Ce n'était pas vraiment un cadeau que de recevoir ce livre. Direction bas de pile. Impossible. Trop étroit. Donc sur le côté.
J'avais bien entendu parler de ce curé tout de cuir sanglé, bardé de pin's ou de badges comme le plus loubard des loubards. Venu en Belgique pour tutoyer Roi et Princes, Reine et Princesses… le bon peuple a le cul par terre. Mais avec Laurent, fils d'Albert, on a toujours eu beaucoup d'amusement, le petit a toujours été un rebelle. Mais sortir ce joker, le jour de son mariage, c'était la meilleure blague belge de la décennie.
Bah, dans la famille, le bon roi fait de la moto, le fils peut-être, alors pourquoi ne pas inviter le curé d'un club français ?
Voilà déjà deux jours que j'ai reçu le livre et le curé ne me quitte pas des yeux.
Sacrebleu, que me veut-il ce curé ?
Avec ce regard… qui m'attire.
C'est quoi encore le titre de ce bouquin ? Je le retourne et redécouvre la couverture. Ah oui. «
Jésus, un regard d'amour ». Eh bien, on tourne en rond autour du pot.
J'ouvre au hasard et tombe sur le quatrième chapitre : « Jésus part en fugue ». Ah, me dis-je, le suspense commence bien et me voilà à la recherche du gamin.
Et c'est parti… après quelques dizaines de pages, je décide de stopper et de recommencer depuis le début. « Sur les pas du vagabond de l'amour ».
Surprenant. Depuis des semaines, tous les médias font écho de discussions concernant l'enseignement dans les écoles, la laïcité, le port du voile, la longueur des bretelles des slips de bain… Ils ne cessent de nous rabâcher que des études vont être faites pour tenter de trouver une solution à la manière de vivre ensemble… bla bla bla… bla bla bla.
Et ce Guy me raconte une première histoire, une seconde, et ne voilà-t-il pas que le gaillard m'apprend à écouter, m'apprend à entendre, tout en me parlant de tout et de rien. Seulement de la vie de tous les jours. Des problèmes mais aussi des joies de tous les jours.
Oh, il n'hésitera pas à rosser copieusement un plus lourd que lui, à croiser le regard dur et hargneux du visage défiguré par la haine de celui qui vient de mordre la poussière. Il surprendra, l'espace d'un instant, dans les yeux humides du terrassé, une réflexion, une extraordinaire part de cristal…
Monsieur Gilbert, l'ami Guy, je viens de passer quelques heures à vous découvrir et je n'ai pas perdu mon temps. Vous n'avez pas attendu pour être, faire ou devenir un Charlie… un effet de mode qui s'estompe déjà. Vous n'êtes pas un feu follet.
Vous êtes et vous faites. Vous savez écouter et comprendre. Vous êtes un homme bon.
C'est de cette trempe d'homme que la société a besoin, Monsieur.
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