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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour pallier tout manque si d'aventure la Covid nous faisait la mauvaise blague de nous obliger à un nouveau repli sur soi , j'approvisionne abondamment ma PAL ces derniers temps . Parmi mes dernières "prises" , un premier roman , " Rade amère " de Ronan Gouezec... Une couverture "inquiétante " , une quatrième de couverture alléchante et ...me voici parti ...en Bretagne ...C'est le soir , il pleut et tout ce que l'on peut faire , c'est se laisser tenter par un repas dans un des nombreux estaminets qui bordent le port ...Poussons la por......Le bruit , la lumière, les cris , les rires gras , vulgaires , la fumée , l'odeur âcre de transpiration , les regards simplement curieux , ou mauvais ou lubriques s'abattent sur vous , vous absorbent , vous traînent sans aucune pitié....Jour de grande marée, vous y êtes dans la tourmente , vous n'en sortirez plus avant de tourner la dernière page , c'est trop tard , ouvrir cette porte a scellé votre destin et celui de Brieuc et Caroff , deux hommes qui ne se connaissent pas , n'ont aucune raison de se rencontrer mais qui poursuivent une même chimère , se reconstruire et prendre " un nouveau départ " .Pour eux deux , l'espoir est à portée de mains mais l'océan et les " marées humaines " sont des adversaires redoutables . La quête a un prix et la note risque d'être " salée " .
Ce roman , à n'en point douter , est un roman noir , un vrai . Un de ces romans où espoir et malheur semblent liés et les noeuds de la corde sont serrés.
L'histoire , en elle - même n'est pas exceptionnelle , assez convenue et sans grand envolée. Non , pour le fond , pas d'emballement . On ne s'ennuie pas , certes , mais il manque un petit " je ne sais quoi " qui aurait pu ....Que les lecteurs sont exigeants , c'est incroyable....
L'atmosphère, par contre , est pesante en permanence , ce qui , vous le reconnaîtrez, est tout de même un élément essentiel dans " un roman noir " .L'auteur possède une " belle plume " et son style nous accroche , nous ramène sans cesse vers cette masse grondante comme l'océan , hurlante comme les hommes avec un petit éclair d'espoir , l'amitié entre Caroff et Toni ...c'est bien peu et , pour le pardon , il faudrait .....
Un bon roman pour les amateurs du genre mais....munissez - vous de l'imper , du ciré, des bottes car ça décoiffe....Avec , en plus , le masque , le flacon de gel , vous êtes parés. Bienvenue à Brest et " attachez vos ceintures " , ça va tanguer ....
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Comme d'habitude le ciel dégringole sur Brest.
Il est de ces nuits où parfois "il y pleut la mer" !
"Rade amère" est un roman de Ronan Gouézec, paru en 2018 dans la collection "Rouergue Noir".
C'est un roman policier, un roman à l'ambiance moite et poisseuse où l'on ne découvre que petit à petit les ressorts d'intrigue.
Ronan Gouézec ne distille qu'au compte-goutte, et très adroitement, les éléments de mise en place de son récit.
Ce qui ne veut pas dire qu'on s'y ennuie.
Deux histoires y sont menées en parallèle.
Caroff est un pêcheur qui a merdé, qui subit les assauts de la mer, du banquier et d'une bande de malfrats avec lesquels il a eu tort de s'accoquiner.
Brieuc, lui au contraire, a eu l'idée qu'il fallait avoir eue d'ouvrir un service de taxi à travers la grande rade.
L'heure prévue d'abordage entre les deux hommes et leurs embarcations a été calculée pile au vingtième chapitre de manière à embrayer sur un épilogue implacable et inaccoutumé.
Ronan Gouézec a écrit là un véritable Western maritime, un roman dur et nerveux, un récit cependant que les faiblesses des personnages viennent remplir d'humanité.
Les liens qui se tissent n'ont de prime abord aucune évidence mais finalement viennent étoffer un récit riche en rebondissements.
"Rade amère" un roman policier, l'élément maritime n'y étant introduit qu'en guise de décor.
A aucun moment la vie des pêcheurs n'y est décrite, ni envisagée.
Une seule chose est sûre, c'est qu'il est difficile de tenir debout sur un pont secoué par la mer, et lessivé par pas ses vagues !
Le style d'écriture de Ronan Gouézec est très particulier.
Il sent la pluie qui alourdit le caban, il est plein de remugles de sueur et de bière, plein de bruits de luttes et de murmures d'espérances.
On est loin de la carte postale, ce récit est une plongée dans la Bretagne des barbares !
Tout changement de décor mis à part, ce livre m'a fait penser à "la Horse" de Michel Lambesc, et avec un peu moins de raisons à "Canicule" de Jean Vautrin.
Il est à signaler que "Rade amère" n'a rien à voir avec ces livres policiers locaux dont les titres à tiroirs ont envahi quelques étagères de libraires, des rayons entiers de l'épicerie dite culturelle, les boîtes à livres de nos quartiers et quelques-unes des caisses des brocanteurs les moins bibliophiles.
Ce roman policier a du sang dans les veines, une véritable nervosité et un rythme heurté.
En un autre temps, cela lui aurait sans nul doute ouvert les portes de quelque belle et noire collections, sans code barre bien entendu ... Une belle réussite pour un premier roman !
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Rade amère, c'est le titre de ce premier roman de Ronan Gouézec, publié aux Éditions du Rouergue et que j'ai lu dans le cadre de la sélection du prix Cezam 2019.
Rade amère est un roman noir, un roman d'atmosphère, battu par les vents du large et les pluies cinglantes qui viennent parfois gifler les visages d'ici.
Je vous parle d'ici car c'est près de ce paysage que je vis, au bord de cette rade immense, la rade de Brest, à la fois ouverte et fermée, ouverte vers l'océan plus large que le ciel et l'horizon, elle est en même temps fermée, refermée dans un réceptacle où les vagues basculent et se bousculent dans une étreinte insoluble.
Rade amère, c'est le lieu où se déroule ce roman sombre et profondément humain. Dans ce roman, la mer est un personnage à part entière.
C'est ici que j'habite depuis 1994, ce paysage est mon quotidien et je vous invite à monter à bord de ce très beau roman avec une immense subjectivité totalement assumée.
Je n'ai pas le pied marin, c'est ici aussi que j'ai failli me noyer il y a 25 ans en tombant à l'eau depuis un petit catamaran avec une mer de force 6. Je n'ai eu la vie sauve que grâce à un véliplanchiste qui passait par là par hasard... Mais je continue d'aimer à toutes forces cet océan, que je tiens désormais à distance, en préférant les chemins côtiers qui le bordent de part en part.
Aujourd'hui, comme dans les pages de ce roman, c'est le ciel lourd et humide de l'hiver qui est au rendez-vous, c'est un fragment de Bretagne maritime qui vient dans la bourrasque et les embruns des mots que je vous écrits.
Nous entrons de plein pied dans l'itinéraire chaotique de deux hommes qui ne se connaissent pas et qui ont cependant un point commun, cet océan, le goulet, cette rade immense qui va depuis le port de Camaret jusqu'à Brest, en passant par la pointe des Espagnols.
C'est un homme à la dérive qui nous accueille. Il s'appelle Caroff, « un nom qui sonne comme un aboiement ou un raclement de gorge ». C'est un pêcheur, désormais rejeté par les siens. Par imprudence, il a pris un jour la mer alors qu'il ne le fallait pas, la mer était démontée, tout le monde lui disait de ne pas y aller, il n'a écouté personne et cela a couté la vie d'un matelot de seize ans qui était à bord. Depuis il traîne sur les quais, rejetés par les siens, pour autant aimé par sa femme Marie et sa fille Gaëlle, les aimant plus que tout, ces êtres étant toute sa vie. Il est à la dérive et veut refaire surface.
Tout près de là, allant d'une rive à l'autre, un autre homme tente aussi à sa manière de se reconstruire. C'est Brieuc, il est en train de mettre en place une activité de taxi maritime entre Camaret et Brest.
Caroff reprend goût au ciel qui vient comme un rebond, à la faveur d'une étrange affaire dans laquelle il se laisse embarquer. Mais a-t-il encore le choix ?
Brieuc, lui, tend les bras vers une femme pour l'aider à embarquer dans une vie qui se reconstruit sur la crête des vagues. Elle s'appelle Babeth. Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous et c'est le premier rendez-vous merveilleux et improbable qu'offre ce roman.
Caroff lui aussi tente de se reconstruire, renouant avec ce bateau qui porte la poisse. Dans cette affaire sordide, on l'affuble de deux « gamins » issus des quartiers périphériques de Brest et qui paraissent totalement atypiques au monde marin. L'un s'appelle Toni alias 180 et l'autre Yann. Drôle d'équipage pour aller pêcher au large d'étranges colis qui n'ont rien à voir avec le genre halieutique.
Mais Caroff a un coeur immense, comme la rade qui est là sous ses yeux, prêt à l'emporter au plus près des tangages et des rêves éperdus.
Le fait-il pour lui ? Pour elles, c'est-à-dire ses vies, Marie, Gaëlle ?
Il est vrai qu'il aimerait tant que Marie continue à le regarder comme un homme nouveau.
Et puis, leur fille Gaëlle, c'est comme un petit miracle qui les maintient tous les deux à flot.
Dans le même temps, Brieuc et Babeth accompagnent un vieil homme et sa femme jusqu'au bord de leur vie ultime. C'est beau.
Ces deux hommes, Caroff et Brieuc, peu à peu reprennent, chacun à leur manière, leur vie en main.
Le savent-ils déjà, qu'ils vont bientôt entrer dans une zone dangereuse et violente ? Comment ressent-on que le destin construit un chemin en nous, quelque chose qui nous entraîne dans la douleur des flots ?
Au large, c'est le rail d'Ouessant, "là où les cargos se suivent et se croisent comme des camions sur une autoroute".
On peut naviguer sans arrêt dans cette rade immense et amère. "C'est le même endroit, la même zone de navigation et pourtant rien n'est jamais pareil". La lumière du ciel n'est jamais la même.
Caroff devient comme un père pour Toni, il se métamorphose.
Il y a comme une fraternité qui se dégage des personnages. Une immense fraternité.
Cette rade de Brest, c'est comme le réceptacle de leurs dernières illusions.
Il y a comme une impatience à embarquer, à aller au bout de l'horizon, à peut-être chavirer dans l'envers du décor sans savoir si c'est le vide ou le ciel qui nous attend de l'autre côté des vagues.
Ecrire que l'océan est ici un personnage à part entière, c'est peut-être faire injure aux autres personnages de ce roman.
Disons qu'il en le révélateur, il les met en relief, en action comme une forme de tragédie presque à huis clos.
Le huis clos, c'est cette rade de Brest et son goulet, qui en déterminent le contour géographique.
Mais si l'océan prend autant de place dans le récit, c'est peut-être aussi au détriment de l'intrigue qui en souffre un peu. Après tout ce n'est pas bien grave, tant les personnages sont ciselés avec justesse et sensibilité.
J'ai aimé ce roman, j'ai hâte de rencontrer son auteur dans le cadre du prix Cezam 2019 pour le lui dire, il est invité par la bibliothèque de Plougastel-Daoulas le 29 mars prochain.
Au final, n'est-ce pas toujours la mer qui a le dernier mot ? La mer, et ses plis sinueux, ses méandres, sa douleur et ses chimères.
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Ah, comme j'aime les romans noirs bien noirs, battus par les vents violents de l'océan et une bonne pluie glaçante qui vous saisit les os ! Pas beaucoup d'éclaircies dans ce récit bien sombre qui met en scène Jos Brieuc (oui, ça se passe en Bretagne!), un ancien libraire divorcé qui s'est lancé dans une entreprise de taxi maritime. Un bon gars qui ne va pas très bien depuis que sa femme l'a quitté et qui aimerait bien se sortir de sa solitude et de sa vie de galère… Il a réinvesti tout son argent dans l'achat d'un bateau et il compte transporter les gens autour de la rade de Brest, vers Camaret ou la pointe du Conquet. Une remise à flot qui semble plutôt partir du bon pied. J'ai dit « qui semble »…
Et puis, il y a Caroff, un ancien pêcheur qui, il y a de ça quelques années, a voulu à tout prix sortir en mer alors que le temps était menaçant. le jeune matelot de seize ans qui l'accompagnait est mort et depuis, tout le monde lui en veut de sa folle imprudence. Il vit dans un pauvre mobil-home posé sur un terrain vague avec sa femme et sa fille, ses seuls bonheurs de l'existence. Sans boulot, sans bateau, ça sent le fiasco et l'avenir lui paraît bien compromis, alors quand on lui propose de tremper dans une magouille qui rapporte - des colis à récupérer en mer -, il a beau vouloir refuser, il se dit que c'est peut-être l'unique chance qui lui permettra de partir avec sa femme et sa fille en Irlande et de couper avec cette vie pourrie dont il ne veut plus.
Deux hommes, deux destins qui n'auraient jamais dû se rencontrer...
Ce que j'ai trouvé vraiment très réussi dans ce roman, c'est la description des lieux, l'atmosphère  : on sent que l'auteur connaît la Bretagne et sait de quoi il parle. La pluie, les nuages sont omniprésents (seuls ceux qui ne sont pas du coin semblent d'ailleurs en souffrir - « en Bretagne, il pleut que sur les cons » aiment rappeler mes collègues bretons), le vent du large ne décoiffe pas que les Bigoudens, son souffle hurle la nuit, se faufile dans les moindres recoins. Tout craque, tout vibre, croule sous les rafales. Une bourrasque en appelle une autre. Il n'y a jamais aucun répit, à peine une accalmie. C'est bien sombre, bien pesant et, en même temps, magnifique, comme une peinture dans les tons gris et noir. Les contrastes de lumière sont saisissants, quasi cinématographiques. Et l'on entend l'océan gronder dans le lointain… Tous les sens sont en alerte...
Une vraie plongée dans l'atmosphère bretonne donc, l'hiver bien sûr, parce que l'été...
J'ai beaucoup aimé aussi, malgré toute la noirceur de ce texte, l'humour : je vous en donne un exemple. le gars chargé de transmettre les infos du boss auprès de Caroff est un homme du Sud, alors la Bretagne n'est pas vraiment son truc et c'est en ces termes qu'il en cause : « Des marées noires, des oiseaux crevés, des tempêtes… Il avait du mal à croire vraiment que des gens veuillent aller passer des vacances là-bas… Ou alors, il fallait être anglais ou belge... allemand à la rigueur... » ou bien « Bon, la Bretagne donc… Des plages désertes forcément, tellement il gèle, des crabes et des cirés jaunes un peu partout, des bonnets, des crêpes, des coiffes, misère… Il paraît qu'ils sont saouls toute la sainte journée... » Ça me fait rire parce que c'est exactement la façon dont les gens du Sud voient la Bretagne… Autre exemple, dans un autre domaine, assez marrant : notre Caroff se voit imposer deux loubards d'une cité brestoise qui n'ont pas franchement le pied marin, espèces de clichés ambulants, survêt' et chaînes dorées au cou, dont la description est à mourir de rire. Alors, il faut en profiter parce que pour le reste, encore une fois, l'atmosphère est comme le ciel : bien plombée. On met les pieds dans quelque chose qui ressemble à une tragédie. Ah, le destin des hommes parfois...
Dernier point pour finir de vous convaincre, l'écriture est magnifique (et ce n'est pas toujours le cas dans les romans policiers...). Espérons que l'auteur, dont c'est le premier roman, sera de nouveau inspiré par ses « vagabondages côtiers » comme le dit la 4e de couv' parce que des comme ça, on en redemande !
Une très belle réussite donc !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Brieuc, Caroff, la rade de Brest et le Sud qui s'invite sur cette pointe bretonne sous de funestes auspices.

Un hiver breton dégoulinant d'humidité. Petite parenthèse bretonne : pour faire mentir tous les clichés ce n'est pas systématique !

Joss Brieuc vient de pénétrer dans l'univers bruyant et surchauffé d'un bar-restaurant brestois. Dehors, des bourrasques de vent charrient des pluies collantes gorgées d'iode et de sel. Il rumine sa solitude et s'apprête à entamer le lendemain une reconversion professionnelle en s'installant comme bateau-taxi autour de la rade.
Caroff a tragiquement perdu en mer son tout jeune matelot. Rejeté violemment par son entourage, il se terre dans un misérable mobil-home. Pour offrir à sa femme et sa petite puce un plus bel avenir, il fait le choix hasardeux de tremper dans un dangereux trafic proposé par une crapule du Sud.

L'auteur déroule ce roman noir en nous guidant tout au long d'une succession de scènes très imagées. Scènes de bar, de navigation, de zone portuaire ou de port de plaisance, d'amitié ou de vie de famille écorchée, de déchaînements météorologiques, de balade venteuse sur l'île de Sein, de violence…
Il exploite à merveille les préjugés de certaines personnes du Sud vis-à-vis de la Bretagne avec des clichés criants de vérité.
L'écriture est surprenante. Jurons, langage familier contemporain et phrases descriptives travaillées et poétiques se côtoient en un mélange détonant et vivant qui finalement colle parfaitement aux différentes ambiances rencontrées.

C'est un premier roman prometteur qui, bien au-delà de l'intrigue qui est prévisible, m'a surtout plu dans la perception des différentes atmosphères. Entre les masses d'eau de la mer d'Iroise et celles déversées par un ciel aux différentes variations de gris, le chaos tempétueux s'installe dans cette rade amère.
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Caroff et Jos sont les personnages dont le lecteur fait connaissance petit à petit. L'auteur passe de l'un à l'autre et on ne voit pas où il veut en venir.

Il faudra  patienter jusqu'au dernier quart du livre pour le savoir.

J'avoue qu'il a fallu que je m'accroche un peu pendant la lecture de ce roman sombre. J'ai d'ailleurs bien fait car au fil des pages j'ai appris à connaître les personnages et j'avais envie de savoir où l'auteur allait les emmener. 

Dans ce roman je n'ai pas retrouvé la Bretagne que je connais mais une Bretagne sombre et morose. 

Heureusement quelques petites lueurs apparaissent dans les relations entre certains des personnages de cette histoire.

C'est donc un roman noir mais qui m'aura valu un fou-rire avec ma soeur quand je lui ai résumé le roman...
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Nous voici en terre bretonne, et même au bout du bout du Finistère, pour ce roman situé à Brest. Laissez de côté les enclos paroissiaux, la dentelle de pierre des clochers, les plages balayées de soleil, Ronan Gouézec nous propose un autre embarquement, sur un vaisseau fantôme, le Marie-Gaëlle, un fileyeur maudit depuis la mort en mer de son mousse de seize ans. Après cette tragédie, le patron du bateau, Caroff, est marqué du sceau de l'infamie par toute la communauté des gens de mer. Désespéré, il est prêt à tout pour sauver sa famille de la misère, réarmer le navire et retrouver une place parmi ses congénères. Quant à Jos Brieuc, autre laissé-pour-compte, il se sent également prêt pour un nouveau départ après un divorce et des rêves de transat engloutis avec sa librairie. Il démarre son activité de bateau-taxi avec l'espoir de vivre enfin en paix avec lui-même.
Mais, en mer, les coups de tabac sont sans merci et les pirates aussi. L'intrigue, lestée de toute la fatalité collée aux perdants, étend ses tentacules mortifères pour frapper les faux espoirs.
Âpreté, brutalité, désespérance, Ronan Gouézec écrit avec beaucoup de style un roman noir qui ne fait aucune concession à la rédemption, sinon au travers de la mort.
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C'est un bonheur chaque fois renouvelé que d'entendre les bretons parler de leur pays, de ces bouts de terroir entre terre et mer, un peu au bout du monde, et nous rappeler combien on l'aime nous aussi cette Bretagne !

Ici, les personnages naviguent entre Brest, Camaret et le Faou. Ils s'aventurent au-delà de la baie de Douarnenez, à proximité de l'île de Sein et des grandes voies de circulation en mer d'Iroise. L'auteur prend un plaisir visible à nous parler de la Bretagne, même sous la pluie, de l'océan, de la force et de la beauté des éléments, de la nature. Nous sommes ici loin de la Bretagne des cartes postales. Nous naviguons entre la rade de Brest, celle des dockers et des marins pêcheurs, celle des troquets où les hommes viennent se réchauffer au retour de pêche, où les esprits s'échauffent et où l'alcool avive les rancoeurs. L'auteur nous fait découvrir une Bretagne authentique, celle qui façonne des tempéraments solides et tourmentés. Dans cet environnement plein de caractère, nous rencontrons deux personnages à la personnalité également bien trempée : Jos Brieuc et Caroff. Tous deux sont à un tournant de leur vie et font des choix qui amèneront leurs routes à se croiser, au coeur de la tourmente.

Ronan Gouézec dépeint avec beaucoup d'émotion et d'âpreté le pays qui est le sien et dresse de très beaux portraits d'hommes. Son écriture offre également un grand plaisir au lecteur. Dès les premiers mots, les premières phrases, les premières pages, j'ai su que j'allais dévorer ce livre. Que j'allais aimer cet univers rude et plein de caractère. La plume de Ronan Gouézec est précise, élégante et généreuse. C'est un vrai régal.

[…]
Ce premier roman, paru en avril 2018, est une vraie réussite.
Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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Je continue à lire les romans et albums BD que j'arrive à piocher en bibliothèque dans le cadre du Prix Cezam 2019… répertoriés en fin de billet [clic ici]. Et il est très agréable de découvrir ainsi de nouveaux romanciers. Ainsi, Rade amère, premier roman de Ronan Gouézec, et dont j'ai aimé tout de suite l'écriture, rude, et dans laquelle on entend presque le vent marin souffler. L'ambiance est posée dès le départ. L'action se déroule à Brest. le lecteur suit deux hommes qui n'ont rien en commun, mis à part l'obligation présente de réinventer leur vie. Caroff ne navigue plus en mer, suite à un drame passé qui a bouleversé sa vie. Avec sa femme et leur fille, ils habitent dans un mobil-home installé sur un terrain vague. Mais le voici en passe d'accepter un marché fou, quoique illégal, qui va lui redonner confiance en lui. La rencontre qu'il fait avec un des voyous qu'on lui assigne, Toni, appelé 180 (comme le sandwich de chez Mc Do), va être en ce sens déterminante. Jos Brieuc, lui, vient de s'installer comme taxi des mers. Fraîchement divorcé, terriblement seul, un peu désarçonné par sa nouvelle situation et tous les changements qu'il met en oeuvre, il fait la jolie rencontre d'un couple de personnes âgés et d'une femme. Ces trois personnes vont peu à peu atteindre et ouvrir son coeur. Mais le destin est moqueur, ou capricieux, et la rencontre improbable de ces deux hommes en pleine reconstruction sera forcément orageuse… Il est peu de dire que j'ai beaucoup aimé l'ambiance maritime de ce roman, absolument bien décrite et rafraîchissante. Les portraits psychologiques des personnages sont également bien amenés et on s'attache énormément à Caroff, homme à la fois blessé, fort et sensible. La narration tend vers un dénouement globalement positif, malgré la présence en arrière plan d'un gang mafieux, déterminé à arriver à ses fins, j'ai donc été assez surprise de me faire cueillir par une fin que j'ai trouvée pour le coup assez excessive et plus dans la lignée de films comme Kingsman ou Pulp Fiction. Cela dit, c'est un livre que je conseille aux amoureux de Brest et à tous ceux qui souhaitent découvrir de nouvelles plumes de talent. Ronan Gouézec est sans conteste un auteur à suivre de près !
Lien : https://leslecturesdantigone..
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RADE AMERE de Ronan Gouézec
Très inhabituel pour moi, j'ai lu un polar. Un roman noir qui n'aurait jamais pu me rencontrer, sans les conseils avisés d'un lecteur que j'apprécie et que je remercie.
Je me suis sentie tout de suite dans la touffeur, oppressante, cuisante un poil effrayante, et bruyante d'un port Breton.
La "domination" de l'histoire m'a écrasée.
De ce premier livre de l'auteur, j'ai apprécié toutes les graines à germer, tout le vocabulaire éclatant et ample, de cette plume magnifique que j'aimerai lire dans un autre genre littéraire,
Un personnage cabossé, crevassé, fracturé, à cran et au bout de tout, qui mettra tout en oeuvre pour s'en sortir dans les somptueux paysages de la Bretagne de l'auteur, à l'atmosphère si particulière où c'est toujours l'hiver où tout craque dans ces noirs pesants et sombres.
Les mots de l'auteur qui se glissent dans les moindres craquelures de ces âmes déchirées par des douleurs enfermées dans leurs poitrines, comme autant de cercueils qu'ils transportent tout le temps... font de ce roman intense et Finistérien, un fresque sociologique qui nous laisse sans repos. On peut regretter cependant la belle histoire d'amitié pas très creusee mais se réjouir du caractère ( des) Brestois plus vrai que nature(pour autant qu'un fille du Sud puisse en juger) et de l'évocation si parfaite des bistrots de Brest et de l'île de Sein.
Dans ce roman noir cousu de plusieurs romans : roman d'amitié et d'amour, comparses troubles et complexes j'entrevois des suites que je demanderai volontiers à Ronan Gouézec autour d'une bolée ou deux...
La fin quelque peu "debridee" ne donne pas une note apaisée, mais denote peut être de la pratique de l'ellipse littéraire par l'auteur qui a passé sous silence ce qu'il a voulu faire découvrir aux lecteurs et qu'il rétablit en bloc a la fin.
Cependant, l'humour de l'auteur, dans une peinture des hommes du Sud et de leurs clichés, différents des Bretons forcément, saouls du matin au soir, qui ne peuvent imaginer qu'on puisse rêver de Bretagne pour les vacances, dans ces plages désertes, ont bien fait rire la femme du Sud qui n'attend qu'une semaine pour s'y échapper...
Malgré la noirceur, je vous le recommande pour l'écriture de Ronan Gouézec publié aux Éditions Rouergue noir.
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