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sur 744 notes
Élève dans les années soixante dans une école américaine d'une petite ville de l'Etat du Vermont, Bill découvre le théâtre, l'amour et la sexualité.

le parcours de Bill a pour point de départ une quête à la découverte des autres et de soi. Bien que cherchant à percer des secrets familiaux qui peuvent expliquer ses attirances bisexuelles, il assume sans culpabilisation son ambigüité dans une Amérique puritaine qui considère l'homosexualité comme une maladie mentale.

Dans les années quatre-vingts, alors qu'il est devenu écrivain et newyorkais, au moment où le sida fait des ravages, Bill assiste à l'agonie de ses amis. Et même si les mentalités ont évolué, beaucoup de ceux qui l'entourent voient encore cette maladie comme un jugement de Dieu et les homosexuels comme des pestiférés.

Après un début difficile où l'on se perd dans des digressions théâtrales, A moi seul bien des personnages nous immerge dans la réalité des homosexuels, travestis et transgenres américains. Sans porter de jugement, John Irving met en scène la complexité de l'identité sexuelle.

Avec humour et mélancolie, A moi seul bien des personnages est un plaidoyer pour la tolérance, une critique de l'Amérique restée très puritaine malgré la libération sexuelle, mais aussi l'histoire d'une recherche légitime du désir et de l'amour.

Lien : http://livreapreslivre.blogs..
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John Irving est un peu comme un Oncle d'Amérique, qui revient régulièrement me raconter des histoires et tant pis s'il se répète parfois un peu : je l'aime quand même, et je suis toujours heureuse de le retrouver.
Dans ce roman, il retrace la vie d'un écrivain américain (le narrateur), dont la particularité principale est d'être un bisexuel qui s'assume pleinement, ce qui permet à l'auteur de dépeindre l'histoire contemporaine des LGBT(Q) aux Etats-Unis, et de décrire puissamment les années SIDA. Mais il raconte aussi -et surtout- un entrelacs d'histoires d'amour cocasses, tendres et terribles.
Ce livre est un condensé de l'oeuvre d'Irving, puisqu'on y retrouve : la Nouvelle Angleterre, l'après-guerre, la guerre du Vietnam, les piques contre Reagan, le théâtre, la littérature, la famille farfelue, la pratique de la lutte, le travestissement, la vie sur un campus, le séjour à Vienne, le Freak, le drame. Petite différence par rapport aux romans précédents : le sexe y est plus important, mais sans jamais être gratuit ni choquant ; le narrateur évoque sa bisexualité de façon si naturelle que sa lecture en devient tout aussi naturelle -ce qui n'était pas gagné, mais là réside tout le talent d'Irving, qui sait s'emparer des sujets les plus délicats pour les traiter de manière extrêmement adroite. Il propose ici (et dès 2012) une réflexion sur le genre et un plaidoyer implacable pour la tolérance, plus toniques et efficaces que les débats actuels.
Même si j'ai eu du mal à entrer pleinement dans ce roman aux accents proustiens, je l'ai quitté un peu triste, tant j'ai aimé cette immersion dans cet univers parallèle si vivant, réel, chaleureux et généreux.
Mais ce n'est qu'un au revoir, Uncle John, nous nous retrouverons !
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Pour moi le premier roman lu de John Irving. Et quel roman ! Je connaissais l'auteur de réputation sans que la curiosité me pousse réellement à le découvrir. Je trouvais toujours une bonne raison de remettre sa lecture à plus tard. Jusqu'à maintenant.
Dans ce roman de près de 600 pages, C'est un vieil homme qui prend la parole pour se remémore tout le chemin parcouru pour arriver à ce qu'il est aujourd'hui, toutes les figures de son enfance et adolescence (Miss Frost, Grand père Harry, Donna et les autres) qui l'ont forgé. Jeune garçon, il prend conscience, petit à petit, de sa bi-sexualité, de l'existence de la diversité sexuelle (homo-, bi- trans-) et se bat pour l'affirmation de soi. Il revendique le droit d'être et d'être reconnu pour ce qu'il est au sein de cette société, puritaine et intolérante, qu'est l'amérique des années 60, et suivantes.
L'omniprésence du théâtre, des mots de Shakespeare, emportent le récit. Les drames qui se jouent sur la scène de théâtre amateur ne sont que le reflet ou les effets précurseurs de la tragédie qui se trame dans la vie de tous ces personnages haut en couleurs.
William / Billy, comme les autres, file sa vie comme il file son texte.
Les pages sur les années SIDA, sur l'hécatombe qui a eu lieu dans l'indifférence et le mépris des biens pensants, dans ce resserrement d'humanité (solidarité et empathie d'une communauté meurtrie), sont tout simplement sublimes par leur sobriété, leur réalisme. Sans emphase ni pathos, elles nous touchent.

J'ai aimé ce récit à la première personne, le rythme de la narration qui s'emballe par moment quand il veut trop vite nous livrer son histoire et qui devient traînant sur des scènes de sa vie comme s'il souhaitait faire durer le plaisir. Faire revivre par la parole le temps chéri de la rencontre, du geste, de la première fois. Suspendre le temps pour mieux en jouir à travers le récit, les mots.

Pourquoi ai-je attendu tout ce temps pour découvrir un tel auteur ?
« Prends ton temps, William. Savoure, au lieu de bâfrer. Et quand tu aimes un livre, prends une de ses plus belles phrases - celle que tu préfères - et apprends-la par coeur. de cette façon, tu n'oublieras pas le style de l'histoire qui t'a ému aux larmes. »
(...)
« La mémoire est un monstre ; on oublie, pas elle. Elle archive ; elle tient à disposition ou bien elle dissimule. Et puis elle nous rappelle avec une volonté qui lui est propre. On croit avoir de la mémoire, on se fait avoir par elle ».

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Passé 70 ans, les écrivains américains deviennent-ils tous des obsédés textuels, euh, sexuels ? La question ne se pose pas pour un Philip Roth ou un Tom Wolfe qui n'ont pas attendu un âge canonique pour s'intéresser à la chose. le cas de John Irving est différent. Dans A moi seul bien des personnages, l'auteur se lâche totalement et balance un pavé très cru à la face de l'Amérique puritaine. Billy, narrateur et personnage principal, est à la recherche de son identité sexuelle, assumant difficilement son désir pour les femmes, les hommes et les transsexuels. Irving dépeint sa quête, certains diraient son errance, pendant près d'un demi-siècle, au sein d'un roman foisonnant au souffle certain qui ne tire que rarement à la ligne, mais ça lui arrive quand même. Une multitude de personnages, tous ambigus, objets le plus souvent de son désir, croisent la route d'un Billy qui se débat avec les affres de sa conscience dans l'environnement d'une petite ville du Vermont guère habituée aux frasques en tous genres, surtout dans les années 70. Si le livre est teinté d'humour dans sa plus grande partie, il change de ton lorsqu'il s'agit d'évoquer la décennie suivante pendant laquelle le sida fauche les vies en une moisson sanglante. Toutefois, il ne faut pas prendre le dernier livre d'Irving comme un roman d'aventures liées uniquement au sexe. L'amour de la littérature (Flaubert, Goethe, Dickens, Ibsen) y est omniprésent et celui du théâtre permet au romancier de citer abondamment Shakespeare dont il relie superbement l'oeuvre, avec son lyrisme et son inclination pour la tolérance et l'indépendance, au parcours chaotique de son héros. Pulsions, émotions, sensations, frustrations, A moi seul bien des personnages nous emporte dans l'ouragan d'une vie. Il faut bien attacher sa ceinture et garder les yeux ouverts, quitte à être déboussolé et (un peu) scandalisé, le voyage, l'odyssée serait-on tenté de dire, avec ses mille et un détours n'est pas de tout repos. Mais quel paysage, sur sa route !
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Me replonger dans un livre de John Irving, voilà chose faite, entre mes trajets de train et mes vacances qui ne sont pas terminées.

J'ai bien cru qu'au tout début je n'allais pas accrocher, un peu bavard et pas mal de référence au théâtre, art pour lequel je suis tout à fait novice... Enfin presque, Shakespeare, pourquoi pas, mais Isben et son canard sauvage voilà que j'étais bien avancée.... (j'ai même cru à un signe du destin car on jouait en cette période à la Comédie de Saint-Étienne cette pièce ... quel clin d'oeil quand on lit on ouvre davantage les yeux vous ne trouvez pas ? Bref, je n'y suis pas allée, pas possible et un peu peur aussi de trouver la pièce trop ... chiante..).

Donc comme je vous le disais je partais un peu sur la défense quant à ce livre... et puis l'effet Irving a opéré. Je me suis glissée dans la peau du personnage principal : William, Bill, Billy, Nymphe... Quand je dis "peau" je ne suis pas très juste car finalement c'est dans différentes peaux que je me suis glissée.

Dans celle de cet enfant élevé par sa mère abandonnée par son père pour d'obscures raisons... et ses grand parents, celle du plus grand enfant à l'écoute de son beau-père et de sa bibliothécaire ( des modèles à bien des égards), celle de l'adolescent et de toutes ses découvertes diverses et variées, dans celle d'un adulte pas vraiment fixé et enfin dans celle d'un homme mur maître de sa vie...

Il en croise des personnages dans sa vie, et tout ces différents personnages secondaires le modèlent. Ils croisent son destin et lui croise le leur.

Dans le désordre mais ordre de mes préférences : le grand-père Harry, Miss Frost, Elaine, Kittredge, Elaine, Miss Hayley, Marie, Bon, Nils, Muriel, Larry, Esmeralda, Gee ... J'en oublie, excusez moi, mais toute une vie de rencontre c'est beaucoup.

Le personnage de Billy permet à Irving de faire éclater toutes ses provocations en matières sexuelles. Pas un seul des personnages n'est ce qu'il parait être. Les genres sont bousculés, les hommes deviennent femmes, les femmes sont des hommes, les uns aiment les autres et tous se mélangent à corps et à cris. Oreilles chastes s'abstenir ! C'est du Irving, ne vous attendez pas à ne pas être bousculés !

Et en même temps ce livre est une véritable plaidoirie pour l'acceptation de la "différence". Pour permettre à chacun de vivre ses amours sans retenues ni distinctions de sexe.

Pour s'assurer de l'importance de connaître les gens avant des les juger.

"Je vous prierai de ne pas me coller d'étiquette. Ne me fourrez pas dans une catégorie avant de ma connaître."


John Irving dresse l'histoire de Billy et à travers lui de tout ce qu'on vivre les homosexuels (gays et lesbiens) et les bisexuels durant plus d'une génération. le chapitre sur les années sida est très dur et bouleversant.

La littérature à elle aussi dans ce livre une place immense. Miss Frost la bibliothécaire offre à William l'accès à celle-ci et tout ce qu'elle permet d'apprentissage de la vie. Elle lui apprendra tant d'autres choses...

Je me rends compte que je parle, je parle et que tout ça doit vous apparaître décousu...

Ce livre est un grand livre, peut être pas mon préféré de John Irving (Une prière pour Owen m'a beaucoup marqué et l'oeuvre de dieu la part du diable et aussi Dernière nuit à twister river voir mon billet ici ). Mes autres billets sur Irving : ICI et Là

Mais ce livre m'a fait le retrouver encore à travers ses mots, son style qui n'a pas peur de choquer, son humour noir, son empathie, il sait bousculer son lectorat le faire s'interroger et c'est bien ça. Un petit regret peut être, que les personnages soient un peu tous trop "différents"... On peut se dire décidément trop c'est trop mais c'est aussi de la littérature...

Un livre qui s'étale sur une vie et même sur plusieurs générations.
La vie est une grande pièce de théâtre où l'on trouve bien des personnages !
N'hésitez pas à essayer de les connaître sous leurs costumes de scène.
Ils vous surprendront en bien ou pas... C'est la vie !

Bonne lecture à vous.
Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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Bien des personnages dans ce livres ouvrent le rideau et ferment le rideau! Chaque personnage entre en scène à un moment, puis, après de multiples ballades dans le temps et l'espace, l'auteur trouve toujours le bon moment de le sortir de la scène! Beau travail! On ne fait pas que s'attacher à ses personnages, on se fait une famille avec eux bien le sujet qui les préoccupe tout le long du livre n'est pas à la portée de tous.
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Une première pour moi avec cet auteur, découvert et lu dans le cadre du Challenge Solidaire Babelio.
Ignorant tout des écrits de John Irving, c'est le hasard total qui m'a menée vers ce titre, qui aurait pourtant dû m'alerter un tant soit peu...

Autant le dire d'emblée, je n'ai pas été très à l'aise avec cette lecture, très déroutante et que je n'ai pas vraiment réussi à apprivoiser.

En vrac, il est question, durant 600 pages (et environ 60 ans), d'orientations et d'identités sexuelles variées, d'expériences diverses en la matière (toujours très crûment explicitées), de parcours de vies avec des sexualités "différentes", le tout servi entre deux répétitions de pièces de Shakespeare ou d'Ibsen, ou avec un air d'opéra. Déroutant je vous dis !

Durant les 200 premières pages, c'était tellement particulier que j'ai failli lâcher prise, comprenant difficilement la direction que voulait prendre le roman.
Puis arrivée péniblement à la p. 254, j'ai lu " Quand on n'a pas lu un livre, on ne peut pas vraiment savoir de quoi il parle"... alors je me suis obligée à poursuivre, pour savoir donc, et me sentir plus légitime à donner mon avis.

C'est extrêmement foisonnant comme histoire, ça part un peu dans tous les sens, mais avec un point d'ancrage, un véritable leitmotiv : celui de l'ambiguïté de la sexualité du personnage principal, William, alias Bill ou Billy (... ou John Irving lui-même, qui sait ??) qui passera toute sa vie à se chercher.
La narration à la première personne teinte le récit d'une nuance autobiographique qui aurait pu être immersive, s'il ne m'avait pas été si compliqué de me fondre dans la peau de ce garçon, dont j'ai pourtant perçu la souffrance psychologique liée à sa différence, mais pour lequel je me sentais tristement impuissante, et qui m'a laissée, simple observatrice, au bord d'une histoire qui me dépassait, car par trop éloignée de mon univers et de mes capacités d'identification.

Et puis, il y a, autour de tous ces tourments, cette obsession permanente pour la sexualité, crue, nue, sans poésie, sans états d'âmes, sans sentiments ni passion, sans véritable amour, juste afin d'assouvir pulsions physiques et fantasmes. J'ai trouvé ça glauque, vulgaire et laid... Et au final, quelle solitude et quelle tristesse...

Heureusement, il y a quand-même l'originalité de la construction, qui nous transporte progressivement dans le temps, de l'enfance du narrateur à la maturité de sa soixantaine, avec pour deuxième fil rouge, une thématique littéraire et théâtrale intéressante et très présente, habilement reliée au reste du roman, mais exigeant de solides connaissances de la part du lecteur.
Et là, j'ai dû faire preuve d'humilité face à mes souvenirs shakespeariens étiolés, qui ne m'ont certainement pas permis d'apprécier la totalité des parallèles établis entre les personnages des pièces et les soucis d'identité des acteurs.

Mais malgré les sujets sensibles abordés, malgré les drames et difficultés vécus par les différents protagonistes, j'ai manqué d'émotions, d'empathie, de ferveur. Avec cette impression que le narrateur restait lui-même prisonnier dans sa propre vie, passablement indifférent et impassible aux événements extérieurs. Ce regard froid et caustique qu'il portait à lui-même et aux autres, telle une carapace, en était même assez perturbant, jusqu'à l'arrivée (dans les 200 dernières pages) des années 80, les fameuses "années Sida", avec leurs ravages, correspondant aussi à l'âge de la maturité pour Bill.
Là, j'ai enfin ressenti en même temps que lui, sa terreur, mêlée de chagrin et d'incompréhension, son sentiment d'injustice, toujours bizarrement accompagnés d'une sorte de mise en retrait désabusée, mi lâche, mi fuyante.

Cette dernière partie, effroyable et pourtant davantage posée et très bien documentée, apporte un équilibre appréciable à l'ensemble du roman et me permet de pondérer mon premier ressenti à cette lecture si originale, que je suis donc satisfaite d'avoir finalement menée à terme.
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Plus de dix ans sans lire Irving et je le retrouve tel que je l'avais quitté.

Rien de nouveau dans sa manière, toujours aussi bavard et fidèle à ses ingrédients récurrents que sont la lutte sportive et l'Autriche.
Ici ils viennent agrémenter le cadre narratif dans lequel il a décidé d'évoquer la problématique très actuelle du genre.

Pour ce faire Irving, à son habitude, a recours au truc de la saga familiale. C'est assez bien ficelé quoique fort peu crédible.

J'ai malheureusement peine à saisir clairement sa pensée. Tantôt, très progressiste, il prône le libre choix d'une sexualité indépendante du genre, tantôt il semble prêter foi aux vieilles et ridicules fadaises du caractère héréditaire de l'homosexualité.

Irving techniquement égal à lui-même, techniquement car ici l'humour et les émotions qui caractérisaient jadis sa production à mes yeux sont bien présents, mais sans faire mouche.

Irving a-t-il perdu son art, continue-t-il en roue libre dissimulé derrière sa technique ?

Ou c'est moi qui ne marche plus ?



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Roman d'apprentissage à la sauce Irving, un peu déjanté, bien construit, bien écrit.
L'histoire se passe aux Etats Unis puis en Europe. William Abbott (Billy) le narrateur, un personnage qui part à la recherche de son identité sexuelle de son adolescence pendant les années 50 avant l'arrivée du SIDA jusqu'aux années 2000.
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Avant toute chose, il me semble important de spécifier que ce roman n'est pas autobiographique. On pourrait se poser la question car non seulement il est écrit à la première personne, mais le héros est né de père inconnu, il évolue dans un milieu universitaire, entouré de lutteurs, il adore Dickens, il étudie à Vienne, devient écrivain... Autant de points communs avec l'auteur. A ce sujet, John Irving explique que s'il a voulu partager tous ces points communs avec son héros, c'est justement pour l'aider à se sentir plus proche de lui, mais la comparaison s'arrête là.

Pour plus de détails à ce sujet, je vous invite, quand vous aurez terminé mon article, à lire la très intéressante interview que l'auteur a donné au Nouvel Observateur.

Avant de vous donner mon avis sur l'histoire, je vais vous faire une confidence: pour moi lire John Irving, c'est un peu comme se glisser dans des pantoufles moelleuses et rassurantes. Je n'ai pas lu tous ses livres, mais un grand nombre quand même et il est certain que je vais tous les avaler. Ma rencontre avec lui s'est faite avec L'oeuvre de Dieu, la part du Diable qui se trouve d'ailleurs dans la liste des livres qui m'ont le plus marquée. A chacun de ses livres, je vis à peu près la même routine: les premières pages se dévorent, ensuite vient en général un passage que je trouve un peu longuet, qui m'ennuie même parfois et enfin, sans m'en rendre compte je m'installe dans l'histoire de manière très très confortable. Je m'attache aux personnages, même s'ils sont souvent un peu, voire beaucoup, bizarres, disons, hors-normes, mais j'aime les retrouver, je me sens en sécurité entre les pages de John Irving. Quand le livre se termine, je suis triste de quitter l'ambiance, triste de quitter les personnages. Je crois qu'Irving fait partie de ces auteurs qu'on aime ou qu'on déteste. Je comprends parfaitement qu'on n'arrive pas à entrer dans ses histoires, pour cela, je le rapproche un peu de Ian McEwan version Samedi.

A moi seul bien des personnages m'a fait le même effet, je dirais même que c'est un de mes préférés ou alors je dis ça parce que je viens de le terminer.... j'avoue, je ne sais pas. Certains passages m'ont ennuyées, toutes les diatribes sur le théâtre au début du roman étaient certes instructives, mais moi qui n'y connais rien en théâtre classique, je me suis un peu perdue. le milieu du théâtre prend beaucoup de place dans l'histoire, il a son importance puisque, à l'époque, il était courant que les personnages féminins soient joués par des hommes. Et alors me direz-vous? Et bien il permet ici d'introduire le grand-père du héros, qui fait partie de la troupe de théâtre locale et qui ne joue que des rôles de femmes... Mais je ne vous en dirai plus. Si ce n'est que le grand-père de Billy est un des personnages principaux de l'histoire, personnage que j'ai trouvé éminemment sympathique: sa tolérance et le soutien discret qu'il porte à son petit-fils sont juste un régal pour les coeurs sensibles. Il n'est pas seul d'ailleurs à cristalliser cette tolérance qui devrait aller de soi, d'autres personnages aiment Billy tel qu'il est, comme Elaine, l'amie de toute une vie. A moi seul bien des personnages est en effet avant tout un livre sur la tolérance, sur l'amour au sens le plus noble du terme. Je suis sortie de cette histoire en ayant envie d'aimer le monde entier, c'est vous dire.

Mais revenons à l'histoire. L'ambiance peut sembler spéciale puisqu'il y est question de... sexe. Encore, encore et encore. On y parle d'adolescents qui s'éveillent à la sexualité, mais, comme vous l'aurez compris, sur fond d'homosexualité, de transexualité et de bissexualité puisque je rappelle que Bill, le héros, est bisexuel. En ce sens, j'ai trouvé original que l'histoire se centre sur un personnage bisexuel car la bisexualité en littérature me semble moins exploitée que l'homosexualité qu'elle soit masculine ou féminine, d'autant plus qu'ici, l'auteur évoque les difficultés spécifiques inhérentes à la bisexualité. Ainsi Bill résume tout en disant qu'il n'est accepté ni par le milieu hétéro ni par le milieu homo. Partout il est un étranger. On le suit dans son parcours, de l'adolescence à l'âge mûr. On traverse les décennies et l'évolution des moeurs avec lui. On tremble et on pleure en silence devant l'apparition et les ravages du SIDA (les descriptions sont dures, mais justes il me semble, pudiques dans le sens où on ne tombe pas dans le pathos).



Je pense qu'il faut quand même une certaine ouverture d'esprit pour lire ce livre, Bill a des rapports sexuels avec des hommes, avec des femmes, avec des transexuels aussi. Rien de graveleux pourtant, l'auteur va droit au but, loin d'une ambiance pornographique: on est dans la description de la vie tout simplement. Par contre, il y a des relents d'inceste aussi, ce qui m'a mis mal à l'aise (était-ce utile?), sans parler de la famille de Bill qui compte un nombre incroyable de gays, lesbiennes et travestis (là c'était un rien exagéré, je trouve, niveau quantité au m2 dans la même famille, mais qui sait, c'est peut-être plausible, je n'en sais rien). Ca c'était pour les côtés que j'ai moins appréciés.

Gros point positif: outre qu'on suit le héros sur une très longue période (ce que j'apprécie beaucoup quand j'aime un personnage) j'ai adoré la somme de livres qu'on cite dans l'histoire. Oui oui, en plus des pièces de théâtre! A moi seul bien des personnages est un livre très riche en matière de références culturelles. En début d'adolescence, le beau-père du héros l'accompagne à la bibliothèque pour l'y inscrire. Par la suite, Miss Frost, la bibliothécaire, lui conseillera des livres en fonction des ses interrogations, de ce qu'il vit.... il trouve alors des réponses à ses questions et se découvre à travers les romans qu'il dévore. Cet aspect de l'histoire résonne en moi comme un écho, souvent au cours de ma vie, le bon livre a atterri dans mes mains au bon moment et je pense m'être construite et me construire encore au gré de mes nombreuses et diverses lectures.

Ce livre terminé, j'ai juste envie de me plonger à nouveau dans un des romans de John Irving! Mais non mais non, pas tout de suite, j'ai une PAL à vider!

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