Chaque jour, Grégory apprend.
Mais demeurent les questions sans réponse qui tournoient sans cesse dans sa tête.
Comment peut-on faire subir de telles atrocités à un être vivant, un être humain ?
Qu'a-t-on subi soi-même pour avoir oubliés l'empathie, la compassion ?
La pitié.
Pourquoi certains hommes ont-ils perdu toute trace d'humanité ?
Si on creusait en eux comme on creuse la terre à la recherche d'une civilisation engloutie, trouvrait-on quelque reste d'altruime ou de bonté ? Trouverait-on l'innocence d'un enfant ou l'amour d'une mère ?
On succombe à une quantité massive de poison, mais on peut y résister lorsqu'il est instillé à petites doses. On peut survivre un moment.
Comment peut-on faire subir de telles atrocités à un être vivant, un être humain ?
Qu'a-t-on subi soi-même pour avoir oublié l'empathie, la compassion ?
La pitié.
Pourquoi certains hommes ont-ils perdu toute trace d'humanité ?
(Gregory, infirmier humanitaire à Grozny s’occupe d’Anton, 6 ans)
Gregory demeure auprès d’Anton. Le jeune garçon lui montre son cahier de dessins, ses pinceaux usés et ses petits godets de peinture. En tournant les pages, Grégory découvre l’horreur.
Pas une fleur, un soleil ou un arbre.
Seulement des fusils, des bombes, des flammes et des cadavres d’hommes et d’animaux.
Et dans les yeux d’Anton, une peur viscérale.
Les amitiés de jeunesse peuvent être magnifiques. Elles peuvent aussi s'avérer tragiques.
Partout dans le monde, la même violence, la même terreur, la même horreur.
Mêmes cris, mêmes larmes.
Mêmes rêves détruits, mêmes vies brisées. Partout sur le globe, la cruauté des hommes, leur imagination fertile mise au service de la souffrance et de la mort.
L'arbre occidental ne cesse de prospérer, plongeant de plus en plus profondément ses racines dans le sang de l'Afrique.
Pour la première fois, voir de ses propres yeux les blessures causées par une machette, une hache, un fusil d'assaut ou une mine.
La guerre, la vraie, dans toute son horreur.
On peut tout tenter pour l'étouffer, le passé ressurgira toujours.
Pour nous blesser, parfois nous achever.
Ils admirent les étoiles qui scintillent au-dessus de la chaîne montagneuse la plus haute du globe. Se rendent-elles compte, depuis leur piédestal, que le monde des humains va si mal ? Ou sont-ils trop minuscules pour que l'univers fasse attention à eux ? Des fourmis qui s'entretuent pour un morceau de territoire, un accès à l'eau ou à la nourriture.
Des insectes qui se battent contre la furie de la nature.