grande dignité, une discrétion à toute épreuve et un sens du sacrifice qui ont fait de lui un grand majordome. Aujourd'hui, il travaille toujours à Darlington Hall mais au service d'un riche américain qui a racheté la propriété. La tendance au badinage de ce nouvel employeur et les exigences des temps modernes déstabilisent Stevens, qui tente par tous les moyens de reprendre le contrôle de son travail.
C'est l'été 1956 et suite à une lettre de Miss Kenton, ancienne intendante de Darlington Hall, Stevens part en voyage dans le but de la revoir et de lui demander peut-être de revenir travailler à ses côtés.
La contemplation des paysages splendides de la campagne anglaise invite le majordome à se remémorer les moments marquants de son existence, consacrée entièrement à sa tâche, des sacrifices consentis, des amours manquées aussi peut-être.
Imprégné d'une nostalgie douce-amère, le roman d'Ishiguro nous parle du temps qui passe, d'une époque révolue que l'on veut s'appliquer à ne pas regretter :
« Après tout, que pouvons-nous gagner à toujours regarder en arrière, et à nous blâmer nous-mêmes parce que notre vie n'a pas pris exactement la tournure que nous aurions souhaitée ? »
On s'interroge sur notre existence avec Stevens, et tout au long du roman, on se dit qu'il n'est peut-être pas trop tard, que la vraie vie peut encore commencer, pour lui, pour nous?
Sous des faux airs de « Downton Abbey » ce roman invite à l'introspection, grâce à une écriture magistrale qui fait jaillir tout en pudeur l'émotion et la réflexion.
Très envie de découvrir l'adaptation pour le cinéma de ce chef-d'oeuvre!
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Roman de l'aveuglement qui conduit à passer à côté des choses essentielles de l'existence. Roman d'un homme qui trouve refuge dans la recherche d'un idéal coupé de la vie. On retrouve l'univers de K.Ishiguro, fait de mélancolie, de délicatesse, de mondes qui se délitent.
C'est ma deuxième lecture de ce roman, repris avoir revu le film de J.Ivory.
... et cela a été une bonne idée de le reprendre.
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Ce roman m'a procuré un réel plaisir de lecture avec la beauté de sa langue, son style d'écriture si fluide, sa syntaxe si maîtrisée. C'est tellement agréable de lire un roman si bien écrit. Je comprends pourquoi Kazuo Ishiguro a reçu le prix Nobel de littérature.L'écriture, le style et l'histoire racontée sont en parfait harmonie avec un mot pour les caractériser : la sobriété. Tout est écrit et tout est suggéré dans une langue concise et précise.

J'ai également beaucoup apprécié cette histoire qui peut sembler ordinaire au premier abord mais qui devient originale et surprenante au fur et à mesure de l'avancée dans la lecture.
On suit les pensées d'un majordome, Mr Stevens, qui part en voyage seul à travers l'Angleterre pour revoir une ancienne intendante de Darlington Hall, maison où ils ont servit ensemble autrefois et où il est resté malgré le changement de propriétaire. Ce voyage est l'occasion pour lui de se souvenir des années fastes de Darlington Hall, pendant l'entre-deux guerres, lorsque Lord Darlington recevait les personnes les plus influentes du pays.

J'ai aimé les descriptions de la campagne anglaise découverte par Mr Stevens au cours de son voyage et les personnes qu'il rencontre. Dans Mr Stevens, on retrouve parfaitement l'image de l'anglais toujours dans la retenue, qui n'exprime pas directement sa pensée et qui ne veut pas froisser son interlocuteur.
Mr Stevens nous fait part également de ses réflexions sur ce qui fait un bon majordome : la dignité. Mais qu'est-ce que la dignité ? Comment se caractérise-t-elle dans le travail ? Ses pensées nous font ainsi découvrir la domesticité d'une grande maison anglaise avec ses anecdotes et ses petites histoires.

C'est un roman très profond sur le temps qui passe, les choix de vie et la nostalgie du passé. Mr Stevens s'est consacré toute sa vie à son rôle de majordome, à l'exercer du mieux qu'il le pouvait. A-t-il réussi ? En est-il satisfait ? Qu'est-ce que cela lui a apporté au jour d'aujourd'hui ?
Voici donc un très beau roman qui m'a fait réfléchir sur mes choix de vie et sur le regard que je peux porter sur le passé. Je sais déjà que je le relirai un jour.
Lien : https://aubonheurdemadame.wo..
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Magnifique roman sur l'engagement personnel, la vie ratée, la naissance des sentiments profonds et le sens du sacrifice. le roman de Kazuo Ishiguro a reçu le prix Nobel et c'est largement mérité. J'ai absolument tout adoré dans la lecture de ce livre, les personnages, l'écriture, le déroulement des événements. Brillantissime et une page de l'histoire des gens du peuple.
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Quel bonheur que de plonger dans ce roman au style délicieusement suranné, parfois précieux et maniéré, traduisant à merveille la parlure du majordome vieillissant et désabusé ! Tout y est exprimé avec justesse, dans un clair-obscur charmant, sans jamais d'analyses définitives, comme si Kazuo Ishiguro choisissait de laisser délibérément à son héros un léger espoir, comme un dernier rayon de soleil, frêle et tremblotant, dans un ciel obscurci. On découvre avec délices les différents aspects de la vie de majordome, les emplois du temps à respecter malgré les imprévus et les incidents de dernière minute, la direction d'une équipe de domestiques, la relation privilégiée entre le majordome et son maître, les rapports parfois tendus entre la gouvernante Miss Kenton, personnage complexe s'il en est, et Stevens, qui ne voit pas ce bonheur pourtant si proche de lui, qu'il pourrait saisir s'il le voulait... Tout cela sur fond de montée des périls dans les années de l'entre deux guerres, sujet traité avec finesse, par petites touches successives, à la manière d'un impressionniste, nous épargnant les commentaires et analyses fastidieux qui n'auraient pas leur place dans une telle oeuvre. le style est admirable, tantôt extrêmement concis, comme pour marquer la pudeur du héros, notamment en ce qui concerne ses rapports (strictement professionnels, pense-t-il) avec Miss Kenton, tantôt tout en longueur et en hyperboles, dès qu'il s'agit d'évoquer le métier de majordome et toutes les obligations qui y sont liées. On s'émerveille à chaque page devant la beauté des réflexions et des phrases, qui coulent doucement, avec une pointe d'accent anglais que l'on ne peut chasser de sa tête, comme si Stevens nous livrait directement ses pensées... (la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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