Ce volumineux roman embrasse presque soixante ans de l'art normand. Notre narrateur vit à Etretat et nous raconte sa vie et surtout ses rencontres amoureuses et artistiques. Entre Mathilde, la parisienne plus vieille avec qui il vécut une longue aventure plus ou moins tolérée par le mari et Anna, la fille dudit mari, avec qui il vécut une autre aventure qui lui valut les foudres du père, il nous parle de ces artistes qu'il a rencontrés ou dont il entend parler dans cette période qui va de 1868 à 1927.
Ce roman est une déclaration d'amour à ma Normandie ou plutôt à celle de Monet,
De Maupassant et de
Flaubert. On y croise nombre d'artistes qui ont écrit sur et séjourné en Normandie. C'est aussi le reflet d'une époque riche en événements. Grainville réussit un acte littéraire difficile, décrire l'acte de peindre et le résultat. C'est extrêmement précis et documenté sur l'époque et les histoires de coeur, si on peut les appeler ainsi car le narrateur y parle surtout de sexe, en délicatesse et me semble-t'il, surtout par pudeur, ajoutent un soupçon d'âme à ce qui aurait pu n'être qu'une démonstration. La plume de Grainville, que je découvre avec ce roman, est agréable à lire. C'est un roman qui demande d'avoir du temps devant soi et que je recommanderais sans nul doute lors d'un séjour à Etretat. C'est tout de même très dense et certains s'y perdront sans doute. Il faut à mon avis, deux conditions pour aimer ce roman, aimer la Normandie et la peinture.