Le légiste : Je dis que le but de toute loi humaine est la paix et la justice entre les hommes de chaque nation et la défense contre les ennemis étrangers.
Le philosophe : Mais qu’est-ce que la justice ?
Le légiste : La justice, c’est donner à chacun ce qui est à lui.
Le philosophe : La définition est bonne et elle est pourtant d’Aristote. Quelle est la définition sur laquelle on s’accorde comme sur un principe dans la science du common law ?
Le légiste : La même que celle d’Aristote.
Le philosophe : Vous voyez, vous, légistes, comme vous êtes redevable au philosophe et ce n’est que raison car la science la plus générale et la plus noble et la loi du monde entier est la vraie philosophie dont le common law d’Angleterre n’est qu’une très petite partie.
Le légiste : Vu que tous les juges de toutes les cours doivent juger selon l’équité, qui est la loi de la raison, une cour distincte d’équité ne me semble pas nécessaire et n’est qu’une charge pour le peuple puisque le common law et l’équité sont la même loi.
Le philosophe : Il en serait en vérité ainsi si les juges ne pouvaient pas se tromper mais, puisqu’ils se trompent et que le roi n’est pas tenu par une autre loi que la loi d’équité, il lui appartient seul d’apporter un remède à ceux qui, par ignorance ou à cause de la corruption d’un juge, souffriront un préjudice.