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sur 744 notes
Le monde selon Billy...
William Abbott, écrivain bissexuel, la soixantaine bien tassée revient sur sa vie, ses expériences adolescentes, son apprentissage et ses questions sur l'identité et la sexualité.

Tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle, du fin fond du Vermont en passant par New York, l'Europe ou San Francisco, John Irving traite de l'identité sexuelle à travers différents personnages plus ou moins proches de William : certains amis d'école ( sa meilleure amie/amante, le bel éphèbe lutteur, le timide admirateur...), la bibliothécaire (son premier amour et sa première amante transsexuelle), un grand père, un beau père et un père assez extraordinaires et beaucoup de secrets de famille.

Les personnages sont profonds, peu clichés, leur relation intéressante. Les évocations d'oeuvres théâtrales et littéraires sont nombreuses. le problème du sida et son épidémie des années 80-90 sont traités d'une manière crue mais subtile et touchante
De plus le rythme de narration est assez soutenu, les flash back et les propos assez peu linéaires rendent le récit très vivant.

Un pavé intéressant et agréable à lire.
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Promenade dans le temps qui s'étale de la moitié du XXe siècle jusqu'à nos jours. Balade documentée avec pour point d'orgue la sexualité. Pas en France mais aux Etats-Unis. La précision est importante puisque comme chacun le sait bien : Qui de plus puritain qu'un américain ?
Là, John Irving a choisi quelques aspects les plus ardus du sujet, ceux que les américains regroupent sous le seul vocable de déviance sexuelle : Homosexualité, Bisexualité, travestisme, changement de sexe…… Quant était-il en France dans les années 60 ?
Pour traiter son sujet l'auteur se sert de Billy, bisexuel et narrateur que l'on voir grandir depuis ces années 60 à nos jours. Ses questions sur ses attirances sexuelles ; son rapport à la famille qui comprend toute la gamme de ces déviances et ont tous et toutes connus des épisodes de vie assez rocambolesques. Et son rapport avec son entourage, là aussi bien chargé comme terrain de jeu. On arrive même a se demander s'il n'est pas un milieu éducatif réservé aux personnes sexuellement décalées. Son monde à Bill, ça va du grand-père travesti au compagnon d'étude bi que la mère met dans son lit pour essayer de le rentrer dans le droit chemin. On se dit finalement qu'il est impossible de ne pas être homo, lesbienne, travesti dans un tel milieu et que l'hétérosexualité passe pour une déviance.
Mais ce qui intéressant au premier chef dans ce roman c'est la découverte du sida et ses conséquences. Là, c'est un petit bijou d'écriture. Pour ceux qui l'on oublié parce que rentrés dans le quotidien, John Irving nous rappelle les grandes souffrances engendrées par cette put… de maladie qui est tombée, malheureusement, et ça ressemble à la double peine par excellence, comme une punition. Une terrible punition. Comme pour donner raison aux hétéros biens pensants.
Tout le dernier tiers est consacré à ces souffrances et c'est poignant à souhait.
Le personnage de Miss Frost est aussi un des éléments clé qui fait de ce bouquin un bon livre.
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A moi seul bien des personnages est difficile à définir, entre autobiographie et fiction. Ce qui frappe en premier lieu c'est la maîtrise de la narration et de l'espace spatio-temporel: l'auteur passe d'une période à l'autre de sa vie sans respecter l'ordre chronologique mais avec une cohérence d'ensemble qui nous permet de suivre le fil. Peu à peu se dévoilent des personnages profonds et attachants (je défie quiconque de ne pas compatir aux efforts de Billy pour prononcer le mot "pénis").

D'un questionnement sur la sexualité d'un adolescent américain, Irving transforme le récit en essai brillant sur la tolérance et le désir. Les nombreuses références aux oeuvres littéraires iques et la mise en parallèle permanente avec l'oeuvre de Shakespeare qui donne le titre à ce roman soulignent que ce n'est pas un sujet de réflexion contemporain ou générationnel : "On est toujours libre d'aimer qui on veut" affirme un des protagonistes, ce à quoi la bibliothécaire répond "au contraire (...) la litterature est riche en amours impossibles".

On suit l'apprentissage amoureux et sexuel de Billy depuis ses attirances peu conventionnelles d'adolescent qu'il qualifie d'"erreur d'aiguillage amoureux", attestant ainsi de la difficulté de comprendre et d'assumer ses désirs. La sexualité est pour Irving un sujet complexe et amoral servi ici avec la bonne dose d'humour et d'originalité. D'une écriture assez masculine et sans tabou qui m'a parfois fait penser à Portnoy et son complexe de Philip Roth, ce livre m'a donné envie de mieux connaître l'auteur, et de lire enfin le monde selon Garp.
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Orphelin de père, Bill est élevé dans une famille férue de théâtre et découvre très tôt la fluidité des genres en voyant son grand-père se travestir sur scène pour incarner les plus grandes héroïnes de Shakespeare. Mais cette connaissance précoce de la comédie que sont les normes de genre ne rendent pas le désir naissant de Bill pour les autres jeunes hommes moins effrayant pour autant... Grâce à l'aide de la bibliothécaire de sa petite ville qui lui fait découvrir James Baldwin, Bill finira par assumer pleinement sa bisexualité.

Depuis cinquante ans, John Irving a régulièrement affirmé dans ses romans le droit de chacun à vivre sa sexualité sans entraves. À moi seul bien des personnages semble le couronnement de cet engagement incessant, et met notamment en scène un des plus beaux personnages transgenres de l'oeuvre d'Irving. Commençant comme un roman de Dickens et se terminant comme un film d'Almodovar, ce récit de l'éducation sentimentale et sexuelle de Bill et de sa dramatique traversée des années Sida, n'est peut-être pas aussi spectaculaire que les grandes fresques du John Irving des années 70, mais reste un des plus attachants de ses romans de la maturité.
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John Irving définit son dernier roman comme une oeuvre militante, ce qui est à la fois la force et la limite d'A moi seul…. Irving entend en effet faire le tour (exhaustif ?) de toutes les différenciations sexuelles à travers une galerie de personnages, qu'on va suivre des années 60 aux années 2000. La toile de fond passe donc d'une société verrouillée sur ces questions, jusqu'à la (relative) ouverture actuelle, en passant par la terrible irruption du SIDA... le narrateur, Bill Abott, est un adolescent sensible et indécis sexuellement. Dans sa petite ville du Vermont, il rêve d'être écrivain, encouragé dans cette voie par une bibliothécaire, Miss Frost. Ambivalente et fascinante, elle sera également décisive dans l'orientation sexuelle du jeune homme (il aimera les filles et les garçons) … Malgré quelques longueurs, Irving excelle à nous rendre tous ces personnages vivants et attachants. Son art consommé du dialogue, son sens si américain des situations (parfois crues, souvent drôles), la force des émotions (le long tunnel de deuils des années SIDA) nous mettent en état de totale empathie. Un hymne à la tolérance par un maître des lettres américaines, qui, avec Bill, nous offre une fois de plus un personnage masculin dont lui seul a le secret.
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Si ce livre a eu comme objectif de faire comprendre l'homosexualité, de faire changer d'avis les homophobes, je ne pense pas que ce soit une réussite car il renforce certains stéréotypes. Combien de pages sont dédiées à expliquer que Bill est un "topper" et non a "bottom" et d'autres détails inutiles, comme s'il s'agissait d'un manuel de l'homosexualité ! On pourrait même croire que c'est un comportement génétiquement transmissible car le père de Bill, son grand père et un oncle ont du souci du côté du genre...C'est un peu too much...
Oui, je suis hétéro (et je ne me soigne pas) et j'aurais aimé lire un roman sur un homme accessoirement bisexuel, mais que fait autre chose que coucher à tout va.
C'est long, interminable, redondant !... Il faut se forcer pour le finir.
En effet, le seul côté positif de cette lecture est de vouloir approfondir le théâtre d'Ibsen et de Shakespeare.
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Le narrateur est bisexuel. Il aime les hommes et les femmes. Les femmes transgenres en particulier, et de longs méandres, amers et drôles, aident à comprendre pourquoi. Il reste un homme. Aimer les deux genres ne l'amènent pas particulièrement à souhaiter être femme. Il avoue rechercher une apparence féminine ET masculine parce qu'il est « mignon », parce que c'est plus facile pour draguer. Et parce qu'il est Ariel, essentiellement. J'y reviendrai.
Il est bi donc, mais pas confus, pas en quête de son identité sexuelle, du moins pas après l'adolescence. S'il y a un aspect sociologique, ou sociétal, je ne sais pas, dans le roman, ce n'est pas parce que son identité sexuelle lui pose un problème, mais parce qu'elle pose un problème aux autres. Ceux qui le rejettent, mais dont Billy ne s'embarrasse pas longtemps en fin de compte, et ceux qui ne savent tout simplement pas comment le prendre. Des membres de sa famille qui le prennent pour un déviant, les membres de la communauté gay pour qui il n'ose pas sortir complètement du placard. Irving sous-entend que son héros bi dérange parce qu'il rappelle que les frontières sont poreuses, celles du sexe, du comportement sexuel, que l'identité n'est pas une forme fixe qui surgit toute armée passée la puberté. Il n'y a rien là de bien inédit, pourtant, rien qui justifie le parfum de scandale. À plusieurs reprises dans son récit, le narrateur indique qu'il est poussé bon gré, mal gré, dans la communauté gay. Étudiant à New York, tout à sa joie d'être sexué frais émoulu de sa province, cela se comprend (si on veut draguer des mecs, a fortiori dans les années 60, il vaut mieux se trouver dans les endroits ad hoc). Homme mûr, dans les années 80, les années SIDA, il se voit sommé de choisir son camp, de rejoindre la cause et la communauté. La communauté, justement et à ce moment précis, Billy ne sait pas quoi en faire. Pour la première fois depuis son adolescence, ce garçon équilibré qui sait exactement qui il est ne sait pas quoi faire de lui. Il n'est pas un héros, il n'arrive pas à courir aux chevets des mourants, et il y en a tellement. À noter que cette partie, la seconde d'un livre au demeurant drôle, voire facétieux, est assez éprouvante. de la même façon crue qu'il décrivait le sexe, l'auteur montre la maladie, la déchéance, la mort d'une grosse partie du personnel du roman. Je ne peux pas le dire autrement : c'est dur à lire. Vous ne direz pas que je ne vous ai pas prévenus.

Glissez, mortels. À me relire, j'ai l'impression de parler d'un livre grave et sérieux, de sujets importants-de-société. Or pas du tout. Ces passages sombres de thanatos pesant font oublier l'éros pétillant du roman, inévitable dans la première partie consacrée à la poignée d'années pendant lesquelles Billy entre en scène. Dans tout les sens du terme. Il est presque dommage de faire À moi seul… un roman de la bisexualité. Ce Billy est un personnage, construit de la sorte par la volonté d'un auteur, pas un porte-drapeau, pas une allégorie. La bisexualité qui le compose lui donne chair et fluidité, et c'est ce mouvement doux qui en fait une entité crédible, aussi vivante que peut l'être un personnage de roman. C'est l'entrechoquement des atomes multiples qui l'anime. Avant de se poser en être sexué, Billy Abott est une créature de livres. Rappelons que Billy se comprend bisexuel en même temps qu'il se découvre écrivain, d'un même mouvement. Il est d'ailleurs symptomatique que la personne qui formulera toutes ses amours futures soit une bibliothécaire. Avant le sexe, elle lui fait découvrir les livres, le charpente avec beaucoup d'intelligence à coup de références incontournables. Fielding, Dickens, Flaubert Flaubert qu'il ne faut pas lire avant d'être totalement désespéré, et James Baldwin, bien sûr, parce que tout jeune gay des années 60 doit avoir lu La Chambre de Giovanni. Mais avant Miss Frost, il y a le théâtre. Ibsen et Shakespeare. Tennessee Williams. Théâtre dans le théâtre. La grande distraction de la petite communauté, c'est son théâtre amateur. Et c'est aussi la nôtre, vu que c'est à mourir de rire. de la tante insupportable au grand-père qui n'aime rien tant que jouer les héroïnes shakespeariennes, en passant par le tonton alcoolique et un ténébreux bûcheron norvégien qui dirige la troupe, que voilà une fine équipe. Portée par trois harpies (la grand-mère la mère et la tant de Billy, en mode marâtre de Cendrillon), la famille de Billy est pesante, intolérante, mais sur les planches, ce petit monde ridicule de province est cocasse. Peut-être parce notre héros est un esprit libre qui se détache lentement. Toujours est-il que l'auteur s'amuse – trop, pourrait-on dire. Il fanfaronne et cabotine à mort. Mais c'est efficace, avec des scènes hilarantes. Au-delà des pitreries et des costumes, il est surtout l'idée – baroque – de l'étourdissant tourbillon du monde. Des êtres changeants. Des identités fluctuantes. Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil : lorsque la troupe monte La Tempête, est-il vraiment surprenant que Billy se voit attribuer le rôle du génie Ariel ? du personnage au « sexe indécis ». Non sans doute. C'est facile. Mais cela tombe tellement bien.

Un mot, avant que d'en finir. Je crois que ce roman des genres et des identités est en large part un roman d'amour. Il s'ouvre et se clôt sur une évocation de Miss Frost, la muse de notre écrivain. Celle qu'il cherchera à demi-mot dans les autres femmes de sa vie, qu'il n'oubliera jamais. de cette galerie de personnage, la scandaleuse bibliothécaire est celle dont on ne peut pas s'empêcher de tomber amoureux, un petit peu. Sage et fascinante, la Femme Mûre est une institution littéraire – il y a par ailleurs quelque chose d'éminemment classique dans ce roman aux dégagements farfelus. Mais ce genre de femme-là, je n'en ai pas croisé souvent. Inaccessible jusqu'au bout, debout jusqu'à la fin. Et la scène de la séparation est un bijou. Très drôle, très, très triste, complètement en allée où ?, comme dirait l'autre. Face à l'imposante Frost sur le compas des amours de Billy, sa Némésis, Kittredge, le tyran local, capitaine de l'équipe de lutte. Un sale type, un type perturbant que Billy passera sa vie à tenter de comprendre. Frost et Kittredge, la bibliothécaire et le lutteur, restent les curseurs de la vie sentimentale du narrateur. We are formed by what we desire, déclare Billy au seuil du roman. La question subsidiaire est : se déprend-on jamais de ses 18 ans ?
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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« En une personne » peuvent se conjuguer plusieurs êtres, comme chez Bill, ce jeune homme issu d'une famille de First Sister, tranquille cité rurale du Vermont, vouée à la forêt, aux scieries et à un Collège universitaire renommé. Dans cette famille un peu bizarre, on se passionne pour le théâtre amateur, surtout quand il permet de s'habiller comme le sexe opposé, et pour la lutte, sport universitaire cher à l'auteur. Mais rassurez-vous, les dames de la famille sont très « comme il faut »

Bill l'est un peu moins : grand admirateur de Flaubert, Irving nous conte son éducation sentimentale (et plus), notamment par la belle et grande bibliothécaire municipale, qui se révèlera être un ancien lutteur d'élite, et, au cours d'un séjour à Vienne, alternativement par sa meilleure amie, par un grand poète américain, par une soprano, et par une transsexuelle « crédible ».

Son bonheur durera jusqu'aux années 80, quand le SIDA s'abattra sur la communauté homosexuelle et bisexuelle new yorkaise, avec une incroyable cruauté : les scènes au chevet des amis mourants sont d'un réalisme terrible.

Mais Bill sera épargné, et il se réfugiera pour mener son travail d'écrivain dans la maison familiale, entouré de sympathiques fantômes. Et il finira par comprendre le trouble lien qui l'unissait à Kittredge, son condisciple brillant et méprisant qui traverse le récit.

Ce roman sera disponible en Français en avril, sous le titre « A moi seul bien des personnages » (au Seuil) ; précipitez vous, car, comme d'habitude, ce 13ème roman d'Irving est une merveille d'écriture.
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Billy, né dans années 40 ,est bisexuel. Il en prend conscience pendant son adolescence, sans grand trouble, si ce n'était la façon de réagir d'une minorité dans son entourage, qui comporte par ailleurs son lot d'originaux.

In one person est construit à partir du dispositif habituellement employé par John Irving. le personnage principal raconte sa vie de façon chronologique avec quelques entorses toujours justifiées. le vocabulaire est simple mais l'art du récit est parfaitement maîtrisé, ce qui en rend la lecture addictive. Au fil du temps la vision que le héros peut avoir des personnes et des évènements évolue de la candeur à la nostalgie, et bien sûr quelques révélations se font jour.C'est du bon Irving, mais pas du niveau de "a prayer for Owen Meany" ou de "the cider house rules".

C'est peut être la grande qualité de ce livre que de ne pas en faire trop pour traiter un sujet finalement très "normal".

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L'écriture a cette magie ! Partant de 26 signes, elle peut faire apparaitre des personnages, des paysages, des mondes.
John Irving avait cette capacité de donner naissance à des êtres faits d'encre et de papier.
Dans ce roman, c'est le parcours de William, Will, Willy Abbott que nous allons suivre.
Né d'un père disparu et d'une mère égarée, grandissant dans tout ce qu'on ne lui dit pas sur son père, William va tenter de trouver, d'accepter et de faire accepter son identité sexuelle.
Irving construit son récit autour de deux pôles principaux.
Tout d'abord, le club de théâtre local dans lequel on retrouve presque toute la famille de William : le grand père Harry, spécialiste des rôles féminins, sa mère, souffleuse, sa tante et son beau-père, acteurs.
C'est également autour du club de lutte du collège (thème déjà évoqué dans « Un mariage poids moyen ») que graviteront plusieurs personnages.
On croisera au long du récit toutes les variantes de la relation physique à l'autre et à soi même : homos hommes et femmes, hétéros, transsexuels….
Sur la forme, rien de bien neuf, on retrouve dans ce roman ce qu'Irving a déjà fait dans « le monde selon Garp » ou « L'oeuvre de Dieu, la part du diable ». Il fait naitre et évoluer sur la durée un personnage qui se prend des coups à droite et à gauche, obligé de louvoyer entre les contraintes de cette vie, guidé par ces tuteurs choisis ou imposés.
L'originalité de forme tient dans l'intégration des pièces de théâtre, Sheakspeare et Ibsen, dont les répétitions sont prétextes à illustration de la vie de William (Abbott, pas Sheakspeare).
Sur le fond, il y a beaucoup plus à dire. C'est le roman le plus personnel d'Irving. Difficile de de ne pas voir en William un avatar de John Irving. On imagine très bien ce qu'a pu être la vie d'un ado à la sexualité différente dans l'Amérique des années 60.
Loin de faire du prosélytisme, Irving se contente de montrer, sans manichéisme, sans volonté de vouloir faire entrer la différence dans une nouvelle normalité, mais en appelant à accepter la différence, à laisser vivre chacun en accord avec ses désirs.
Hétéro et homos sont renvoyés dos à dos dans leur intolérance face à la bisexualité du narrateur.
J'ai trouvé que John Irving abordait avec beaucoup d'intelligence la notion d'identité en nous rappelant que l'identité sexuelle n'est qu'une partie de notre identité.
Avec moins de finesse, Irving évoque également l'idée de transmission de l'identité. Un grand père hétéro qui aimait se travestir sur scène et dans son intimité, un père de hasard, absent, homosexuel et travesti de scène : l'identité sexuelle est-elle inné ou acquise ? Je n'ai pas l'impression que l'auteur cherche à apporter une réponse mais plutôt à soulever en nous ces questions.
La dernière partie du livre m'a moins emballé. Même si elle est très bien écrite, je n'ai pas bien compris ce que le récit des années SIDA amenait au récit.
Déçu également par la partie de fin concernant le père de William. Elle semble avoir été posée la pour ajouter quelques pages. Soit trop, soit pas assez sur cette partie du récit.
Au final, une assez bonne lecture et un personnage central que l'on quitte à regret.
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