Etes-vous déjà entrés dans une église baroque ?
C'est un éblouissement, une sensation d'oppression esthétique, une abondance d'ors et d'ornementations.
Le premier ahurissement passé, votre raison vous souffle que c'est trop, beaucoup trop.
C'est un peu l'impression qu'il me reste après la lecture de «
Falaise des fous » de
Patrick Grainville.
Rien n'y manque de ce qui furent les événements majeurs des années 1860 aux années dites folles, justement.
Tout y est, et décrit avec une abondance de détails et malheureusement de poncifs.
Monet passe par Etretat, puis Courbet, puis encore Monet. Tiens
Maupassant et dans un bordel ! Sans blague !!
Puis ce sont les prussiens farouches, un peu de Monet, l'incendie du Bazar de la Charité (où bien sûr, on marchait sur les femmes pour sortir).
Proust (un peu quand même), l'Amérique et le Titanic avec son orchestre submersible et ses nobles sacrifices, les premières voitures (qui vont fièrement à 20km/h), avions... Dreyfus (surtout ne pas oublier Dreyfus et le traitre Esthérazy et
Zola et Picquart) et c'est 14-18 (bien redire la dégueulasserie des tranchées, en remettre une couche sur l'horreur et les gueules cassées)…
Plus de 600 pages serrées pour assommer sous l'ampleur de la fresque et convaincre de son talent laissé en roue libre.
Et rien, rien sur le paradoxe Monet par exemple. Cet être bourru, solide comme une falaise, imperméable au temps, symbole vivant des forces chthoniennes et qui pourtant peint les brumes, les brouillards, les eaux et les lacs, le vent dans les hautes herbes.
Impression… Respiration vers la simplicité, la clarté après avoir repoussé la porte de l'église. Impression… mais d'être passé à côté d'un grand sujet.