Le dernier été du siècle

"Pas dur d'être courageux devant les ruines d'une vie brisée qui n'est pas la vôtre
Et les ombres de personnes que vous n'avez pas connues"

L'habitude est mauvaise conseillère. SI on fait toujours les choses d'une certaine façon, on pense que c'est la seule possible.

Elle cherchait des paroles utiles parce que s'occuper d'un enfant, c'est aussi cela : ne pas mentir, mais forger de l'espoir, même quand on n'en voit pas.

"Pour un auteur, la vie c'est comme le cochon: tout est bon, il n'y a rien à jeter."

Maman ne m'avait jamais beaucoup parlé de sa famille. Je n'avais pas connu mes grands-parents parce qu'ils étaient morts. Enfin, je le croyais. Si l'un de vos parents ne vous parle jamais de son père ou de sa mère, si vous ne recevez jamais à Noël ou à votre anniversaire d'enveloppe avec des sous ou de colis par la poste, vous ne pouvez vous empêcher de tenir pour acquis que la personne en question, dont on ne parle pas et n'envoie pas de cadeau est morte. Et vu la réticence manifeste de maman à parler d'elle-même et la force granitique de ce refus, j'avais toujours évité de poser des questions.

Dans un rien, les enfants trouvent tout et, dans tout, les hommes ne trouvent rien.

Pour blesser une dignité, un regard, un mot suffisent.

Elle dit : Tu portes en toi quelque chose de sombre. Moi, je veux la lumière.

J'ignorais tout cela et maintenant encore, des univers entiers de possibilités me sont inconnus. Impossible de prévoir ce que chaque jour a en germe. Je ne sais quels jours de lumière l'avenir nous réserve.

Je n'ai jamais été douée pour les adieux. J'ai tendance à m'attarder sur le seuil, à traînasser par crainte de ne pas avoir tout dit, à répéter l'adieu, puis à me repasser la scène, mes gestes, mes paroles et à rougir de honte d'avoir cédé à mes émotions. Je préfère l'arrachement aux séparations en douceur, la fuite nocturne, une lettre qu'on glisse sous la porte, la poignée de main virile et efficace qui signifie mais oui, on ne va pas en faire tout un plat, d'ailleurs on finira bien par se revoir, nom de nom, pour regretter mon choix tout de suite après, sûr d'avoir semblé impoli.