Comme souvent, c'est le titre, L'objet technique en scène, qui a attiré mon attention. La photo de couverture montre une jeune femme de dos ; elle observe voler un drone. Les questions se bousculent : est-ce le drone qui se trouve mis en scène, est-il seulement un faire-valoir, interagit-il avec celle qu'il survole... ? le plus simple est d'ouvrir le livre pour en savoir plus.
Ce petit bouquin, qui tient dans un sac à main, est dense et fourmille d'informations. Il trace et traque l'objet technique en scène, rappelant que c'est avec l'émergence de la mise en scène, au tournant des IXIeme et XXeme siècles que l'accessoire acquiert le statut d'objet et devient acteur à part entière de l'histoire. On y apprend que l'ancêtre de l'objet technique en scène largement utilisé est le phonographe, puis, dans une moindre mesure, le téléphone.
Aujourd'hui, le drone est-il encore un accessoire ? Dans l'exemple donné, il entre en interaction avec la jeune femme, qui danse avec lui. Même guidé, il demeure autonome, sa course étant déviée par les amplitudes thermiques. Il devient ainsi un « oeil-caméra » ou un « oiseau caméra ». Belles allégories pour un objet technique.
Il est Impossible de résumer le propos de ce livre qui ouvre le champ des questions et des possibles. Chacun selon ses intérêts trouvera matière à se documenter, à rêver, ou à réinventer l'espace scénique, comme artiste, technicien, ou simple spectateur.
Un excellent livre. Merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions l'Entretemps pour cette belle découverte.
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Il s'agit ici d'un ouvrage cordonnée par deux universitaires, spécialistes du théâtre ; celles-ci, dans une introduction assez longue, définissent d'abord les contours de cet objet technique en scène : « il s'agit d'un objet préhensible par l'acteur – à la différence de l'élément scénographique- ni trop lourd, ni trop grand mais suffisamment maniable pour rester dans cette sphère intermédiaire entre costumes et décors ». Puis différents articles vont restituer l'histoire de certains objets techniques comme le phonographe, ou encore montrer comment certains objets techniques actuels ( téléphone portable, ordinateur, drones...) peuvent être utilisés par des metteurs en scène, afin de les faire sortir de leur fonctionnalité habituelle, trop souvent bien peu spectaculaire et de les utiliser comme des éléments féconds de dramaturgie. « Il s'agit de montrer que l'usage de l'objet technique en scène est un détournement dont le propre est de réfléchir la relation qu'il engage avec son utilisateur , c'est à dire, in fine, nous, spectateurs ». Certes, l'enjeu peut paraître majeur, comme l'affirment les auteures, s'appuyant sur Brecht qui prônait la nécessité d'un « théâtre de l'âge scientifique », mais le champ d'étude de ce livre est cependant restreint et ne s'appuie que sur des spectacles dont l'audience a pu être assez confidentielle.
L'ensemble est dense, il nécessite un certain nombre de prérequis, comme en témoignent les nombreux renvois de bas de pages et il est peu attrayant sur le plan visuel à cause du format de poche et de photos de mises en scène exclusivement en noir et blanc.Par conséquent, cet ouvrage , à mon sens, est surtout intéressant pour des spécialistes.
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Ensuite parce que le drone n'est pas un adjuvant à la dramaturgie mais un acteur à part entière qui bouge librement semble-t-il, même s'il est commandé. Il filme dans les trois dimensions de l'espace sans axe prévalent, il donne son point de vue sur la scène et les présences en acte. Le drone au théâtre se comporte davantage comme un performeur artistique qui joue sa partie.
La "machine-drone" permet des points de vue inédits, un jeu nouveau avec le corps : le drone est une machine commandée à distance que ne voit pas toujours celui qui le manipule, c'est un objet technique qui n'est plus forcément en lien physique avec celui qui le manipule.
Les drones sont partout, dans les espaces de surveillances, de guerre, de survie, mais aussi au cinéma, et parfois au théâtre, sur les plateaux, comme nous allons le voir, ou au cœur même des dramaturgies.
Grâce à des archives sonores exceptionnelles, la série Entendre le théâtre explore en 7 épisodes l'évolution des sons et des voix qui ont marqué le théâtre français du 20e siècle.Gérard Philipe, symbole de toute une génération, fait l'objet du premier épisode de la série : disparu tragiquement en pleine gloire, à 37 ans, il a marqué le théâtre et le cinéma des années 1950. Julia Gros de Gasquet, comédienne et maîtresse de conférences à l'Institut d'Études Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle, ravive le souvenir théâtral de cet immense comédien français à travers les enregistrements des pièces dans lesquelles il a joué.La série Entendre le théâtre accompagne le lancement du site pédagogique http://classes.bnf.fr/echo/ fruit d'un partenariat entre le CNRS, le département des Arts du spectacle et le service des Éditions Multimédias de la BnF.
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