Malbouffe, polluants, additifs... Tout ce qu'on nous fait avaler

J'appréhendais cette lecture... Une ... juriste (??) qui nous parle de malbouffe, d'additifs, de santé, de polluants... hum... Tout le monde s'en mêle... m'étais-je dit. Et quand on s'en mêle, on finit par s'emmêler...

OK Céline Hess-Halpern a saisi la question de la malbouffe par son extrémité la plus dramatique, en commençant sa carrière d'avocate par la Vache Folle et ses victimes. C'est dire qu'elle a vu, de manière prégnante, les effets mortels, délétères, de ce que nous pouvons avaler.

Mais, nouveau truc difficile à avaler, elle entend nous fournir un ... guide... rien de moins. On aurait pu se contenter de mémoires de prétoires, d'anecdotes croustillantes sur l'industrie agro-alimentaire. Non, elle nous parle de chimie, de certifications, de physique, de nutrition, de diététique, de bio...

Et surprise... tout cela, elle le fait plutôt bien. C'est structuré de manière adéquate, pédagogique sans simplisme, c'est d'un bon niveau de vulgarisation tout en alimentant le propos de références venant des meilleures revues scientifiques.

Bien sûr... Céline Hess-Halpern instruit à charge. Elle est convaincue et entreprend de nous convaincre. Personnellement, je l'étais avant de la lire, mais j'aime que le discours (même s'ils abondent dans mon sens) ne soient pas trop dogmatiques. Et, sur ce plan, c'est assez réussi.

La première partie aborde les graisses, le sucre, les vitamines; les fibres, les laitages, les boissons... et fait le point sur les connaissances. La deuxième creuse plus profond dans les trucs vraiment toxiques, pesticides, OGM, dioxines, additifs, métaux... C'est raisonné, mais forcément alarmiste. La troisième section traite des cuissons, des emballages et des ustensiles, dont le Teflon ou le silicone par exemple qui ont envahi nos cuisines... Car si on nous encourage à cuisiner nous-mêmes, il faut bien avouer que, en toute innocence, nous amenons le danger dans nos assiettes nous-mêmes, sans avoir besoins que Ducros se décarcasse... La quatrième section taille un (petit) costume aux labels et au bio.

Pas d'angélisme chez Céline Hess-Halpern.

Ells clôt par 10 conseils simple, rapides et pas contraignants.

Qu'en penser... l'auteure n'évite pas les paradoxes alimentaires... Elle place par exemple la truite fumée au rang des "bons" poissons (gras, riche en oméga-3) apprès avoir signalé que le fumage est souvent cancérigène... Elle montre que les abats (rognons, foie) sont à considérer comme viande maigre, tout en signalant quelques pages plus tard, qu'ils concentrent les métaux (lourds, souvent), vu qu'ils servent de filtre. Elle signale l'intérêt du bio, pour finir par exprimer certains doutes sur certains logos et certaines certifications. Néanmoins, elle ne laisse pas la moindre ambiguïté sur le sujet. Si on souhaite, en tant que consommateur (et en tant que parent, dimension primordiale) le moins de produits nocifs dans sa nourriture... le bio est l'unique solution. Sinon, et le prix est souvent dissuasif, il ne nous reste que la solution de jongler avec les produits offrant le moins d'additifs... en croisant les doigts...

Plus que tout, elle évite de se positionner en gourou. Nous sommes consomm-acteurs, nous posons des choix et elle nous renseigne sur leur impact. Et son expérience en matière de procès liés à la bouffe et à l'agro-alimentaire transparaît souvent, sans qu'elle en fasse étalage.

C'est souvent bien vu, avec des encadrés clairs qui résument les informations disséminées un peu partout. Cela permet de se faire un bonne opinion. Même si on ne suit pas ses conseils, on ne pourra pas dire que l'on ne savait pas... Un consommateur informé en vaut deux.

Cet ouvrage est édifiant mais légèrement (hum hum, l'euphémisme) déprimant. SI l'on est content d'en savoir plus sur "ce qu'on nous fait avaler", la pilule a du mal à passer. Et pour cause : que manger lorsqu'on a lu ce livre ? le chapitre le plus dérangeant concerne les additifs. Qu'il est difficile d'y échapper ! On en trouve partout !

Malgré tout, le but de ce livre n'est pas de nous déprimer mais de nous livrer certaines astuces, non pour éviter totalement le danger (cela semble difficile, vu l'omniprésence des trucs qui craignent dans notre nourriture) mais pour varier notre alimentation de manière intelligente, en prenant en compte notre santé, mais aussi l'environnement et le bien-être des animaux. Il a le mérite d'interroger le lecteur, de l'inviter à réfléchir.

En bref, soyons acteur de notre consommation, et non plus le pigeon !