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Journal (Maurice Garçon) tome 1 sur 2
EAN : 9782251453385
736 pages
Les Belles Lettres (16/09/2022)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Maurice Garçon (1889-1967) fut l’un des plus grands avocats de son temps. De 1912 à sa mort, il a consigné les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l’acteur.

Il vient de prêter serment quand il commence ce journal, loin d’imaginer qu’il va devenir monumental. Il s’agit, dit-il, de « simples notes » au fil de la plume, jamais retouchées. Petites scènes, portraits, encore un peu scolaires. Et bien vite, il trouve son style, celui d’... >Voir plus
Que lire après Journal (1912-1939)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Aux lecteurs qui avaient eu le bonheur de goûter la lecture du Journal 1939-1945 de Maurice Garçon (Fayard, 2015), Pascal Fouché et Pascale Froment ont offert sept ans plus tard 700 pages de joie supplémentaire : l'édition des années qui ont précédé, à savoir Le Journal 1912-1939. Avant de dire quelques mots de ce texte passionnant, il faut rappeler brièvement qui fut Maurice Garçon : né en 1889 et mort en 1967, fils d'un éminent professeur de droit, il hésitait entre devenir écrivain et avocat, carrière qu'il embrassa finalement en 1911. Son goût pour l'écriture l'a conduit à signer des pièces de théâtre, une multiplicité d'essais (sur le droit, mais aussi le spiritisme), des biographies, des récits d'affaires criminelles ; il sera reçu à l'Académie française en 1947. Maurice Garçon, outre qu'il s'est illustré plusieurs reprises dans les procès d'assises, sera aussi l'avocat du tout-Paris littéraire et mondain, ami de Pauvert et défenseur de Simenon, entre autres.
Le personnage est fascinant, atypique, parfois paradoxal : s'il a laissé l'image d'un homme brillant, arrogant et honni de ses confrères – le Journal le révèle au reste candidat malheureux au bâtonnat –, il se révèle aussi probe, modéré, scrupuleusement honnête, amoureux de la campagne, pudique et travailleur acharné. le jeune homme de 23 qui commence à écrire ne sait pas exactement dans quoi il s'engage. « Ce ne sont pas des mémoires. C'est trop tôt. Ce n'est pas un journal. Je ne vois pas assez de choses. Et ce ne sont pas non plus des pensées. Je ne suis pas assez sûr de moi. Ce sont des notes, des notes dont je veux me souvenir et que seul peut-être j'aurai du plaisir à relire…. » (29 février 19123) Cette constance, il l'aura, quoique entrecoupée de longues interruptions : le mois de janvier est souvent l'occasion de déplorer des trimestres, voire une année entière sans écrire. Car, les années passant, la réputation s'installe et l'avocat est débordé par le travail.

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Lien : https://autobiosphere.wordpr..
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Première partie de la. Biographie, deuxième volume à paraître , les débuts comme avocat et l évolution de l homme.
Dans ce document se lit l évolution de la société pendant cette période, d une guerre a l aurtre.. et particulièrement celle de la. condition féminine, la prostitution omniprésente avant guerre, la misère pendant la guerre, l émancipation pour certaines après guerre.
On connaît par ailleur l'étonnement et le dégoût des poilus revenant en permission devant l indifférence de l arrière , j ignorais les reserves, les reproches des civils et l oubli rapide des horreurs.
Enfin, les grands scandales, Stavisky et autres scandales politiques, avant, pendant, après guerre, vus du Palais...aux premières loges !
Un livre très intéressant
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Octobre 1918

Depuis quelques mois on parlait d'un mal sans danger et dont on riait parce qu'il venait d'Espagne: c'était la grippe espagnole ! Quelques jours de fièvre, disait-on, un bon rhume et c'est fini.
Le mal s'est transformé. Il est dû à un bacille inconnu. On en meurt en six jours. On cesse d'en rire et on exagère en sens contraire.
On parle de choléra. On raconte que les cadavres sont noirs. On dit que le gouvernement cache des choses horribles. C'est inexact mais ce qui est vrai, c'est que la grippe se transforme en pneumonie et que c'est rapidement la mort sans phrases (...).
Et chacun croit posséder le moyen préventif ou défensif (...). On voit des gens qui n'entrent point dans le métro sans se tenir devant la bouche un mouchoir imprégné d'une drogue d'odeur infecte. D'autres se remplissent le nez de vaseline au menthol. Et l'on n'échappe pas aux conseils de l'entourage...
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4 janvier 1936
Je ne suis témoin que de lâchetés et je n’arrive pas à ne pas m’en émouvoir. Naguère, terminant un assez gros livre sur la justice, j’ai conclu qu’un regard porté en arrière sur soixante ans donnait une impression réconfortante1. Comment ai-je pu écrire cela ? Je le pensais en écrivant. J’étais aveuglé. Les magistrats sont vraiment de pusillanimes pantins, au moins ceux de Paris qui ont employé toutes les ruses et toutes les bassesses pour leur avancement et qui cèdent à tous les remous du pouvoir et de l’opinion publique. Tristes gens ! Chaque jour, j’en recueille des exemples plus malodorants. Depuis vingt-cinq ans que je suis au Palais, je souffre de mon inégalité en face de mes confrères parlementaires. Jusqu’à l’an dernier, il suffisait d’être député pour faire la loi à ces domestiques. Ils obéissaient platement à toutes les influences, étaient accessibles à tout ce qui pouvait, même lointainement, appartenir au gouvernement ou pouvoir y appartenir un jour. Il n’est pas de dossier de magistrat qui ne contienne des recommandations politiques. Lorsqu’un juge ou un procureur bénéficie d’un avancement rapide, ses collègues ne disaient pas qu’il avait du talent mais qu’il jouissait de puissantes protections. Ils n’étaient pas vénaux mais assoiffés de décorations et d’avancement. J’aurais mieux aimé qu’ils sollicitent de l’argent. Au moins on aurait connu le tarif. Un procureur de Paris n’était jamais si heureux que d’être l’obligé d’un ancien garde des Sceaux susceptible de le redevenir. Il le raccompagnait à la porte de son cabinet avec des courbettes. – Trop heureux de vous être agréable, mon cher ministre… Vous pouvez compter sur moi… Et on libérait des coupables, on n’incarcérait pas les gens recommandés, on laissait dormir les affaires les plus graves, on étouffait les scandales. Les mêmes, d’ailleurs, étaient impitoyables avec les petits, flanquaient des années de prison à de pauvres gueux sans amis. Une honte. (...) Mais par contre, malheur à ceux qu’on ne craint pas. On les arrête, on les condamne. S’ils font appel, on double la dose et l’on est fier d’une férocité qui n’est que bassesse.
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Décembre 1923
On a fait au Grand Palais une exposition des sciences physiques47. C’est la première du genre et il a fallu la vague actuelle de la téléphonie sans fil pour réunir les capitaux nécessaires à cette considérable exposition. J’y ai éprouvé une impression étourdissante. On a réuni là toutes les merveilleuses découvertes de l’acoustique, de l’optique, de l’électricité. L’esprit s’effare et s’épouvante devant l’ingéniosité des hommes à utiliser les forces de la nature. J’admire mais je n’aime pas ces découvertes surprenantes qui, chacune, créent de nouveaux besoins, et j’ai peur surtout parce que j’ai vu la guerre, que je la déteste et que j’ai revu dans tous ces comptoirs que tout est disposé pour l’organisation de la guerre prochaine qui sera plus terrible encore, plus scientifique et industrielle. L’humanité est folle en vérité. On dirait qu’elle a grande hâte à se détruire, à détruire tout autour d’elle. Elle regarde devant elle et très loin, refuse de se reposer et s’exténue dans un délire sacré où elle croit se grandir et où elle se tue.
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Il est entendu que les spectacles parisiens sont les meilleurs du monde et l’on ne peut sortir de là. Les critiques se croiraient des paysans s’ils disaient autrement. Et tout pour ces pauvres gens tourne autour du théâtre. Rien ne leur paraît plus important et plus digne d’intéresser la majorité des hommes. Ils ne vivent que pour cela, savent le nom de tous les cabotins et cabotines, applaudissent avec une science consommée de leur métier. Ils sont d’une érudition étonnante sur le théâtre contemporain. Ils ont tout vu depuis dix ans, connaissent les petites histoires, se les répètent et se congratulent. Parfois, lorsqu’on en prend un à part et qu’on lui dit tout bas : – Qu’est-ce que vous pensez de cette pièce ? Ils lèvent les yeux au ciel avec accablement. Pour un fugitif instant, ils paraissent reconnaître qu’ils s’ennuient mais voyant passer un complice de chaque soir, ils lui serrent les deux mains et s’écrient : – Quelle pièce charmante ! Ils sont écœurants et vains.
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Or, il se produisit ce phénomène singulier qu’à mesure que s’éloignait celui qui n’avait pas salué La Marseillaise, son voisin le hurleur trouvait des épithètes plus malsonnantes. Ce fut d’abord « sale type » et puis « infect personnage », ensuite « salaud », enfin « cochon ». Il gesticulait maintenant et, lorsque l’autre fut hors de vue, il s’écria encore avant de s’asseoir : – C’est moi qui t’aurais sorti si tu ne l’avais pas fait tout seul… Ah, tu ne me fais pas peur !… Et il s’assit enfin avec le sentiment du devoir accompli. J’avais assisté à toute la scène sans mot dire et je n’ai pu m’empêcher de croire que ce Français trop criard, et qui avait cherché à déchaîner contre un malheureux qui n’était probablement qu’un imbécile toute une salle furieuse, n’était au fond qu’un incroyable lâche.
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Videos de Maurice Garçon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Garçon
En librairie le 16 septembre 2022 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251453385/journal-1912-1939.
Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps. de 1912 à sa mort, il a consigné les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l'acteur.
Il vient de prêter serment quand il commence ce journal, loin d'imaginer qu'il va devenir monumental. Il s'agit, dit-il, de « simples notes » au fil de la plume, jamais retouchées. Petites scènes, portraits, encore un peu scolaires. Et bien vite, il trouve son style, celui d'un exceptionnel observateur.
Les premiers temps sont rudes, bouleversés par la Grande Guerre. Réformé, il souffre d'être considéré comme un planqué mais, devant les conseils de guerre, il apprend le métier.
Et quand il ne travaille pas, il décrit l'atmosphère qui s'alourdit. Jusqu'à l'armistice qu'il « couvre » comme un reporter. Il en a l'oeil et se débrouille pour être partout où il se passe quelque chose, comme plus tard, au Bourget, à l'arrivée de Charles Lindbergh.
Familier des estaminets du Quartier latin, il rencontre des artistes, des auteurs qu'il se fera une spécialité de défendre. Et les clients affluent, l'obligeant parfois à négliger son journal.
Entre plaidoiries de routine et intérêts de Coco Chanel, il parvient à courir les premières et, plus inattendu, à satisfaire sa curiosité pour le paranormal.
Les scandales des années 1930 lui donnent matière à réflexion, penché sur un dossier proche de l'affaire Stavisky. Son mépris de la corruption des confrères députés, présidents du Conseil passés et futurs, s'épanche, sans parler de ses colères à l'encontre des magistrats.
Maurice Garçon mord mais n'est pas lui-même à l'abri des préjugés racistes et antisémites. Il ouvre les yeux à Berlin, peu après la Nuit de Cristal, alors qu'il va représenter la famille du diplomate assassiné par Herschel Grynszpan. La guerre, à nouveau, sera bientôt là.
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